La foi chrétienne doit-elle être corroborée par la science ?

Dans un commentaire récent sur un article en faveur de l’évolution scientifique, une personne a fait la remarque suivante :

« Donc quand je dis que la révélation biblique doit s’interpréter à l’aune de la révélation naturelle, cela signifie que notre réseau conceptuel avec lequel nous lisons la Bible doit être le plus près possible des vérités scientifiques, mises en place par Dieu ».

 

Une telle affirmation est dangereuse car, au delà de proposer l’expression « vérité scientifique » (rendant ainsi les sciences comme sources de vérité (sans aucune spécification!), l’auteur de ce commentaire insinue que notre compréhension biblique se doit d’être modelée, et remodelée, et remodelée au grès de l’émergence des théories scientifiques qui « essayent » d’expliquer des données bruts. En fait, il est intéressant de noter que la position évolutionniste soit obligée de faire appel aux exégèses les plus improbables pour justifier leur argumentation (comme le fait que la « mort » en Rom 5:12–21 ne signifie que « mort spirituelle », voir cet article).

Il y a là quatre problèmes fondamentaux qui expriment une certaine naïveté intellectuelle de la part des chrétiens évolutionnistes.

 

Problème n°1 : Croire que la science est une sorte de magistère monolithique qui se veut être la simple description des faits bruts

Une telle vision nous oblige clairement à voir la science comme une source descriptive infaillible de la réalité (d’où l’usage du terme « vérité » dans le commentaire ci-dessus), et dans une telle optique il existera toujours une collision frontale avec la Bible, à l’image du débat actuel entre chrétiens évolutionnistes et créationnistes. Mais si les scientifiques évolutionnistes chrétiens faisaient preuve d’un peu plus d’humilité intellectuelle, et mettaient de côté l’enjeu de la « respectabilité » et de la « reconnaissance académique », ils se devraient au minimum de reconnaître que les théories scientifiques données sont le fruit d’une démarche à la fois inductive et interprétative.

Ils mettent de côté tout l’aspect de la « méthode » scientifique. Ainsi, par définition, la science ne peut jamais être reconnue comme une « norme fixe » en tant que telle (comme la Bible), car seule la Parole de Dieu se réclame comme la « norme qui ne peut être normée ». De fait, il n’ y a pas de tension entre science et foi, et cela même pour des créationniste comme moi, car les domaines de recherches liés à l’évolution sont plein de contradictions et de remises en questions qui expriment clairement cette part subjective à l’interprétation inhérente à la science (voir cet excellent article).

Voici une citation assez intéressante qui souligne cette problématique :

« Les gens en général, bien qu’on leur enseigne certains des plus grossiers et des plus anciens résultats de la science, ont toujours eu peu ou pas de compréhension de ce qu’est réellement la science en tant que méthode. Cette ignorance a été perpétuée par tout l’enseignement primaire, secondaire, et même par l’importante partie de l’enseignement universitaire qui ne constitue pas une préparation à la recherche: la science y est enseignée dogmatiquement, comme une vérité révélée. Aussi, le pouvoir du mot «science» sur l’esprit du grand public est-il d’essence quasi mystique et certainement irrationnelle. La science est, pour le grand public et même pour beaucoup de scientifiques, comme une magie noire, et son autorité est à la fois indiscutable et incompréhensible. Ceci rend compte de certaines des caractéristiques du scientisme comme religion. »
(LÉVY-LEBLOND, Jean-Marc & JAUBERT, Alain (1975) (Auto)critique de la science, p.41) »

 

 

Problème n°2 : La question fondamentale au cœur de ce débat est la question exégétique et herméneutique »

Et là, je parle d’une exegése et une herméneutique responsables qui se soumettent aux critères bibliques d’innérance, de suffisance et de normativité présents dans les textes tels que 2 Tim 3:16, 1 Pierre 1:21 etc … : C’est à dire une démarche interprétative qui va essayer de comprendre ce que les auteurs ont dit dans leur contexte, et non pas ce qu’ils pensaient.

C’est une erreur d’essayer de comprendre ce que Paul pensait ! Ce sont les textes Bibliques qui sont le produit fini de cette oeuvre « d’inspiration » au sein de laquelle le Saint-Esprit a œuvré par le biais d’agents humains. Ainsi, une exegése authentique essaiera de comprendre ce que la Bible dit et non pas ce que Paul « pensait » lorsqu’il écrivait ses lettres. Toute approche reconstructionniste est certes intéressante et peut être utile dans les recherches linguistiques, mais néanmoins ce sont les « textes » qui seront normatifs pour nous et non pas les « pensées » où les « conceptions supposées» des auteurs.

C’est pour cela que les approches interprétatives telles que celle de Thomas Schreiner, Dougals Moo (voir leur commentaires) sont importantes, car elles respectent ce statut des écritures.

 

 

Problème n°3 : Il est dangereux de dire qu’il n’y a pas de contradiction entre « théologie naturelle » et « théologie révélée » : il faut pour cela bien définir les termes avant toutes choses.

Car le fait est qu’il y a, par exemple, une claire opposition et contradiction entre les mécanismes de reproduction sexuée et la naissance de Jésus (J’en profite, c’est noël). Il est scientifiquement impossible que Jésus eut été conçu dans le sein d’une mère « vierge ». Il est scientifiquement impossible que Lazare eut été ressuscité (ou même Jésus). Nos connaissances scientifiques actuelles nous interdisent de « croire » à ces deux événements qui sont pourtant clairement attestés dans les écritures. Alors certains diront que c’est différent car c’est de l’ordre du miracle….mais Quelle catégorie devons-nous donner au Dieu qui crée et qui appelle les choses alors qu’elles ne sont pas ?

 

 

Problème n°4 : L’orgueil…

La manifestation d’un certain orgueil intellectuel qui oublie si facilement que (1) notre intelligence est limitée et non exhaustive, et (2) que notre intelligence (et cela aussi pour les scientifiques chrétiens) est toujours « handicapée » par l’effet noétique du péché. C’est à dire que nos processus de réflexions et d’acquisition de la connaissance sont toujours « biaisés » par le péché et c’est pour cela que Paul demande en Éphésiens 4:23 que Dieu « renouvelle » l’intelligence de ses auditeurs, et ce « renouveau » est une oeuvre conjointe de la Parole de Dieu et de l’Esprit de Dieu (Jn 17:17, 2 Tim 3:16).

Bref, il est très clair que le vrai débat Création/évolution dans nos milieux évangéliques ne se joue pas premièrement au niveau de la science (bien que cela soit très pertinent), mais avant tout dans les domaines de exégèse et de l’herméneutique. Et à ce niveau là, la tâche relève de l’impossibilité au niveau de la position évolutionniste…en tout cas, en 2000 ans d’exégèse, il est clair que la position la plus raisonnable est de clairement voir que Adam et Ève sont les progéniteurs de l’ensemble de l’humanité, que la chute est une événement historique, que la mort physique est entrée comme conséquence du péché, que l’homme est une création spéciale de Dieu.

 

 

 

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