Comment se repentir de la calomnie, à l’ère du numérique ?

Article de Jay Sklar, professeur d’Ancien Testament à la faculté Covenant Theological Seminary, St Louis, Missouri, USA. Traduction : Elodie Bourin

**

 

Ka-lo-mnie : l’énoncé de fausses accusations ou de fausses déclarations qui portent atteinte à la réputation d’autrui (Dictionnaire Webster)

 Calomnier, c’est jeter de l’acide sur la réputation d’autrui. C’est le marquer de la façon la plus cruelle. Dans un exemple biblique, les calomnies que les gens répandaient visaient en fait à tuer quelqu’un (Ezéchiel 22.9). Cela démontre ce qui est constitue cœur de la calomnie : l’assassinat, sinon de la personne, du moins de son caractère. Il n’est pas étonnant que Jésus ait cité la calomnie au beau milieu des exemples les plus explicites de mal qu’il puisse nommer : « les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. » (Marc 7.21-22). Ce n’est pas non plus une surprise que la calomnie ait une place dans la liste paulinienne de péchés émanant d’un « esprit dépravé » et qui méritent d’être jugés (Rom 1.28-32).

La calomnie est le péché avec un grand P.

Il fut un temps où la calomnie était plus ou moins confinée à une petite communauté puisqu’elle ne pouvait se propager que par le moyen du bouche à oreille. Dans de tels contextes, il était également possible d’y mettre fin rapidement lorsque des membres de ladite communauté intervenaient pour restaurer la vérité.

Mais de nos jours, les choses sont bien différentes. Avec un seul article diffamatoire ou un seul tweet, nous pouvons détruire la réputation de quelqu’un aux yeux de milliers de personnes, le tout en quelques heures seulement. Et parce que nous le faisons dans l’intimité de notre maison, la réprobation de la communauté arrive presque toujours trop tard. Une fois que la cloche de la calomnie a été sonnée, on ne peut plus l’ignorer. Certaines personnes ne regarderont jamais la personne calomniée de la même manière. L’acide de la calomnie les a marqués à jamais…

 

 

Comment se repentir de la calomnie ?

Mais que se passe-t-il si nous avons diffamé quelqu’un publiquement et que nous voulons nous repentir ? A quoi ressemble la vraie repentance ?

Le Seigneur ne nous laisse pas sans instruction à ce sujet, et la réponse provient d’un livre auquel nous n’aurions peut-être pas pensé : le Lévitique. En Lévitique 6.1-7, nous trouvons une loi qui décrit ce qu’une personne doit faire lorsqu’elle est prise à pécher de la sorte contre une autre. Le cas en question implique une personne ayant trompée une autre en usant de mensonge, et la repentance que le Seigneur exige est qu’il avoue son tort (cf. 5,5 et Mt 5,23-24), rembourse ce qu’il a volé, puis ajoute 20% en plus pour les dommages. En d’autres termes, la vraie repentance est caractérisée par trois actions :

  • Reconnaître votre péché et vous repentir auprès de la personne à qui vous avez fait du tort.
  • Corriger les erreurs dans la mesure du possible.
  • Payer des dommages et intérêts en plus.

 

A quoi devrait ressembler ce type de repentance dans un cas de diffamation publique ? Tout d’abord, cela signifie communiquer directement avec la personne que vous avez calomniée, confesser vos torts et demander pardon. Plus nous connaissons directement la personne que nous avons calomniée, plus nous avons l’impératif de la contacter directement et en premier lieu. Si notre victime est dans notre entourage immédiat, elle mérite un coup de téléphone ou une conversation face à face. Dans d’autres cas, par exemple ceux où nous n’avons jamais rencontré la personne, il peut être acceptable d’envoyer un courriel. L’idée, est que le calomniateur se repente sans aucune ambiguïté auprès de la personne qu’il a lésée.

Deuxièmement, nous devons corriger ce tort en remettant les pendules à l’heure aussi publiquement que l’était notre acte calomnieux original. Dans le cas de diffamation sur les réseaux sociaux, cela ne signifie pas simplement supprimer l’article ou le tweet. La suppression doit être suivie d’un post qui restaure la vérité, qui soit diffusé aussi largement que la calomnie initiale, et qui se repente publiquement de la calomnie. Si nous n’agissons pas ainsi, sommes-nous réellement repentis ? La portée de notre repentance publique doit correspondre à la portée de notre péché public.

Troisièmement, nous devons « payer des dommages et intérêts », c’est-à-dire tout faire pour « aller plus loin » afin de corriger le tort. Dans le contexte de la diffamation sur les réseaux sociaux, le dédommagement peut prendre différentes formes. Cela pourrait signifier :

(1) Ecrire plusieurs billets de blog, des posts Facbook, ou des tweets pour aider à restaurer la réputation de la personne que nous avons détruite, en essayant d’atteindre plus de gens avec ces billets corrigés que nous n’en avons atteint avec les diffamatoires.

(2) Passer une année à afficher et à rediffuser sur Twitter le contenu de la page de cette personne ou de ceux qui parlent positivement de cette personne.

(3) Payer littéralement un dédommagement. Notre calomnie a-t-elle, d’une façon ou d’une autre, causé un préjudice financier à une personne ou au ministère qu’elle représente ? Nous devons réfléchir sérieusement à la façon de les indemniser financièrement pour le préjudice financier que nous leur avons causé.

 

Une dernière pensée. La plupart des calomnies que j’ai observées sur les réseaux sociaux se produisent parce que nous pensons qu’une autre personne a péché. Dans de tels contextes, nous publions parfois des commentaires diffamatoires parce que nous avons cru à tort à un faux témoignage et nous l’avons ensuite transmis. À d’autres moments, nous nous rendons compte que notre propre évaluation de la situation était erronée ou que nous étions injustes dans la façon dont nous qualifiions la situation de la personne. Dans les deux cas, notre motivation était souvent d’essayer de mettre un terme au péché. La haine du péché est bien sûr une bonne chose ! Mais le véritable test de notre haine du péché est de savoir si nous nous repentons publiquement de notre propre péché de calomnie publique.

Haissons le péché de la calomnie autant que n’importe quel autre péché.

 

 

Ces ressources pourraient vous intéresser :

 

 

 

Abonnez-vous au Bon Combat

Recevez tous nos nouveaux articles directement sur votre boîte mail ! Garanti sans spam.

Réflexions et ressources d'édification centrées sur Dieu