Le grand danger de l’hypocrisie religieuse (2)
Nous avons exposé, dans un premier article, la manière dont les Puritains s’attachaient à mettre en garde contre toute forme d’hypocrisie religieuse. Je ne vous ai pas caché avoir été personnellement repris en le rédigeant. Mais lorsque mes eux se sont arrêtés sur la passage ci-dessous, l’Esprit de Dieu a alors particulièrement travaillé mon coeur.
Ce texte est extrait de “La doctrine de la repentance” publié en 1668 par Thomas Watson.
La repentance est nécessaire pour les hypocrites. J’entends par là, ceux qui s’autorisent à s’adonner au péché.
L’hypocrisie n’est autre que le contraire de la sainteté. […]
L’hypocrite prétend avoir une forme de piété, mais il a renié ce qui en fait la force (2 Tim. 3:5).
Un hypocrite saint n’est autre qu’une plaisanterie. Il produit un spectacle magnifique, tel un singe vêtu d’hermine ou de pourpre.
L’hypocrite est semblable à une maison ayant une belle façade, mais dont chacune des chambres est sombre. Sous le masque de sa profession, il cache les plaies de sa lèpre. […]
L’hypocrite semble avoir les yeux rivés vers le paradis, mais son coeur est rempli de convoitises impures. Il vit secrètement dans le péché, transgressant sa propre conscience.
Il est capable de s’adapter à ceux qui l’accompagnent, et ainsi de jouer tantôt la colombe, tantôt le vautour.
Il entend la Parole, mais cela s’arrête là. Il est toujours présent pour les temps de dévotion à l’Eglise, mais il néglige le culte familial et le recueillement personnel.
Et en effet, si la prière n’amène pas un homme à abandonner son péché, le péché amènera cet homme à abandonner la prière.
L’hypocrite feint l’humilité, mais c’est seulement afin de pouvoir s’élever davantage dans ce monde. Il prétend avoir la foi, mais il s’en sert comme d’un manteau et non comme d’un bouclier (cf. Eph. 6:16).
Il porte sa Bible sous son bras, mais non dans son coeur. Toute sa religion n’est que mensonge (Osée 12:1). […]
Les hypocrites sont “dans les liens de l’amertume” (Actes 8:23). Leur état de pourrissement est bien avancé, alors s’il existe quelque remède qui puisse les guérir, celui-ci devra être assaisonné du sel de la repentance.
Laissez moi m’exprimer franchement : personne ne trouvera la repentance plus difficile d’accès que les hypocrites.
Ils ont tellement jonglé avec la religion que leur coeur plein de traitrise ne sait comment se repentir. L’hypocrisie est plus dure à soigner que la folie.
L’abcès qui atteint coeur de l’hypocrite est rarement ôté. S’il n’est pas trop tard, qu’il cherche donc la miséricorde divine (cf. Actes 8:22)
Qu’ils craignent et tremblent, ceux qui laissent leur hypocrisie régner. Leur condition est à la fois pécheresse et triste :
- Elle est pécheresse car ils ne se tournent pas vers la religion par choix mais par calcul : ils ne l’aiment pas, ils la simulent seulement.
- Elle est triste pour deux raisons. Premièrement parce que l’art de la tromperie ne peut durer bien longtemps. Celui qui s’attache aux apparences mais qui ne possède pas le soutien de la grâce dans son coeur s’arrêtera à un moment. Deuxièmement parce que la colère de Dieu s’abattra davantage sur les hypocrites (Matt. 24:51), comme si elle avait été principalement préparée pour eux. […]
– Thomas Watson (1620-1686)
Extrait de The Doctrine of Repentance, Puritan Paperbacks, Carlisle: Banner of Truth, 1988, pp. 68-69.