Six manières par lesquelles Dieu sauve les pécheurs

Article de Ligon Duncan, le président de Reformed Theological Seminary, publié sur son blog le 5 juillet 2018. Traduction : Dahlia Faltas.

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Le grand Benjamin B. Warfield a dit un jour que le « calvinisme » (qu’il décrit comme « cette vision de la majesté de Dieu qui envahit toute expérience et toute la vie » et qu’il présente comme un système théologique qui embrasse joyeusement le riche message de la Bible qui réconforte, humilie, exalte Dieu, honore Christ et présente un Dieu souverain en toute chose et dans le salut) peut se résumer en cette courte phrase : « Dieu sauve les pécheurs ».

Dieu. Sauve. Les pécheurs.
Chacune des parties qui composent cette phrase est importante pour la compréhension de ce qu’enseigne la Bible à propos du salut.

  1. Dieu sauve les pécheurs. C’est Dieu qui sauve et non l’homme. Nous ne nous sauvons pas nous-même. Dieu seul a le pouvoir de sauver.
  2. Dieu sauve les pécheurs. Il ne fait pas de nous des personnes potentiellement sauvables. Il ne nous donne pas la capacité de nous sauver nous-même. Il sauve.
  3. Dieu sauve les pécheurs. Il sauve une multitude qu’aucun homme ne peut compter, issus d’une humanité morte dans le péché et en opposition totale à Sa personne et à Son règne souverain. Il sauve des personnes qui un jour le haïssaient, l’ignoraient et lui résistaient. Dans le salut, Dieu n’aide pas ceux qui s’aident eux-mêmes, parce qu’aucun pécheur ne peut s’aider lui-même. Nous ne sommes pas « originellement bons » et dans une position de s’en sortir « avec un peu d’aide de la part de Dieu ». Nous sommes sans espoir de salut en dehors de sa grâce souveraine.

C’est exactement ce que Paul met en avant en Ephésiens 2:8-10. Paul veut que l’on comprenne que c’est Dieu lui-même qui nous a sauvés. Il le formule avec force et insistance :

« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (NEG79).

 

Avez-vous réalisé cela ? En trois petits versets, Paul réussit  à nous dire de six manières différentes que notre salut n’est pas de notre ressort, mais qu’il repose entièrement entièrement sur Dieu.

(1) Premièrement, il accentue le fait que nous sommes sauvés par la grâce de Dieu.
Autrement dit, la cause de notre salut est la faveur de Dieu qui nous sauve gratuitement en dépit de notre péché et du jugement que nous méritons.Remarquez que Paul juxtapose « C’est par la grâce que vous êtes sauvés » avec « cela ne vient pas de vous ».  C’est sa manière de nous dire que notre salut a été acquis par Dieu et non par nous. Paul demande en quelque sorte : « Vous voulez connaître la cause de votre salut ? Eh bien, dit-il, ne regardez pas à vous-même, ne regardez en vous, levez les yeux vers Dieu. Regardez à la faveur imméritée de Dieu envers vous. C’est lui et lui seul qui vous a sauvé, et non pas quelque chose qui viendrait de vous ». Alors que nous ne méritions pas la grâce de Dieu, alors que nous nous sommes même disqualifiés de la communion avec Dieu par notre rébellion, notre insurrection, notre indifférence envers Lui, notre marche selon le monde, la chair et le mal, C’EST À CE MOMENT LÀ que Dieu nous a sauvés par grâce et qu’il nous a offert son pardon.

(2) Deuxièmement, regardons ce qui suit, notre salut a été reçu par la foi. Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi[…] ». Ainsi, le salut n’est pas quelque chose que nous avons atteint par « le faire », c’est quelque chose que nous avons reçu par « le croire ». Ce que Paul souligne ici, c’est la réception passive de quelque chose venant de Dieu. Le salut n’est pas une fleur que nous sommes partis cueillir nous même dans notre jardin. Ce n’est pas une oeuvre que nous avons accomplie par nos propres moyens en travaillant d’arrache-pied. C’est un don que nous avons simplement reçu de Dieu. Notre salut a été acquis par la foi et non obtenu par des actions. En d’autres termes, nous avons été sauvés par le moyen, l’instrument de la foi. Nous avons simplement placé notre confiance en Dieu. Tout ce que nous avons fait, c’est de lever les mains vers le ciel et de dire « Seigneur Dieu, il n’y a rien que je puisse faire. Seigneur je n’apporte rien, Ta croix seule est mon soutien » ». Et c’est alors que nous avons été sauvés.

(3) Troisièmement, comme si cela n’était pas assez clair, Paul poursuit en disant que le salut est un cadeau de Dieu envers nous. Nous devons comprendre le salut comme un cadeau de Dieu, non comme un droit, une obligation ou une récompense de Dieu sur la base de notre performance. Notez la formulation : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu […] ». Le point central de Paul est le suivant : notre salut dans son ensemble est un cadeau que Dieu nous fait –non pas notre cadeau envers nous-même, mais le cadeau de Dieu envers nous ; non pas quelque chose que nous obtenons par droit ou que nous méritons, c’est un don gratuit. Il pose alors la question « Vous voulez savoir comment vous avez obtenu votre salut ? » Et il répond « C’est un cadeau, c’est un don, c’est par la grâce de Dieu ». Nous qui, par grâce, avons cru en Christ, nous devons considérer notre salut comme un don gratuit et libre de la part de Dieu, un don que nous avons simplement reçu par la foi.

(4) Quatrièmement, un point qu’il est très important de nous rappeler : Paul souligne que notre salut n’est en aucun cas le résultat d’œuvres. Comme il le dit, « Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie ». Quelque prétention que ce soit est exclue parce que nos œuvres ne sont pas la cause de notre salut. Notre salut est le résultat du don de Dieu, et non celui de nos œuvres. Paul est en effet en train de dire : « Au fait, au cas où vous n’auriez pas compris, permettez-moi de paraphraser ce que je viens de dire en utilisant la négation – votre salut n’est en aucune façon dû à vos œuvres ou à ce que vous faites ». Autrement dit, si nous voulons regarder à la manière dont nous avons été sauvés, ne regardons pas à nous-même, ne regardons pas à nos œuvres. Nous ne sommes pas sauvés par nos efforts personnels, nos œuvres ou nos actions.

(5) Cinquièmement, Paul dit au verset 10 que notre salut est le produit de l’œuvre de ses mains ! « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres […] ». N’est-ce pas là une déclaration extraordinaire ? La logique est la suivante : notre salut n’est pas le produit de notre travail ; notre salut est le produit de l’œuvre de Dieu. Nous n’avons pas été sauvés par nos bonnes œuvres, mais dans le but de faire de bonnes œuvres. Nous ne sommes pas sauvés en faisant ce qui est juste aux yeux de Dieu, mais nous sommes sauvés pour faire avec joie et allégresse en reconnaissance au don de grâce que Dieu nous a fait, tout ce pour quoi il nous a originellement créés au paradis. En effet, la possibilité même que nous soyons sauvés par ce que nous faisons est totalement exclue du langage de « création » utilisé par Paul. Nous pouvons être créés pour ensuite travailler, nous pouvons être créés pour le travail, mais nous nous ne pouvons pas nous créer nous-même par le travail. Il est absolument impossible de se créer soi-même. En parlant du salut comme d’une œuvre dans laquelle Dieu nous fait renaître en Jésus Christ, Paul affirme ainsi de la manière la plus forte qui soit, la souveraineté divine et le monergisme à l’œuvre dans notre salut. Nos œuvres peuvent résulter et résultent effectivement de l’œuvre salvatrice de Dieu, mais elles n’en sont pas et ne peuvent pas en être la cause. La chronologie du salut n’est pas « Faites ceci et vous vivrez » mais « Vivez et faites ceci ».

(6) Sixième et dernier point, de crainte que nous en déduisions que Dieu a regardé dans l’avenir et prédit notre foi en Christ et les bonnes œuvres qui en résulteraient et qu’ainsi il aurait établi son salut envers nous sur la base de cette prédiction, Paul nous dit que Dieu nous a sauvés par grâce et nous a créés en Christ (non pas par nos œuvres) mais dans le but que nous accomplissions les œuvres qu’il a préparées d’avance pour nous de toute éternité ! Concentrons-nous à nouveau sur ces mots, « nous sommes Son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions ». Paul est en train de dire que même les bonnes œuvres que nous faisons aujourd’hui ont été préparées d’avance pour nous par notre Dieu plein de grâce. Il ne nous a pas sauvés parce qu’il a prédit que nous ferions de bonnes œuvres. Non, le message est bien plus glorieux et réconfortant. Dieu a voulu nous sauver par grâce dans le but que nous « suivions de bonnes œuvres » –pour faire ce qui est juste, vivre pieusement et dans la sainteté– qu’il a prédestiné ce que nous serions et ferions avant même que le monde n’existe. Notre justice n’est donc pas un moyen, un instrument ou un chemin vers notre salut, mais elle fait plutôt partie du plan de Dieu pour notre salut ! Dieu nous a créés pour que nous soyons à son image, pour être semblables à lui. Cette image a été entachée par le péché lorsque nous avons chuté. Lors de la glorification, cette image sera pleinement restaurée et c’est donc avec raison que Jean affirme qu’à la venue de notre Seigneur, « nous serons semblables à Lui » (1 Jean 3:2). Mais ces bonnes œuvres dans lesquelles nous marchons, loin d’être la cause de notre salut en sont plutôt le but, la finalité. Paul exprime cela en Ephésiens 1.4 en rappelantque Dieu nous a choisi en Christ « avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant Lui ». Il met donc l’accent sur le fait que notre salut dans sa totalité, notre justification et notre sanctification est le fruit de l’œuvre éternelle et souveraine de Dieu.

 

A six reprises dans trois petits versets (mais d’une importance capitale !), Paul souligne que nous avons été sauvés par la grâce de Dieu seule. Notre salut est entièrement dû à sa puissance et à sa faveur imméritées qui à la fois nous pardonnent et nous transforment. Nous recevons cette faveur par la foi (et cette foi même est le résultat de l’Esprit de Dieu à l’œuvre en nous). Il n’y a rien que nous ayons pu faire pour gagner ou mériter cela. Nous n’avons fait que croire que Dieu nous a accordé quelque chose que nous ne méritions pas. Il s’agissait du cadeau de Dieu offert gratuitement pour nous, et non d’une dette de Dieu envers nous. Le salut n’a pas été accompli par nous et il n’est pas non plus le résultat de nos travaux. Au contraire, nous sommes nous-même le produit de l’œuvre de Dieu et nous avons été sauvés par l’œuvre de Dieu (et non pas sauvés par Dieu au travers de nos œuvres), et notre vie chrétienne également, notre marche dans les bonnes œuvres en tant que pécheur racheté est elle-même le résultat de l’œuvre de Dieu et la conséquence (et non la cause) de quelque chose que Dieu a préétabli, préparé d’avance, prédestiné « avant que les montagnes soient nées et avant que le monde soit créé ».

Voyez-vous la logique de Paul ? Tout n’est que grâce ! La totalité de notre salut provient de Dieu. Et comprendre cela est absolument crucial pour une vie chrétienne, une expérience et un ministère sains.

 

 

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