L’influence de la culture sur la Louange (Part 2)
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Le danger d’une louange « thérapeutique »
Michael Horton, dans son livre Christless Christianity (Michael Horton, Christless Christianity , (Baker Books, 2008, p40ss)) utilise l’expression “thérapie moraliste déiste” , tirée de l’analyse sociologique de Christian Smith et Marsha Witten, pour décrire la jeunesse américaine. Cette expression se veut être la description de la foi évangélique de la jeunesse évangélique (toutes traditions confondues) aux Etats-Unis. Cette foi thérapeutique possède les convictions suivantes :
* Dieu a créé le monde.
* Dieu veut que les gens soient bons, gentils et justes les uns envers les autres comme l’enseigne la Bible et la plupart des autres religions.
* Le but central de la vie est d’être heureux et de se sentir bien dans sa peau .
* Dieu n’a pas besoin d’être particulièrement impliqué dans la vie de quelqu’un à moins qu’il devienne nécessaire pour résoudre un problème.
* Les hommes bons vont au ciel lorsqu’ils meurent.
Bien que cette étude concerne la population américaine, on peut plus ou moins y retrouver les présupposés de beaucoup de nos contemporains sur ce qu’est la religion chrétienne. Et malheureusement, c’est ce qui constitue la foi de certains dans nos propres églises. Et particulièrement en ce qui concerne la troisième caractéristique qui se retrouve très clairement dans notre société française.
Cette dernière est en effet la nation consommant le plus d’anxiolytiques et d’antidépresseurs (5 millions de français) et très dépendante de ses psychologues et de ses séances de coaching. Mais au-delà du fait que notre société soit engagée dans une véritable poursuite d’un bonheur égocentrique, beaucoup de nouveaux cantiques se focalisent sur un bonheur fondé sur la paix (uniquement émotionnelle et non celle qui est définie explicitement par la réconciliation en Christ), la douceur, la bienveillance de Dieu.
Et malheureusement, au lieu d’élever et glorifier Dieu, nous élevons nos besoins au-dessus de Dieu, et nous voulons que nos cantiques riches en métaphores et images poétiques soient là pour nous donner une sorte de paix, alors que celle-ci est déconnectée de l’œuvre de Christ à la croix. A ce niveau-là, nous risquons de tomber dans le danger de l’émotion à outrance (soit par les paroles ou par la musique) en nous déconnectant des réalités bibliques de la rédemption et de l’intercession du Fils auprès du Père : nous pouvons ainsi nous diriger trop souvent vers une louange thérapeutique et non confessante .
Un évangile romantique :
Finalement, nous nous devons de remarquer que des vérités fondamentales qui décrivent la grâce et l’œuvre propitiatoire de Christ sont de moins en moins abordées dans nos chants.
En effet, notre société pluraliste est intolérante avec cette notion d’exclusivisme qui émane de la doctrine biblique de la rédemption. Si nous abordons les thèmes de l’exclusivité du salut en Jésus-Christ seul, bien qu’ils rejettent l’existence de Dieu, ils nous reprocheront notre intolérance vis-à-vis des autres religions et notre manque d’amour et de générosité. Car, en plus de vouloir défendre un relativisme qui fait de Dieu une valeur obsolète et optionnelle, notre société est si ancrée dans son égocentrisme et si imprégnée de ce romantisme à fleur de peau que la notion d’un jugement universel divin envers l’humanité à cause de son rejet de Dieu est inacceptable.
Car si un Dieu existe, il doit être nécessairement défini par un amour : un amour tel qu’il l’empêcherait d’être aussi un Juge en même temps. Et comme nous ne voulons pas choquer , et rendre l’évangile accessible , nos cantiques évoluent de telle manière qu’ils sont de plus en plus dépouillés de ces vérités fondamentales liées à notre dépravation naturelle et l’exclusivité du Salut en Jésus-Christ seul, par le moyen de la foi.
Si la louange est adressée à Dieu (et elle l’est !!), nous ne devons pas louer un dieu que nous aurions façonné selon notre appréciation de ce qu’il devrait être, mais nous nous devons de chanter des chants qui sont de profondes louanges de qui Il est. Si nous minimisons le témoignage biblique sur la Sainteté et la Justice de Dieu dans nos chants, nous transformons l’amour de Dieu manifestée à la croix en œuvre incohérente .
En effet, si nous mettons de côté la Justice de Dieu et sa Sainteté , pour quelles raisons fallait-il que Dieu le Fils s’incarne et meure sur la croix ? Un tel abandon des dimensions expiatoires et propitiatoires nous pousserait à prendre la direction d’une définition de type exemplariste de la croix. Nous aurions ainsi la tendance d’aborder dans nos chants la thématique de la croix uniquement comme un exemple de l’amour que nous devons nous manifester les uns aux autres. Une telle conclusion est inacceptable au vu des saintes écritures, car Jésus-Christ s’est offert comme victime propitiatoire au Père pour notre rédemption, ayant donné sa vie en rançon pour beaucoup.
Conclusion
Il apparaît clairement que nous devons veiller à ce que nos nouveaux cantiques soient le plus libérés de ces quatre présupposées culturels qui représentent une véritable gangrène : Relativisme, Individualisme, Consumérisme thérapeutique, Sentimentalisme mielleux .
La solution est certainement de retourner au fondement biblique de notre foi, ainsi que d’apprendre (ou de réapprendre) des trésors immenses contenus dans les hymnes des générations de croyants qui nous ont précédées. Nous devrions ainsi garder en tête un conseil de Wesley :
Par-dessus tout : Chantez spirituellement. Ayez un regard vers Dieu dans chaque parole que vous chantez. Ayez à cœur de Lui plaire plus qu’à vous-même ou à quelque autre créature. C’est pourquoi faites strictement attention à ce que vous chantez et veillez à ne pas laisser vos cœurs être détournés (de Lui) par les sons, mais qu’ils soient constamment offerts à Dieu.
De plus, nous ne devrions pas être effrayé que ce qu’exprime notre louange peut être perçu comme un territoire inconnu par nos contemporains : c’est exactement ce Dieu qui lui est inconnu que nous annonçons à nos contemporains au travers de la révélation pleine et entière que nous en avons en Jésus-Christ. La louange reflète souvent une réalité étrangère à ce monde et à ses présupposés relativistes.
Tout comme en Apocalypse 4 et 5, lorsque nous louons, c’est le trône de Dieu et l’agneau immolé qui se tient debout qui doit être au centre de notre louange, de nos affections, de nos méditations. Ainsi, comme le souligna Cornelius Van Til à propos d’une réflexion qu’il fit sur l’éducation et la culture, il est important de réaliser que dans l’écriture des cantiques, nous nous devons d’œuvrer en résonance avec les trois facettes du ministère parfait qu’a accompli Christ : Prophète, Prêtre et Roi.
Jésus-Christ est le Prophète parfait (car il est le Logos éternel de Dieu qui nous a révélé le Père), le Prêtre parfait (il a offert son corps en sacrifice pour nous une fois pour toutes), et le Roi parfait éternel qui siège à la droite du Père et règne. Nos cantiques devraient être :
· Prophétiques : ils devraient comporter une parole claire et précise en accord avec la foi apostolique.
· Sacerdotaux : ils devraient élever le sacrifice de Christ qui n’a point connu le péché , et qui a été fait péché pour nous afin que nous devenions en lui justice de Dieu .
· Doxologiques : ils devraient glorifier le règne de Christ et la souveraineté de Dieu.
Ainsi, que nos chants ne soient plus des dérivés de notre culture ambiante vaporisées d’un parfum évangélique , mais que nos chants soient saturées de l’évangile et puissent offrir une vision du trône de Dieu et de l’agneau immolé qui se tient debout à un monde qui est en pleine dérive .
DS