La Parole de Dieu est parfaite, droite et pure !
Lors d’une récente réponse faite à l’encontre de mon article sur l’évolutionnisme, il m’a été répondu que l’infaillibilité des Écritures ne s’étend pas aux affirmations de nature scientifique.
De fait, un certain nombre de personnes déclarent que la Bible n’est vraie que lorsqu’elle parle de sujets qui concernent le salut ou les questions dites spirituelles. Ainsi, il en résulte une démarche foncièrement caduque qui prétend pouvoir faire la part de ce qui est vraie et de ce qui est faux dans la Bible.
Cependant, l’histoire du salut implique des affirmations qui englobent l’ensemble de l’expérience humaine. Par exemple, la résurrection du Christ est un événement qui implique une dimension historique de la réalité (Dieu qui s’est incarné à un moment de l’histoire en un lieu donné dans un but rédemptif, qui est mort et qui est ressucité), une dimension biologique (résurrection du corps), une dimension sotériologique (dimension du salut qui touche l’homme dans sa totalité (corps et esprit), une dimension théologique (révélation du plan de Dieu, de son caractère, de sa justice…), une dimension eschatologique (accomplissement, annonce et inauguration du salut de l’homme qui implique la future transformation du cosmos lors du retour de Jésus-Christ).
Toutes ces caractéristiques de cet événement sont une et ne peuvent être séparées. Il est incohérent et erroné de vouloir dire par exemple qu’uniquement la dimension spirituelle de la résurrection est vraie ! Il est tout aussi incohérent d’avoir une approche similaire (vis à vis de ce qu’affirme la Bible) pour n’importe quel événement qui constitue l’histoire de la Rédemption depuis la création.
Lorsque ces personnes affirment cela, elles se démarquent clairement de la question de l’interprétation que chaque chrétien se pose lorsqu’il lit la Bible : Est-ce que ma compréhension et mon interprétation de ce que je lis est juste ? (question de l’exégèse et de l’herméneutique) Est-ce qu’elle est cohérente avec ensemble de ce que dit la Bible ? (question de l’analogie de la foi)
Au contraire, elles imposent à la Bible le fait qu’elle ne sera pas vraie lorsqu’elle affirme quelque chose ayant attrait à la science. Certes, il vrai que la Bible n’est pas un manuel de Biologie, de géologie ou de génétique.
Cependant, chaque disciple du Christ manifeste son obéissance au Christ par la manière dont il reçoit effectivement la Parole de Dieu. Ainsi, nous devons être prêts à affirmer ce que la Bible affirme. Il est clair qu’il peut quelque fois exister des différences d’interprétations pour certains textes, et nous devons alors toujours chercher l’interprétation qui fait le plus justice au texte.Mais c’est une démarche diamétralement opposée de dire que le texte biblique est nécessairement faux lorsqu’il aborde certaines questions. C’est une attitude sceptique qui revendique une certaine autonomie de la raison.
D’ailleurs, on peut observer une démarche un peu similaire lors des débats sur les questions de l’homosexualité. En effet, le texte étant clair, la seule arme qu’il reste à certains est de dire que les auteurs bibliques ont écrit des choses sans portée universelle, qui étaient limitées à cause des erreurs propres au contexte culturel de leur époque. C’est aussi le même argument utilisé pour dire que Paul n’interdit pas vraiment à la femme d’occuper une position pastorale (1 Tim 2).
Ce qui est intéressant dans tout cela, c’est que cette démarche est une technique du désespoir , car lorsque l’on a saisi que le texte biblique signifie exactement ce qu’il dit, alors l’ultime recours est de remettre en question la légitimité épistémologique du texte biblique, c’est à dire : Est-ce que le texte peut nous donner une connaissance vraie et en accord avec la réalité à propos du sujet qu’il aborde ?
Une telle démarche est donc grave, car :
1) Elle présuppose une autonomie de la raison humaine vis-à-vis de la révélation divine scripturaire.
2) Elle présuppose que nous devons choisir dans la bible ce qui est vrai, ce qui correspond à la réalité et ce qui n’y correspond pas.
Cette approche est en fait un écho de la position libérale du XXe siècle qui ne pouvait ni supporter le fait de dire que les écrits canoniques sont Parole de Dieu, ni accepter que la Bible puisse correspondre de façon objective à la réalité.
Mon But est de donner simplement 8 réflexions qui seront utiles dans notre approche de la parole. Cette liste n’est pas exhaustive, ni dans la quantité des points, ni dans l’exposition de chaque point. Pour ceux qui veulent approfondir la question, je souligne que je m’appuie beaucoup sur l’excellent développement fait par John Frame dans son livre sur la doctrine de la Parole de Dieu.
Qu’est-ce que la Bible ?
“ Et c’est pourquoi aussi nous, nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez.” (1 Thess 2.13)
Elle est la parole de Dieu (Ps 19, 2 Tim 3.16, 2 Thess 3.16 …), une communication verbale personnelle de la part de Dieu pour Son peuple. Cette communication s’est faite par le moyen de plusieurs auteurs bibliques, sous différentes formes littéraires et à différents moments de l’histoire.
Est-ce que la Parole de Dieu est vraie?
“Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité.” (Jn 17.17)
Puisqu’elle est Parole de Dieu, elle possède les mêmes caractéristiques de véracité, d’autorité et de puissance que Celui qui en est l’Auteur principal, c’est à dire Dieu. La Bible est vraie, juste et sainte dans tout ce qu’elle affirme.
Y-a-t-il une contradiction ou un risque de corruption avec le fait que Dieu ait utilisé des auteurs humains ?
“Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde…” (Heb 1.1-2)
“Les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l’objet de leurs recherches et de leurs investigations, voulant sonder l’époque et les circonstances marquées par l’Esprit de Christ qui était en eux, et qui attestait d’avance les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies.” (1 Pierre 1.10-11)
Nous respectons cette caractéristique de la Parole de Dieu (usage d’auteurs humains) en veillant à faire une interprétation du texte dans son contexte. C’est-à-dire que nous veillerons à interpréter le texte en respectant l’intention de l’auteur, en comprenant droitement quel style littéraire il a utilisé (une narration, une poésie, une parabole, un style apocalyptique, un proverbe…), en comprenant droitement le sens des mots qu’il a utilisés (le sens des mots alors au temps de l’auteur (approche historico-grammaticale)), et en articulant le texte dans la grande trame de la bible dont Jésus-Christ est le point central (analogie de la foi et interprétation historico-rédemptive (interprétation qui saisit que le fil d’Ariane de la révélation biblique est l’histoire de la rédemption dont Jésus-Christ est la conclusion) ).
Ceci est important, car certaines personnes pourraient dire : Ok, la Bible est la parole de Dieu…alors quand nous lisons dans le Psaume 14.1 que “ L’insensé dit en son cœur: Il n’y a point de Dieu! ”, comme ce verset est parole de Dieu, alors la Bible dit que Dieu n’existe pas. C’est un non-sens et une inconsistance herméneutique. En effet, cette personne n’aura pas respecté ni le contexte du Psaume, ni son style littéraire, ni le dialogue qu’insère le psalmiste dans son psaume. Mais je pense que tout le monde l’avait saisie….
De plus, le fait que Dieu ait utilisé des auteurs humains n’implique pas nécessairement la présence d’erreurs dans les textes. Par exemple, un homme peut faire un sans-faute à un examen de math (sa copie sera “inerrante”), ce qui n’implique pas que cet homme soit inerrant dans tout ce qu’il fait (cf. l’excellent article de Don Carson à ce sujet dans WoodBridge & Carson, Hermeneutics, Authority and Canon, p.28).
Ce n’est pas un rejet de la “double nature” humaine et divine des écritures de dire qu’elle est vraie dans tout ce qu’elle affirme. Par contre dire le contraire est souvent le fruit d’une incompréhension de la doctrine de l’inspiration plénière verbale (doctrine qui souligne que les écrits de la Parole de Dieu sont le fruit d’une inspiration divine : 2 Tim 3.16).
La bible souligne clairement que Dieu est l’auteur premier de la Bible, et bien que le processus d’inspiration par lequel Dieu œuvra n’est pas toujours évident à définir, il n’en demeure pas moins que le produit final (les mots, les phrases, les propositions présentes dans les manuscrits originaux) est Parole de Dieu et non un témoignage humain de la Parole de Dieu ou un témoignage exclusivement humain de l’intervention de Dieu dans l’histoire, ou encore une expression d’un sentiment religieux conséquente à une expérience avec Dieu.
On pourrait dire que la Bible est le récit authentique divin qui nous permet de connaitre droitement comment Dieu est intervenu dans l’Histoire, comment il a exécuté son plan de rédemption dans notre Histoire (cf. Article).
Certains auteurs utilisent souvent maladroitement l’incarnation du Christ pour parler du statut double des écritures. Je pense qu’une telle analogie n’est pas tout le temps d’une grande aide.
En Jésus-Christ nous voyons l’union de deux natures en une seule et même personne. La Parole de Dieu est un écrit d’une seule nature (une communication verbale dans un langage humain) issue de la collaboration de deux personnes (Dieu trinitaire et auteur humain). Néanmoins, il peut être souligné que si l’aspect humain d’une chose implique nécessairement l’erreur, alors cela impliquerait que les paroles du Christ (qui sont aussi les paroles d’un homme, un homme pleinement Dieu) contenaient des erreurs. Encore une fois Don Carson nous offre une bonne réflexion à ce sujet dans son article sur l’herméneutique et une intéressante articulation entre erreur et péché (WoodBridge & Carson, Hermeneutics, Authority and Canon, p.28).
Enfin, certains insistent sur le fait que nous devons séparer la Parole de Dieu est les mots dans la Bible. C’est un raisonnement dangereux qu’il faut entreprendre avec précaution. Tout d’abord, il est évident que la Bible ne contient pas de façon exhaustive tout ce que peut communiquer Dieu. Dieu se révèle aussi de façon non verbale, comme dans l’histoire de la rédemption ou l’observation naturelle (Rom 1.18ss). Mais en ce qui concerne la révélation verbale, John Frame dit avec raison la chose suivante :
La révélation est verbale à deux niveaux : C’est une révélation parole de Dieu, et c’est une révélation qui utilisent des mots humains comme média. (…) Dans cette communication verbale, Dieu crée une identité entre ses propres mots et des mots humains, de telle sorte que ce que les mots humains disent correspond à ce que Dieu dit. L’identité entre les mots de Dieu et les mots humains est, je pense, la meilleure définition de l’inspiration [biblique]. (John Frame , DWG, p.82)
Ainsi, lorsque nous lisons la Bible, nous pouvons avoir l’assurance que c’est Dieu qui parle.
La Bible nous parle-t-elle de tout sur tout ?
“ Les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. ” (Deut 29.29)
Lorsque l’on lit la Bible, on se rend compte que beaucoup de questions ne possèdent pas de réponses. Dieu nous a donné ce qui est nécessaire pour utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre (2 Tim 3.16).
Les auteurs bibliques connaissaient la différence entre une description mensongère et une description vraie cohérente avec la réalité
“ C’est ce Disciple-là qui rend témoignage de ces choses, et qui a écrit ces choses, et nous savons que son témoignage est vrai. ” (Jn 21.24)
La notion de véracité fait partie intégrante de l’ADN de la Bible. Il n’existe aucun passage de la Bible qui laisserait supposer que les auteurs humains aient inséré des mensonges dans leurs écrits. Ils connaissaient la valeur de la vérité et le danger du mensonge. Ils savaient que Dieu n’est pas un menteur, et dès les prophètes de l’Ancien Testament, la question de la véracité et l’authenticité de ce qui est “dit” fut centrale.
Les auteurs bibliques savaient ce qu’était un mythe ou une fable
“Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux.” (2 Pierre 1.16, cf. 1 Tim 1.4, 2 Tim 4.4)
Lorsque je lis certaines personnes, je me demande s’ils ne prennent pas les auteurs bibliques pour des personnes naïves qui ne connaissaient pas la différence entre un mythe et un fait historique. Cependant, les auteurs bibliques étaient pleinement conscients de l’importance de transmettre des faits historiques qui correspondaient à une réalité historique.
Les auteurs bibliques comprenaient clairement qu’ils utilisaient un langage descriptif humain pour décrire de façon authentique la réalité d’une présence et action divine
“Mais le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme, comme dit le prophète: Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, Ou quel sera le lieu de mon repos? N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses?… ” (Actes 7.48-50)
L’utilisation d’un langage descriptif humain (anthropomorphologique) est quelque chose dont étaient nettement conscients les auteurs bibliques. Cependant, il est erroné de dire que l’usage d’un tel langage implique nécessairement une description déconnectée de la réalité. C’est un argument incohérent, car le but de l’usage d’un tel langage est précisément de “décrire” dans un langage commun et compréhensible la réalité d’une action divine. Le langage nous permet de comprendre la réalité décrite tout en gardant sous silence la mécanique interne de ce qui est décrit. Lorsqu’il est parlé du bras de Dieu, nous comprenons que l’auteur ne dit pas que Dieu à un bras humain mais qu’il parle entre autre de la puissante intervention de Dieu au sein de l’histoire de l’homme. Un raisonnement similaire existe pour parler de l’œil de Dieu, la bouche de Dieu, Dieu qui marche… .
Les auteurs bibliques ont écrit avec l’intention que leurs écrits soient une “ norme ” pour l’église de tout temps
“Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire.” (Eph 2.20)
Ceci implique que lorsque Dieu inspira les écrits bibliques son plan était qu’ils soient utiles pour les croyants de toute l’histoire de l’humanité.
Je suis conscient que beaucoup d’autres choses pourraient encore être dites. Mais si nous confessons que la Bible est la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas limiter la véracité de ce qu’elle affirme à certains domaines. Sinon, il n’existe que deux options : Soit elle n’est pas “Parole de Dieu” comme elle le revendique ( La Parole de Dieu ne peut contenir des fables ou des affirmations mensongères tout en les exposant comme vérité), ou elle est “Parole de Dieu”, mais Dieu est un menteur (car en tant que Dieu trinitaire omniscient, il aurait dit des choses mensongères par le biais d’auteurs humains qui écrivaient sous son inspiration).
Lorsque l’on me répond que la Bible n’est vraie que lorsqu’elle parle de choses liées au salut et pas en ce qui concerne l’histoire et la science, la seule question qui me vient en tête : Est-ce que Dieu serait un menteur ? …personnellement, je ne le crois pas, et en tant que disciple du Christ j’affirmerai jusqu’à mon dernier souffle la véracité, l’infaillibilité et l’inerrance de la Parole de Dieu. (Pour une définition de l’inerrance biblique voir cet article)
DS
Ps (1) : Je précise une fois de plus que ce que je critique ici est l’idée selon laquelle la Bible n’est vraie que lorsqu’elle parle de questions de foi et non de questions liées à l’histoire et la science. La critique que je donne ne s’applique en aucun cas aux divergences interprétatives qui présupposent que quoi que Dieu dise dans sa Parole, nous l’accepterons comme vraie. Ce sont deux attitudes diamétralement opposées. Car à ce niveau-là, le lecteur désire trouver l’interprétation la plus fidèle du texte et du canon biblique dans son ensemble (démarche herméneutique), alors que ce que je critique ici est la manifestation d’un questionnement sur la légitimité et la véracité d’affirmations bibliques (démarche épistémologique).
Ps (2) : Certains disent alors qu’une telle démarche met en opposition science et foi et ressemble à l’attitude erronée de l’église lors de l’affaire Galilée. Au-delà du fait que dire une telle chose révèle qu’ils ne comprennent pas le contexte historico-religieux de ce procès (remise en cause de l’autorité de l’église médiévale vis à vis de son acceptation de la vision aristotélicienne, remise en question sur une interprétation particulière de certains textes bibliques (cf. Article sur Galilée), une telle comparaison est complètement fausse.
Pour ma part, après avoir étudié la biochimie et la génétique en milieu universitaire, je ne trouve aucune antithèse entre les deux. La différence, c’est que je suis conscient que la démarche interprétative scientifique dans les sciences historiques implique “toujours” une certaine philosophie des sciences. Le cadre de l’interprétation évolutionniste est une démarche à la fois inductive et abductive (qui appartient donc au domaine de l’hypothèse et non à ce qui est certain) et qui s’accorde avec les présupposés matérialistes d’une vision d’un univers autonome dans lequel Dieu est absent.
La démarche évolutionniste théiste est de (1) comprendre l’implication de Dieu dans l’acte créateur de façon identique à son implication providentielle aujourd’hui dans la nature et (2) accepter la théorie évolutionniste comme le seul processus par lequel Dieu pourrait créer et (3) conclure nécessairement que Dieu est à l’origine de l’évolution. La prémisse (1) ne possède aucun fondement biblique, la prémisse (2) est une soumission à un certain cadre interprétatif matérialiste du fait qu’ils utilisent les conclusions qui en découlent (je parle bien-sûr ici que de la macro-évolution).