Article de Jon English Lee publié le 1er novembre 2018 sur le site de Founders. Traduction : Guillaume Bourin

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Contrairement à ce que certains membres de mon entourage pourraient penser, j’aime les gens. J’adore m’asseoir et regarder les gens interagir. J’aime les écouter raconter des histoires et partager leurs fardeaux.

Cependant, je suis également un introverti. Je sais, il vous parait étrange qu’un introverti soit dans le ministère pastoral, une profession qui exige de parler en public chaque semaine. Cependant, ce ne sont pas tous les introvertis qui trouvent difficile de parler en public. En ce qui me concerne, l’introversion signifie que les activités relationnelles, celles qui sont nécessaires et cruciales pour le ministère pastoral, sont difficiles. Certaines personnes terminent de longues conversations et ont l’impression d’avoir rechargé leurs batteries. Je sors complètement rincé de longues conversations.

Comme j’ai occupé divers postes de responsabilité, j’ai essayé d’examiner la relation entre ma personnalité, mon style de leadership, ma fidélité et mon efficacité. Voici quelques stratégies que j’ai essayé de mettre en œuvre en tant qu’introverti exerçant des responsabilités.

1. Apprenez à vous connaître vous-même

Sachez quels sont vos penchants naturels et vos dons, mais sachez aussi où vous êtes faible. Personnellement, je suis plus à l’aise dans mon bureau que dans la salle de culte. En tant qu’introverti, je pouvais m’asseoir dans mon bureau toute la journée et lire, prier et travailler sur mon ordinateur, et j’en serais plutôt satisfait. Je dois souvent me rappeler que l’isolement n’est pas sain pour le ministère pastoral, et qu’il y a des aspects de mon ministère qui ne peuvent être accomplis par mon étude personnelle.

Je dois faire partie de mon troupeau.

2. Travaillez avec des extravertis quand vous le pouvez

Le ministère pastoral (et le leadership en général) exige d’avoir des interactions et de se mêler, ce qui peut être difficile pour les introvertis. Cependant, l’une des façons par lesquelles j’essaie d’atténuer certaines de ces faiblesses relationnelles est de travailler avec des extravertis quand je le peux. Par exemple, j’emmènerai un stagiaire pastoral ou un diacre extraverti avec moi pour faire des visites à l’hôpital ; ou, j’essaierai d’avoir ma femme extravertie à mes côtés à des fonctions qui exigeront beaucoup d’échanges.

Elle a un don pour la conversation, alors je la laisse me bénir (et bénir les autres !) tout en prenant l’initiative d’intervenir quand je le peux.

3. Planifiez votre temps judicieusement

C’est lié à mon premier point ; pour bien se connaître soi-même, il faut savoir comment planifier son temps au mieux. Assurez-vous que votre horaire prévoit du temps pour la récupération et le repos. Parce que je prêche la plupart des dimanches soirs, je suis généralement épuisé physiquement et émotionnellement le lundi. Par conséquent, j’essaie de planifier surtout le travail administratif le lundi, et de garder les éléments les plus émotionnellement et spirituellement éprouvants du ministère pour plus tard dans la semaine (par exemple, les réunions de suivi de membres).

4. Soyez intentionnel en terme de redevablité

Une stratégie qui a été bonne (bien que parfois difficile) pour moi a été de me rendre redevable auprès d’extravertis. Je rencontre chaque semaine un autre pasteur qui est extraverti, et je l’ai ainsi sollicité. Je veux qu’il s’assure que je travaille à être hospitalier, tant à l’Église qu’à la maison. Il m’aide à comprendre comment mes actions peuvent être perçues par les autres.

Ma femme m’aide aussi dans ce domaine. Elle m’encourage à sortir de ma zone de confort et à mieux aimer les autres en engageant la conversation.

5. Rappellez-vous que ce sont les personnes, et non les listes de tâches, qui sont au coeur du ministère

La plupart des gens ont tendance à s’orienter vers ce qui leur est le plus facile. Ma tentation, en tant qu’introverti à tendance administrative, est de me concentrer sur ce qui me vient naturellement, comme les courriels, les horaires, l’écriture et la lecture. Je peux facilement voir ma liste de choses à faire comme un indicateur de l’efficacité et de la productivité de mon ministère. Je dois constamment me rappeler que le but du ministère est d’aimer les gens. Lorsqu’un visiteur inattendu vient me voir et a besoin de parler, ce visiteur est pour moi une occasion d’aimer et de servir, et non un problème d’horaire à résoudre.

Quand je vais à l’hôpital, je me rappelle que le but n’est pas d’entrer, de lire quelques versets, de prier et de sortir, même si c’est ce que veut faire ma personnalité orientée vers la liste des choses à faire. Le but est d’aimer les brebis en les encourageant par la Parole et la prière, et de chercher à les faire se sentir aimées en les écoutant et en communiquant réellement avec elles.

6. Souvenez-vous de l’Évangile

Rappelez-vous que vous êtes un pécheur, dont l’inclination naturelle est vers vous-même. Mais rappelez-vous aussi que Christ vous a rachetés de l’esclavage du péché d’égoïsme. Christ était prêt à abandonner son trône céleste pour descendre et s’incarner pour moi. Il était prêt à être battu et mis à mort pour mon péché. Il était consumé par l’amour qu’il portait à son Église. Et j’ai reçu son propre Esprit. C’est dans la dépendance à l’Esprit Saint que je peux servir, dans la force du Christ, motivé par l’amour qu’il m’a montré.

Quand j’ai vraiment réfléchi à la grâce et à l’hospitalité qui m’ont été témoignées, je peux trouver la force d’être hospitalier envers les autres le dimanche matin. Quand je vois que le Christ a pris l’initiative de me tendre la main dans l’amour, alors je peux trouver la force d’initier des conversations avec des étrangers. Quand je vois que le Christ a porté un énorme fardeau pour moi, alors je trouve la force de supporter les autres et leurs lourds fardeaux.

En résumé, l’introversion n’est pas nécessairement un péché. Cependant, les personnalités introverties peuvent être tentées de pécher d’une manière particulière. Le leader introverti emprunt de sagesse reconnaîtra ces tentations, prendra des mesures pour éviter d’y succomber, et attendra du Christ la force de bien aimer les autres, en particulier les frères et sœurs extravertis et très relationnels

Jon English est pasteur de l’Église Morningview Baptist Church à Montgomery, Alabama. Il a obtenu un diplôme de premier cycle en microbiologie de l’Université Auburn Montgomery, une master en théologie (Th.M.) et un doctorat (Ph.D.) en théologie systématique et historique (SBTS). Jon English est éditeur pour le Center for Ancient Christian Studies.

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