La Sainte Cène : symbole, ou moyen de grâce ?
A plusieurs reprises, Le Bon Combat a mis en évidence l’erreur de l’approche “réaliste” du repas du Seigneur (transsubstantiation et autres positions voyant Christ corporellement présent dans les éléments de ce repas).
Est-ce dire que nous considérons que ce repas n’est qu’un simple mémorial ? Certainement pas : conjointement à la tradition réformée, nous estimons qu’il s’agit plutôt d’un moyen de grâce.
Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Dans cet article, extrait de l’introduction de son ouvrage The Lord’ s Supper as a Means of Grace, Richard Barcellos fournit quelques éclaircissements.
**
La Cène constitue un aspect vital de la vie d’Eglise car elle a été ordonnée par le Seigneur Jésus pour être un moyen de grâce et non un simple mémorial. […]
Mon but premier, dans ce livre, est de me focaliser sur la manière dont le repas du Seigneur nourrit spirituellement l’âme des croyants, sur la manière dont il produit une croissance spirituelle chez tous ceux qui y participent dignement, ou encore sur la manière dont il constitue un moyen de grâce.
Mais qu’est-ce qu’un moyen de grâce ? Il s’agit d’un vecteur institué par Dieu pour distribuer sa grâce aux âmes en besoin sur la terre. Un moyen de grâce constitue donc une puissance spirituelle et produit un changement spirituel, une assistance spirituelle, un courage spirituel, et des bénédictions spirituelles.
La grâce nous provient de notre Père, via le Fils, et par l’Esprit, généralement de concert avec les moyens que Dieu ordonne. Les moyens de grâce sont ces canaux par lesquels Christ développe, ajuste, et transforme les âmes sur la Terre.
Herman Bavinck écrit : “Christ est et demeure l’acquéreur et le distributeur de la grâce”. En d’autres termes, Christ a acquis la grâce pour nous et la distribue envers nous et en nous.
Dans le but de nous rendre la grâce accessible, Dieu a ordonné des moyens par lesquels elle est distribuée. Ces moyens de grâce sont donc le système de distribution par lequel nous recevons ce qui nous a été acquis et qui nous parvient.
Cet ouvrage est écrit avec le présupposé que la Parole de Dieu, la prière, et les ordonnances de l’Eglise que sont le baptême et le repas du Seigneur sont les moyens ordinaires essentiels par lesquels la grâce parvient du ciel aux âmes sur la Terre.
En effet, les Ecritures enseignent distinctement que l’un des moyens institués par Christ pour amener la grâce du ciel jusqu’aux croyants est le repas du Seigneur. Il s’agit d’une ordonnance bénie par l’Esprit de Dieu qui transforme l’âme et qui la nourrit. […]
Quand les églises partagent ce repas, elles remémorent ensemble la mort du Seigneur. Vu sous cet angle, la communion est horizontale : la mémoire collective d’un fait passé de l’histoire de la rédemption. Nous rappelons alors que Christ est mort pour nous.
Mais ce repas est-il uniquement rétrospectif ? Est-ce uniquement la mémoire d’un événement passé ? Ou avons-nous à faire à davantage qu’un mémorial ?
Le repas du Seigneur est-il premièrement quelque chose que nous faisons ? Ou bien est-ce un moyen par lequel Dieu agit (un moyen de la grâce) ? […]
Dans cet ouvrage, mon objectif est de mettre en évidence la manière dont le repas du Seigneur constitue un moyen de la grâce. J’estime que le repas du Seigneur est un moyen de grâce en raison de ce que le Saint-Esprit fait dans les âmes des croyants lorsque les églises locales le partagent. Lors de cet évènement, le Saint-Esprit établit ou accroit la communion présente entre le Rédempteur exalté et son peuple étranger et voyageur sur la terre.
Pour formuler les choses différemment, le repas du Seigneur est un moyen de grâce par lequel Christ est présent dans sa nature divine, et par lequel le Saint-Esprit nourrit l’âme des croyants au moyen des bénéfices que Christ a obtenu dans sa nature humaine qui est désormais glorifiée dans les cieux à la droite du Père.
– Richard Barcellos
The Lord’ s Supper as a Means of Grace: More than a Memory, “Introduction,” pages 21-28.