Comment “restaurer” bibliquement Halloween ?
Cas d’étude : Jésus “déguisé” en Satan ?
On trouve ainsi des passages de l’Ancien Testament (AT) qui sont repris “à l’envers”, avec un sens contraire à l’original. Des descriptions du caractère inégalable de Dieu dans l’AT sont appliquées à Satan afin de ridiculiser les efforts de ce dernier pour tenter d’endosser le rôle de Dieu, étant donné qu’il échouera à coup sûr (par exemple : « Qui est semblable à la Bête ?” en Ap 13.4, reprend le célèbre « Qui est semblable à toi (…), Éternel ? » de Ex 15.11).
De même, des descriptions de personnages maléfiques dans l’AT sont appliquées à Jésus : l’Agneau à sept cornes en Ap 5.6 semble être une reprise du quatrième animal dans la vision de Daniel (7.7-8 et 20-21), qui est est l’adversaire du peuple de Dieu à la fin des temps.
Deux observations étayent l’idée que l’auteur est bien en train de faire un lien conscient entre les deux passages :
- D’abord, Dn 7 est le seul autre endroit dans tout l’AT où un animal est représenté avec sept cornes (dix cornes au v. 7 moins trois cornes au v. 8).
– - Ensuite, les chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse, où l’auteur décrit sa vision, suivent le motif de la vision décrite au 7e chapitre du livre de Daniel (7.9-27). Sa structure unifiée correspond plus à la structure de la vision de Daniel qu’à n’importe quelle autre vision dans l’AT, avec quatorze éléments repris dans le même ordre (ce qui n’empêche pas de très légères variations). Voir à ce sujet l’excellent traitement de G.K. Beale (The Use of Daniel, p. 178-270).
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La restauration d’Halloween : une fête apologétique
Martin Luther, le Réformateur, avait signifié à ses supérieurs ses nombreux points de désaccord avec les pratiques de l’Église, comme la vente d’indulgences (une exploitation des superstitions populaires, selon lui). Quelqu’un aurait ensuite placardé ses fameuses “95 thèses” la nuit du 31 octobre 1517 sur la porte de la chapelle de Wittenberg[1], où de nombreux pèlerins se presseraient dès le lendemain pour aller vénérer des reliques.
Aussi, de nombreux protestants préfèrent fêter la “Fête de la Réformation” plutôt qu’Halloween (trop païen) ou la Toussaint (trop catholique). Ils n’ont pas forcément tort : Halloween est aujourd’hui devenu une fête commerciale, un avatar du festivisme[2], un symbole de la peur et une occasion de jouer de mauvais tours.
Cependant, pour ceux qui veulent saisir l’occasion d’un phénomène culturel pour témoigner de leur foi, comme on pourrait le faire le 8 mai ou le 14 juillet, Halloween offre des possibilités. Si votre motivation est comparable à celle de Martin Luther ou de Paul à Athènes (Ac 17.16), alors votre objectif doit être de faire connaître Dieu dans l’interêt de votre prochain. Voici deux pistes :
- Bénir, car Dieu est bon. La plupart des enfants qui viendront sonner à votre porte ne pensent pas participer à un rituel occulte, et n’ont probablement pas conscience des enjeux culturels et commerciaux. Si donc c’est à eux que vous avez à faire, comment leur communiquer le caractère de notre Dieu ? Par la générosité et la grâce. Car alors même que nous étions rebelles, Dieu a donné son fils unique pour nous… Pourquoi ne pas cuisiner vos meilleures friandises ?
– - Dénoncer le mal, car Dieu est juste. Si vous déguiser à l’occasion d’Halloween ne vous pose pas de problème de conscience et ne risque pas d’en poser à quelqu’un qui vous verra (dans l’esprit de 1 Co 8-10), alors profitez-en pour mettre des costumes subversifs, ou “prophétiques”. Vous êtes censés faire peur, incarner le mal ? Grimez-vous en iPhone pour distraire constamment les gens avec des notifications ; en icône de réseau social pour solliciter leurs informations personnelles ; en publicité pour proposer de leur laver gratuitement le cerveau ; etc.
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Quoi que vous fassiez, soyez créatifs, car Dieu est créateur. Contrairement à ce qu’on imagine souvent, le monstre n’est pas toujours l’agent du mal, il peut être un messager de Dieu… et de nos jours, même les zombies peuvent être prophétiques.
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Notes et références :
[1] Il y a eu des débats sur la réalité de cette anecdote, mais une découverte récente a définitivement appuyé la fiabilité de ce récit.
[2] Expression de Philippe Muray qui désigne la tendance à mener une vie festive et désinhibée, qui n’est qu’une mascarade fusionnant le sérieux et le risible. Cette tendance est ennemie de toute réflexion sérieuse sur la mort (Ec 7.4) et sur la vie.