La mort de Jésus-Christ et la guérison physique
La souffrance et la maladie sont des choses auxquelles nous sommes tous confrontés. Une des grâces de la vie ecclésiale est alors de pouvoir prier les uns pour les autres.
Nous pouvons ainsi marcher d’un même pas avec notre frère ou notre sœur qui souffre et nous placer ensemble devant notre Dieu. Nous prions alors pour son rétablissement et son soutien par le Seigneur. Mais, comment prions-nous ?
Et plus exactement, si nous demandons au Seigneur la guérison, comment est-ce que nous Lui présentons notre requête ? Je ne veux pas traiter ici de la légitimité ou non de faire une telle prière.
Mais je voudrais aborder de façon assez directe un présupposé dangereux qui est rarement remis en cause. Ce présupposé est le suivant : Lorsque nous demandons une guérison physique au Seigneur, nous pouvons posséder la certitude de la guérison car c’est par ses meurtrissures que nous avons été guéris (Esaïe 53 :5).
Mon désir est ici de donner des pistes de réflexion.
1- Le langage de la guérison dans le Nouveau Testament (NT)
Pour répondre à notre question principale (La guérison miraculeuse est-elle nécessaire à cause de la mort de Christ sur la Croix ?), il est judicieux d’effectuer d’abord une recherche sur l’utilisation des termes liés à la guérison dans le NT. Il existe 79 occurrences pour le terme “guérir” [1] :
– 72% (57) des occurrences se font au sein d’un cadre narratif où est faite la description d’une guérison (dont 85% (49x) correspondent au ministère du Christ).
– 6 fois au sein d’un cadre narratif, avec une réflexion implicite ou explicite de l’importance de la Foi [2].
– 6 fois au sein d’un cadre narratif, avec une réflexion sur la puissance de Dieu ou du Seigneur.
– 5 occurrences emploient distinctement la notion de guérison dans un sens eschatologique et spirituel.
– 4 occurrences avec un enseignement sur la guérison en tant que pratique, mais sans pour autant établir un lien avec la croix.
– Il n’y a qu’une seule occurrence (Matth 8 :15-17) où le terme guérison est reliée à une citation d’Esaïe 53 :3.
C’est la seule occurrence qui établirait peut-être un lien entre l’œuvre de Christ à la croix et la guérison physique pour aujourd’hui. Et encore ceci n’est possible que si on présuppose une continuité directe entre le ministère de Jésus et une pratique ecclésiale pour aujourd’hui.
Ceci est encore une question différente qui se doit d’être aussi posée, mais je ne la traiterai pas directement ici. Néanmoins, il faut souligner que le ministère de Jésus-Christ, comme celui des apôtres est unique, bien qu’il existe une certaine continuité. Cette continuité est avant tout fondée sur l’œuvre que Jésus-Christ a accomplie. Cette œuvre dont nous sommes au bénéfice et que nous proclamons aujourd’hui.
Par contre, je suis convaincu qu’il n’est pas fondé de prendre le narrations des Evangiles et des Actes pour en faire une norme casuistique rigide pour toutes nos pratiques ecclésiales (c’est à dire reproduire à la lettre ce qu’ont fait les protagonistes des récits).
Ces textes, dont le genre n’est pas le même que celui des épîtres, possèdent des événements non reproductibles (comme par exemple le ministère, la mort et la résurrection de Jésus, la pentecôte …). Et ces narrations historiques nous délivrent un enseignement pour nous aujourd’hui (ceci présuppose une démarche herméneutique spécifique pour les textes de type narratifs).
Recevoir l’ enseignement de ce genre de textes ne consiste pas à prendre le texte narratif comme une feuille de route littérale. L’enseignement qui découle des Evangiles et des Actes possède en général un écho didactique dans les autres écrits apostoliques.
Maintenant, en ce qui concerne précisément notre problématique (La guérison miraculeuse est-elle nécessaire à cause de la mort de Christ sur la Croix ?), nous voyons que le NT ne possède qu’un seul verset comme possible candidat. Cette quasi absence de références bibliques est d’autant plus étonnante, car la Bible possède un très grand nombre de versets qui parlent très clairement du lien entre la rédemption finale de nos corps (résurrection) avec l’œuvre de la mort et de la résurrection du Christ.
En Matthieu 8 :15-17, nous lisons donc :
Jésus se rendit ensuite à la maison de Pierre, dont il vit la belle-mère couchée avec la fièvre. Il toucha sa main, et la fièvre la quitta, puis elle se leva et se mit à le servir. Le soir venu, on lui amena plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole et guérit tous les malades. Ainsi s’accomplit la parole du prophète Ésaïe : Il a pris nos infirmités Et il s’est chargé de nos maladies.
Tout d’abord, Matthieu ne parle pas ici de la mort de Jésus-Christ à aucun moment. Et ceci est important.
Il choisit un passage précis d’Esaïe 53 pour parler du ministère de guérison du Christ. Le texte cité par Matthieu est en fait une sorte de conclusion qu’il utilise pour englober l’ensemble des miracles qu’il vient de raconter depuis le début du chapitre 8. Matthieu nous a raconté l’histoire de trois miracles (Le serviteur du centenier, un lépreux et la belle-mère de Pierre).
Et ces trois miracles sont le fait d’une seule et même chose : le messie prend les infirmités de ces personnes, il s’en charge, c’est-à-dire qu’il les guérit. Il n’y a aucune notion, dans le contexte du passage, d’une dynamique d’échange, de transfert ou d’imputation fondée sur sa mort future qui serait alors la source de la guérison. Jésus exprime clairement son autorité sur la maladie et se dévoile comme le messie.
Concernant le texte d’Esaïe, il est important de le comprendre dans le cadre de la mission même d’Esaïe exprimée en Esaïe 6:10.
Le terme de guérison ne doit pas être limité à une dimension matérielle. La guérison annoncée en Esaïe 53 doit être comprise avec la problématique d’Esaïe : L’impénitence du peuple de Dieu au travers de son idolâtrie et le jugement de l’exil annoncé.
Cette guérison annoncée doit être alors comprise d’une façon globale, c’est-à-dire une guérison du cœur des membres de son peuple [3] qui se manifestera aussi avec une guérison des conséquences physiques de son exil. Le cadre contextuel (l’annonce de l’exil babylonien du peuple juif dans la première partie d’Esaïe) souligne que les souffrances dont le prophète parle signifient premièrement les souffrances liées et conséquentes à l’exil. Cet exil qui est la manifestation du jugement de Dieu.
C’est ce cadre qui se compose donc de 1) la maladie du cœur du peuple de Dieu (Esa 6 :10) et de 2) les souffrances liées au jugement de l’exil, qui nous permet de comprendre de quel type de guérison l’auteur parle. Une guérison/réponse au problème du péché/jugement de Dieu.
Ainsi, le texte d’Esaïe nous annonce que le serviteur “apportera la guérison pour chacune des problématiques (physiques et spirituelles) ; la paix (shalom) qu’il apporte est holistique, restaurant le corps et l’âme.”[4].
En effet, “ce passage en Esaïe anticipe la venue de celui qui ôtera la faiblesse humaine, le péché et qui rendra certain la guérison et le bien être de son peuple. Il le fera en endurant la souffrance produite par les blessures qui lui seront infligées par d’autres, une souffrance qui devrait être certainement celle de son peuple à cause de son péché.”[5].
Esaïe annonce la venue d’un Serviteur qui va faire une œuvre substitutive pour son peuple : c’est Lui qui portera le péché de son peuple en portant la condamnation/culpabilité de Son peuple (“ à cause de nos crimes…à cause de nos fautes… (v5), …le châtiment qui nous donne la paix…(v5)”).
Esaïe annonce que cette œuvre substitutive (expiatoire et propitiatoire) sera une expérience au cours de laquelle le Serviteur recevra effectivement de la main de Dieu (v4b) le jugement concret du peuple (un jugement décrit par la souffrance et la douleur).
Il déclare aussi que cette œuvre résultera en la guérison de Son peuple : (1) Dieu va guérir le cœur de son peuple, il ne sera plus aveugle, sourd et ignorant ; (2) Dieu va guérir son peuple des blessures liées à l’exil conséquence de son péché.
Le jugement d’Esaïe 6 :10 sera stoppée et inversée, et la fin de la souffrance de l’exil est en quelque sorte annoncée. Dieu créera un peuple qui l’aime et qui le sert de tout son cœur.
Cependant une telle promesse n’a jamais vu sa complète réalisation dans les siècles qui précédèrent la venue de Jésus-Christ. Elle attendait sa pleine réalisation dans la future œuvre du Christ.
C’est dans la mort et la résurrection du Christ que Dieu, par son Esprit, guérit les cœurs (lors de la nouvelle naissance) de l’ensemble de son peuple. Ceci inclut aussi la promesse future d’un corps libéré de la corruption, corruption qui est l’expression du jugement de Dieu à cause du péché depuis Eden (cf. Rom 8 :19-28).
C’est en Jésus-Christ, le serviteur de YHWH, que nous recevons la complète guérison de notre misère actuelle qui comprend la déchéance de notre cœur ainsi que les conséquences sur notre corps. La première chose (nouvelle naissance) est une œuvre qui définit le début de la vie chrétienne : notre cœur est transformé, nous devenons une nouvelle créature. La seconde partie est en attente : c’est la rédemption de notre corps qui sera accomplie lors du retour de Jésus-Christ (Rom 8 et 2 Cor 5).
En ce qui concerne maintenant l’usage du passage d’Esaïe par Matthieu, l’intention de Matthieu doit être droitement comprise.L’auteur est témoin du ministère de guérison de Jésus. Ces guérisons constituent pour Matthieu un clair accomplissement d’une prophétie alors donnée par Esaïe.
Cette prophétie se trouve effectivement au sein de la péricope où Esaïe décrit l’œuvre substitutive expiatoire et propitiatoire du Serviteur de l’Eternel. Mais il ne cite qu’Esaïe 53 :4b pour résumer ce que Jésus-Christ est en train de faire.
Il ne suit pas la traduction grecque de la septante (qui traduit en disant que le serviteur a porté nos péchés) pour garder le sens ambivalent de l’hébreu [6] qui lui permet d’utiliser un vocabulaire lié à la souffrance physique. Et il déclare donc qu’Esaïe avait annoncé que le Serviteur viendrait prendre et porter les souffrances physiques de son peuple.
Ainsi, Jésus est le Serviteur annoncé en Esaïe 53. C’est avant tout cela que Matthieu veut nous dire : Jésus est le messie, le Serviteur de l’Eternel.
Son ministère de guérison est une attestation, pour Matthieu, de son identité : son ministère de guérison est Christologique. Son ministère de guérison est un “signe” qui déclare aux yeux du monde qu’il est le Messie, le Christ, le serviteur de l’Eternel.
Ces signes de guérisons sont pour Matthieu le témoignage que Jésus est celui qui apportera la rédemption complète de son peuple. Mais Matthieu veille à ne pas utiliser l’ensemble du passage car il sait pertinemment que ce qu’il est en train d’observer ne définit pas l’œuvre eschatologique du salut (c’est-à-dire l’œuvre finale et globale du salut en Jésus-Christ).
En effet, Jésus n’a pas guéri toutes les maladies du peuple qui l’entourait, ni de ses disciples et apôtres.
Nous pouvons donc en conclure qu’il est raisonnable de comprendre que Matthieu décrit le ministère de guérison du Christ comme la manifestation du ministère du Serviteur de l’Eternel, mais il veille à ne pas utiliser le langage substitutionnel (lié à l’œuvre de la croix): ce sont les lecteurs qui font souvent cet ajout maladroit. Matthieu nous dit simplement que le Serviteur de l’Eternel, Jésus, venait d’enlever et d’écarter les souffrances physiques et les maladies de plusieurs. Des maladies et des souffrances qui sont les conséquences de la chute en Eden (cadre péché/jugement).
Et donc, en tant que lecteurs, nous devons veiller à bien comprendre que ce ministére qu’est en train d’accomplir Jésus le désigne comme le Serviteur de YHWH. Les guérisons temporaires qu’il accomplissait (toutes les personnes guéries sont bel et bien mortes par la suite) étaient des signes de guérison finale qu’il obtiendrait pour son peuple à la croix. Le but de Matthieu est ainsi clair : Il nous encourage à reconnaître Jésus-Christ comme Seigneur sur la maladie ; il est le serviteur de l’Eternel qui allait bientôt souffrir pour son peuple et lui offrir la grande guérison dont il a besoin, la guérison de son cœur (et la promesse de la résurrection) dans sa propre mort et sa résurrection (cf. Matt 1 :21) :
“Dans ce passage [Matt 8 :17], nous remarquons qu’il n’y a aucune suggestion selon laquelle Jésus aurait porté sur lui les maladies dans le sens où il aurait pris physiquement sur lui la maladie désignée. De plus, il n’y a aucun lien direct avec sa mort expiatoire qui n’était pas encore arrivée. Ses miracles étaient tous ‘connectés à sa puissance de guérir’”[7].
De façon générale, “[les guérisons] démontraient sa puissance, et parce qu’ils indiquaient aussi qui il était , ils étaient aussi appelés signes (semeia). (…) Les auteurs des évangiles ne relient pas les guérisons de Jésus avec son œuvre expiatoire dans sa mort, mais avec la puissance qui était démontrée dans sa vie. [8]
De plus, il est important de souligner que Pierre l’interprète de cette manière en disant en 1 Pierre 2 :24[9] : “ (…) lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ; lui dont la meurtrissure vous a guéris.”
Pierre associe la conclusion d’Esa 53 :5b et l’œuvre substitutive stipulée en Esa 53 :12b. Dans le contexte de 1 Pierre 2, il est clair que Pierre souligne que c’est d’une guérison spirituelle dont nous sommes bénéficiaires : la guérison de nos péchés qui s’exprime alors dans une vie de foi pour Dieu.
Ni Esaïe 53, ni Matthieu 8 ne disent que nous devrions être guéris de toute nos maladies aujourd’hui grâce à la mort expiatoire de Jésus.
2- Le salut est offert à tous par la foi de façon explicite … pas la guérison physique
L’œuvre expiatoire et propitiatoire du Christ à la croix s’approprie par le moyen de la foi. C’est celui qui reconnait le Messie, Jésus-Christ, comme Dieu le Fils qui s’est incarné et qui est venu pour devenir péché afin que nous devenions justice en Lui, c’est celui-ci qui est sauvé.
Sa foi est la manifestation de son union au Christ, et la pleine participation aux bénéfices eschatologiques de l’œuvre du Christ (nouvelle naissance, temple du Saint-Esprit et promesse de la résurrection future)
Mais dans les récits de Matthieu 8, la belle-mère de Pierre n’a pas spécifiquement démontré une forme particulière de foi. Puis l’enseignement néotestamentaire ne revendique pas que la guérison soit donnée uniquement à ceux qui ont la foi (Prenez par exemple Lazare ou ses sœurs…). Le salut est offert à tous par le moyen de la foi…pas la guérison physique !
3- Les guérisons physiques sont une manifestation de la Seigneurie du Christ :
Considérons les passages suivants :
“Comme Pierre visitait tous les saints, il descendit aussi vers ceux qui demeuraient à Lydde. Il y trouva un homme nommé Enée, couché sur un lit depuis huit ans, et paralytique. Pierre lui dit: Enée, Jésus-Christ te guérit; lève-toi, et arrange ton lit. Et aussitôt il se leva.
Tous les habitants de Lydde et du Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur.” (Actes 9 :32-35)
“C’est par la foi en son nom que son nom a raffermi celui que vous voyez et connaissez; c’est la foi en lui qui a donné à cet homme cette entière guérison, en présence de vous tous.” (Actes 3 :16)
“Et maintenant, Seigneur, vois leurs menaces, et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec une pleine assurance, en étendant ta main, pour qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de ton saint serviteur Jésus.”(Actes 4 :29-30)
Est-il spécifié une seule fois que la guérison a eu lieu parce que Jésus a porté cette maladie à la croix ? Non. Le point commun de toutes ces descriptions de miracles se trouve dans le fait qu’elles ont été accomplies à cause de Jésus-Christ, à cause de son nom ou par son nom.
C’est encore une fois la seigneurie de Christ et sa puissance qui sont à la source de ces guérisons. Dieu demeure la source et le décisionnaire des guérisons.
Elles n’étaient pas automatiques à cause de la croix. Et tout comme Jésus n’est pas mort pour nous offrir une “possibilité” d’être sauvés [10], la mort de Jésus-Christ ne nous offre pas une “possibilité” d’être guéris. Ceci est aussi confirmé avec sobriété lorsque Paul parle de la maladie d’Epaphrodite. Il est important de voir que Paul déclare que Dieu l’a guéri parce qu’il a eu pitié de lui et de Paul :
“Il a été malade, en effet, et tout près de la mort; mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse. ” (Phil 2 :27)
D’autres arguments pourraient être encore utilisés, mais je voudrais juste conclure en disant que nous ne devons pas comprendre la mort et la résurrection du Christ comme un engagement divin pour la guérison de toutes nos maladies ici-bas avant son retour. Mais sa mort et sa résurrection sont l’inauguration de la guérison de nos vies.
Cette guérison se manifeste dans notre vie par notre nouvelle naissance, et elle se conclura lors de la résurrection de notre corps, au retour du Christ, lorsque notre corps physique sera libéré de toute maladie et souffrance.
Ainsi lorsque nous prions pour un malade, ce sera une requête soumise à la volonté du Seigneur .
Nous demanderons alors à Dieu de manifester la Seigneurie de Christ dans la vie du malade. Nous faisons cette requête au nom du Christ et non à cause des meurtrissures du Christ.
Nous avons le pardon de nos péchés à cause des meurtrissures du Christ , et non pas la guérison physique. Prier au nom du Christ implique une soumission à la fois à la souveraineté de Dieu (c’est Lui qui choisit ou non de guérir) et à la Seigneurie du Christ (toute guérison sera alors une manifestation de la Seigneurie de Christ sur notre corps vis-à-vis de la maladie).
Si Dieu ne donne pas de guérison, nous persévérerons main dans la main avec le malade, confiants que Dieu est juste, bon et saint. Nous prierons que Dieu renouvelle la persévérance, la paix et la foi de celui qui est malade.
Et si Dieu offre une guérison, nous devrons alors être conscients qu’elle ne sera qu’un avant-gout limité de ce que vivra notre corps lors du retour de Christ (le malade guéri demeure néanmoins fragile et sujet à la maladie comme chacun d’entre nous). Ce ne sera pas simplement un corps guéri, mais un nouveau corps (cf. 1 Cor 15 :35-58).
Je suis conscient que pour certains, le fait de dire que nous ne sommes pas guéris aujourd’hui à cause des meurtrissures du Christ sera perçu comme offensant ou déstabilisant.
Cependant le témoignage biblique est clair et il faut réaliser qu’il existe un vrai danger si l’on demeure dans une telle démarche. Si nous prions pour une guérison en croyant que la guérison est nôtre parce que Jésus a porté spécifiquement cette maladie à la croix pour que nous en soyons guéris aujourd’hui, que se passe-t-il si nous ne sommes jamais guéris ? Plusieurs réponses seraient possibles :
1) L’œuvre de la croix n’est pas efficace pour nous….mais l’évangile dit que nous sommes unis à Christ par la foi (et donc aux bénéfices de sa mort et sa résurrection) .
2) L’œuvre de la croix est efficace mais elle n’est pas pour nous… alors sommes-nous réellement sauvés, si l’œuvre de la croix n’est pas pour nous ?
3) Je n’ai pas assez de foi….mais Lazare était mort avant d’être ressuscité !
4) Celui qui a prié pour moi n’avait pas assez de foi…mais alors pourquoi Paul (qui est un modèle de foi) a dû laisser Trophime malade à Millet ? (2 Cor 4 :20)
5) Dieu va guérir, mais il faut persévérer dans la prière…. Oui, Dieu « peut » guérir, mais nous ne pouvons dire « Dieu va guérir », car qui sommes-nous pour prétendre pouvoir connaitre la volonté de Dieu au sujet de cette maladie ?
Comme vous le voyez, le fait de développer une attitude de prière qui n’est pas fondée dans la Parole de Dieu ne provoque que des problèmes.
Alors que se « reposer » dans la souveraineté de Dieu et la Seigneurie de Christ lorsque nous prions avec l’aide du Saint-Esprit (Rom 8 :26-27) est une attitude qui allie la confiance, la patience et la persévérance.
Notes et références :
[1] J’ai effectué cette recherche sur les termes suivants : Θεραπεύω, ἰάομαι, ὑγιής, ἴαμα, σῴζω, θεραπεία, ποιέω + ὑγιής, ἴασις, διασῴζω.
[2] Pour une étude approfondie de ce lien, voir la série sur la guérison physique.
[3] Voir cet article de R. Bergey. Par ailleurs, il est important de comprendre le parallèle en les versets 4 & 5, et 11 & 12 d’Esaïe 53.
«(4) Certes, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous, nous l’avons considéré comme atteint d’une plaie ; Comme frappé par Dieu et humilié. (5)Mais il était transpercé à cause de nos crimes, Écrasé à cause de nos fautes ; Le châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui, Et c’est pas ses meurtrissures que nous sommes guéris. (…) (11)Après les tourments de son âme, Il rassasiera ses regards ; Par la connaissance qu’ils auront de lui, Mon serviteur juste justifiera beaucoup (d’hommes) Et se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi je lui donnerai beaucoup (d’hommes) en partage ; Il partagera le butin avec les puissants, Parce qu’il s’est livré lui-même à la mort, Et qu’il a été compté parmi les coupables, Parce qu’il a porté le péché de beaucoup Et qu’il a intercédé pour les coupables. »
L’auteur fait un parallèle pour expliquer l’œuvre du Serviteur. Ce parallèle est clair de par l’utilisation des deux mêmes verbes charger (nasa) et porter (sabal). Les souffrances et les douleurs sont donc certainement les fautes et les péchés qui gangrènent dans le cœur de l’homme dès sa conception (Ps 51). Il est important de noter que nasa (porter en 4a) est aussi le verbe utilisé dans le contexte cultuel pour parler des victimes expiatoires (animal) qui portent les fautes de celui qui s’approche auprès de Dieu. La traduction grecque du verset 4 dans la Septante va aussi dans le sens d’une telle lecture : οὗτος τὰς ἁμαρτίας ἡμῶν φέρει καὶ περὶ ἡμῶν ὀδυνᾶται , (Celui-ci porte nos péchés et il souffre à cause de nous).
[4] G.K. Beale & D.A. Carson, The New Testament Use of the Old Testament, Appolos, p.31.
[5] John Wilkinson, Physical healing and the atonement, in The Evangelical Quarterly, Vol. LXIII/N°2, April 1991, p.158.
[6] Les termes utilisés au verset 4 pour souffrances (ôli) et douleurs (maôb) peuvent signifier des souffrances physiques et aussi des souffrances spirituelles.
[7] John Wilkinson, Physical healing and the atonement, in The Evangelical Quarterly, Vol. LXIII/N°2, April 1991, p.159.
[8] Ibid.
[9] Young, Isaiah, Vol III, p.344-347.
[10] En Romains 5 :6 nous lisons : Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. En Ephésiens 5 :23, Paul précise que Jésus est mort pour son Eglise. La mort de Jésus-Christ n’est pas l’offre d’un salut possible, mais elle est l’événement par lequel son peuple a été sauvé (Voir John Owen, La vie par sa mort (Sembeq)).