Pourquoi fallait-il que Jésus soit « 100% Dieu et 100% homme » ?
La doctrine chrétienne historique est, n’en déplaise à certains détracteurs, profondément trinitaire et dyophysite. Vous connaissiez sans doute le premier terme, probablement pas le second. Le dyophysisme est la position christologique (doctrine de Christ) adoptée au concile de Chalcédoine, en 451 ap. J.C.. Elle affirme un seul Christ reconnu en deux natures (divine et humaine), sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation.
Et justement, l’une de nos chères lectrices, Shirley, m’a récemment posé la question suivante : pourquoi fallait-il que Jésus soit, pour reprendre la formule populaire, 100% homme et 100% Dieu ? Mandimby Ranaivoarisoa a déjà répondu à cette question sur LBC en rapportant un extrait des enseignements d’Anselme à ce sujet (voir ici). Mais il faut reconnaître que l’article est un peu technique et le langage médiéval difficilement accessible aux non initiés.
Par conséquent, pour mon amie Shirley et pour vous tous, j’ai pris la décision de retracer ici les trois principaux arguments d’Anselme de la manière la plus simple possible.
1- À cause de l’incarnation
La Bible décrit décrit l’incarnation comme le résultat de l’abaissement, de l’humiliation de Dieu, comme Paul le souligne magistralement en Philippiens 2.6-8 :
2- À cause de l’expiation
3- Parce que c’était la seule possibilité
- Les natures divine et humaine ne peuvent pas s’alterner. Cela signifierait en effet qu’il y aurait des moments où Christ ne serait pas Dieu, et d’autres où il ne serait pas homme. De plus, puisque Christ n’est qu’une seule personne, cela impliquerait que ce qui est divin pourrait devenir humain, et que ce qui est humain pourrait devenir divin. Or, nous l’avons-vu, Dieu ne peut varier ou changer en quoi que ce soit, encore moins s’abaisser pour revêtir une autre nature que la sienne (c’est ce que nous appelons « impassibilité » plus haut). De même, la nature humaine ne peut se revêtir de la divinité : c’est tout bonnement impossible. Cette hypothèse n’est donc pas acceptable.
– - Les natures divine et humaine ne peuvent pas non plus être mélangées ou amalgamées. Si c’était le cas, le résultat produit serait une tierce nature, qui ne serait alors ni vraiment homme, ni vraiment Dieu. Là encore, cette option paraît peu probable
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Dans les deux cas, ces solutions ne peuvent parvenir à l’oeuvre attendue de Christ : accomplir la satisfaction. En effet, nous l’avons vu, il faut que cette satisfaction soit à la fois accomplie par l’homme et par Dieu : Dieu seul ne peut la faire, car il n’a pas de dette à payer, et l’homme seul ne peut la faire, car il ne peut satisfaire au prix de l’offense. Par conséquent, il n’y a qu’un être parfaitement Dieu et parfaitement homme qui puisse l’accomplir.
Et Anselme de conclure :
« Puisqu’il est nécessaire que le Dieu-homme préserve l’intégralité de chaque nature, il est aussi nécessaire que ces deux natures soient unies entièrement en une seule personne, de la même manière qu’un corps et une âme raisonnable coexistent en chaque être humain; autrement il serait impossible que le même être soit véritablement Dieu et véritablement homme »
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Ainsi, il fallait que Christ soit « 100% Dieu et 100% homme » pour nous sauver et nous acquérir la vie éternelle.
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