Le problème de fond des Français n’est pas le jihadisme

Un court commentaire, associé à un article du New York Times traitant des terribles attentats de Paris, est actuellement en train de devenir viral aux États-Unis. Au point que Télérama et d’autres quotidiens français ont décidé de le traduire et de le partager à leur tour.

L’auteur du post, un Californien répondant au pseudo de Blackpoodles (“caniches noirs”), explique pourquoi, à ses yeux, la France vient d’être la cible de terroristes :

 

“La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : la jouissance de la vie ici, sur terre, d’une multitude de manières : une tasse de café qui sent bon, accompagnée d’un croissant, un matin ; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ; l’odeur du pain chaud ; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s’inquiéter des calories, de flirter et de fumer, de faire l’amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n’importe quel livre, d’aller à l’école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des responsables religieux comme des hommes et des femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard : après la mort.
Aucun pays ne profite aussi bien de la vie sur terre que la France.
Paris, on t’aime. Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous le sommes avec toi. Nous savons que tu riras à nouveau, et chantera à nouveau, que tu feras l’amour, et que tu guériras, parce qu’aimer la vie fait partie de ce que tu es. Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elles perdent toujours.”

Et Ludovic Desautez (Télérama) de commenter : “Véritable ode et lettre d’amour à la France, et à ses valeurs, le petit texte […] vous pique les yeux, et vous donne aussi un immense espoir.”

Nul doute que le petit texte m’a piqué les yeux, mais certainement pas pour les mêmes raisons que ce journaliste. Si je revendique les croissants, la bouteille de vin, et le café qui sent bon, je suis effondré à l’idée que la croyance optionnelle en Dieu, le mépris de la pensée religieuse, et la sexualité hors mariage soient élevées au rang de valeurs françaises… :'(

Ces choses que Dieu qualifie de péchés, l’auteur les élève au rang de vertus. 

 

 

Au fond, ce billet salué par l’ensemble du monde occidental ne fait que confirmer mon analyse au soir des attentats : la France est le pays par excellence dans lequel on peut “remettre les angoisses à plus tard : après la mort”. Justement quand il sera trop tard pour y penser…

Le monde entier envie Paris pour sa capacité à “aimer la vie”. La vérité, c’est que mes concitoyens sont spirituellement morts, et qu’ils semblent aimer ça.

Le grand drame de mes compatriotes, ce ne sont pas ces attentats, ce ne sont pas tous ces jihadistes qui les menacent de mort physique. Le grand drame de mes compatriotes, c’est qu’ils prennent plaisir en ce qui sera l’objet de leur mort éternelle… Car le péché est pire que l’enfer.

 

Je ne suis pas sur que ces attentats soient un jugement s’abattant sur la France, et je crois que les chrétiens qui publient ce genre de choses sur les réseaux sociaux seraient bien inspirés de faire preuve d’un peu plus de circonspection.

Ce dont je suis sûr, par contre, c’est que ces attentats sont un électrochoc quant au mode de vie des Français, à commencer par celui des chrétiens nés de nouveau. Il est grand temps qu’au lieu d’aimer la vie “à la française”, nous apprenions à aimer celle qui est cachée avec Christ en Dieu (Col. 3:3) et que nous la fassions connaître à d’autres.

 

GB

 

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Guillaume Bourin est co-fondateur du blog Le Bon Combat et directeur des formations #Transmettre. Docteur en théologie (Ph.D., University of Aberdeen, 2021), il est l'auteur du livre Je répandrai sur vous une eau pure : perspectives bibliques sur la régénération baptismale (2018, Éditions Impact Academia) et a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Guillaume est marié à Elodie et est l'heureux papa de Jules et de Maël