Chanter les Psaumes : oui! Mais comment!?

Suite à mon dernier article, certains m’ont interrogé sur la méthode que j’utilise pour chanter les psaumes. Avant de répondre directement à la question, j’aimerais profiter de l’occasion pour présenter les quelques options m’étant connues qui s’offrent aux francophones.

En effet, bien que les Psaumes soient les chants bibliques par excellence, celui qui ouvrira sa Bible Segond pour tenter de les chanter aura fort probablement quelques ennuis. Contrairement au texte original, le texte de nos traductions de la Bible n’est pas conçu pour être chanté. Une autre forme de traduction est nécessaire pour ce faire : la paraphrase poétique.

 

 

Un peu d’histoire

Plusieurs ne le savent pas, mais les évangéliques francophones possèdent un riche héritage quant au chant des psaumes. En effet, au 16ème siècle, sous le pastorat de Jean Calvin, l’une des œuvres les plus importantes concernant le chant d’assemblée est née : le Psautier de Genève, écrit par Théodore de Bèze et Clément Marot. Ce dernier est un recueil de psaumes et quelques autres chants mis sous forme de vers français accompagnés d’une mélodie propre à chaque psaume. Certains psaumes partagent la même mélodie. L’édition de 1562 contenait les 150 psaumes avec quelques autres chants. Il s’en est vendu plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires en ce même siècle incluant plusieurs copies illégales. Un best-seller!

À ma connaissance, la dernière édition officielle de ce psautier date de 1729. Il a été adopté par les Églises Réformées de langue française aux Pays-Bas – les Wallons- à cette époque. Il contient donc le texte officiel le plus récent, la mélodie étant demeurée largement inchangée, mais aucune ou peu d’assemblés ne l’utilisent encore tel-quel à ma connaissance. En effet, le texte est archaïque et donc pas toujours facile de compréhension pour le francophone contemporain.

De nos jours, plusieurs églises utilisent toujours et officiellement des adaptations du Psautier de Genève dans leur propre langue dont l’Église Réformée Canadienne (Canadian Reformed Church) et plusieurs Églises d’origines néerlandaises.

 

 

Qu’avons-nous donc de plus accessible aujourd’hui?

Outre les recueils d’hymnes des traditions œcuméniques et catholiques avec lesquelles je suis peu familier, plusieurs recueils des traditions évangéliques francophones contiennent toujours certains de ces psaumes. Certains ont traversé les époques plus que d’autres, par exemple le fameux « Vous qui sur la terre habitez » (Psaume 100). Ils se retrouvent dans la plupart des recueils contemporains avec les mélodies originales ou modifiées. Le texte de ces psaumes a généralement été modernisé et les longs psaumes ont pour la plupart été raccourcis.

Certains de ces recueils débutent avec les psaumes puis poursuivent avec les autres hymnes suivant la tradition réformée (Louange et Prière / À Toi la Gloire), d’autres les entremêlent avec les hymnes (Sur les Ailes de la Foi / Célébrons Dieu), certains sans même les identifier en tant que tel.

Des recueils plus récents (Arc en Ciel / Nos Cœurs de Chantent / Alléluia) contiennent une grande quantité de ces psaumes avec les nouveaux textes de Roger Chapal. Certains de ces psaumes les plus connus n’ont été que retouchés, tandis que beaucoup de psaumes « oubliés » ont pour la plupart été réécrits.  Le texte est très doux à l’oreille, il colle très bien à la mélodie, mais il utilise souvent un langage minimaliste usant d’une grande liberté dans les paraphrases.

Plus positivement, les longs psaumes ont été raccourcis, mais au lieu d’être simplement tronqués comme pour la plupart des psaumes raccourcis dans les autres éditions, l’auteur a pris le soin de couvrir la pensée globale des psaumes dans son texte. Un recueil contenant les 150 psaumes avec ce texte et la musique originale (Psautier de Genève / Psautier de Lausanne) et des harmonies anciennes, retouchés et nouvelles, est toujours disponible en librairie sous le titre « Le Psautier Français ». C’est un très beau recueil de psaumes pour le chant.

Pour ma part, l’une des raisons pour laquelle j’aime chanter les psaumes est qu’ils sont eux-mêmes la Parole de Dieu. En chantant les psaumes, nous mémorisons la Parole de Dieu et la serrons dans nos cœurs. Ainsi, je préfère des vers qui se collent sur le texte original et qui couvrent l’ensemble des versets lui étant compris. Le meilleur texte contemporain que j’ai trouvé respectant ces critères est l’œuvre de Marc-François Gonin intitulé « Les Pseavmes de David » -ironiquement, son titre est écrit dans un français vieilli.  L’auteur est reparti du texte original du Psautier de Genève et a fait les corrections nécessaires pour le rendre dans un français actuel.

La poésie est impeccable! Elle couvre l’ensemble des 150 psaumes avec l’identification de tous les versets en marge du texte. Aucune troncature n’a été effectuée. Malheureusement, cette œuvre est seulement littéraire, la mélodie n’y ayant pas été ajoutée. Cependant, on peut trouver la mélodie d’une autre source et chanter cette poésie en français contemporain sans aucun problème.

 

Ressources pour apprendre les mélodies

Chant

Pour apprendre les mélodies du Psautier de Genève sans devoir être capable de lire les partitions, la meilleure ressource que je connaisse est le site Genevan Psalter. Il y a un lien en bas de la page pour télécharger tous les mp3 en un seul fichier zip si désiré. Les enregistrements sont faits à quatre voix, mais la mélodie est toujours la voix la plus aiguë. Les psaumes sont chantés en anglais, mais ils ont l’avantage d’user d’un tempo idéal pour le chant. Beaucoup des interprétations des psaumes du Psautier de Genève sont trop lentes ailleurs sur internet.

 

Musique

Pour simplement apprendre les mélodies sur une musique apaisante, je suggère la « playlist » youtube que voici.

 

 

Conclusion

Comme paraphrase poétique du texte des Psaumes, j’utilise l’ouvrage de Marc-François Gonin, « Les Pseavmes de David » et les ressources musicale nommées plus haut. Certains des psaumes sont plus adaptés pour les enfants que d’autres.  Les longs psaumes sont entrecoupés de pauses et peuvent donc être appris par section. Certains des airs sont plus accrocheurs que d’autres. Personnellement, j’ai débuté avec les psaumes, 34, 36 et 81 avec les enfants et ça fonctionne très bien.

Plusieurs psaumes sont imagés et interpellent les enfants. Je pense au « lion affamé » et au « vous enfants bienheureux » du psaume 34, ou aux « eaux qui ruissellent » du psaume 36. Les psaumes reviennent souvent sur les récits de l’AT; ils se jumellent bien à l’éducation biblique.

Les psaumes peuvent parfois nous paraître étranges. Quand on les chante, cette constatation s’amplifie. On peut se demander si ce sont réellement les psaumes qui sont étranges, ou si ce ne serait pas plutôt nous qui avons des choses à apprendre …

Certains de ces psaumes sont des prières. Quand nous les chantons, nous pouvons même les prier, mais plus encore, ils scellent la Parole de Dieu dans nos cœurs afin de nous donner les mots et les concepts nécessaires à nos propres prières. Par les psaumes, nous apprenons sur Christ et sur nous-même, mais plus encore, Christ nous apprend à prier.

 

« Les jeunes gens veulent-ils s’amender
Dans leur conduite ? Il faut qu’ils reconnaissent
Que ta parole est là pour les guider.
De tout mon cœur, je t’ai cherché sans cesse
Pour demeurer dans ton commandement ;
J’ai tant besoin que ta main me redresse.

J’ai serré ta parole assidûment
Au fond de mon cœur, car tout péché t’offense
Je voudrais tant servir fidèlement.
Eternel Dieu, ton nom plein d’excellence
Est à bon droit partout glorifié ;
Enseigne-moi tes saintes ordonnances »

Ps 119 :9 -12, versifié par  Bèze / Gonin

Nos psaumes versifiés ne sont pas un recueil destiné à être utilisé quelques minutes le dimanche et qu’on laisse dormir toute la semaine. C’est en vue du chant public que Marot et Bèze ont mis en vers les psaumes. La réception de leur oeuvre atteste que sa valeur dépasse de loin ce rôle fonctionnel. Pendant des générations, elle a été pour beaucoup un livre de chevet, mémorisé dans la jeunesse, dernier compagnon parfois des heures les plus sombres.

[…]

Considérer l’oeuvre de Marot et de Bèze comme une traduction de la Bible, comme une oeuvre littéraire majeure qui mérite notre respect dans sa globalité, c’est peut-être une petite révolution culturelle à laquelle le public des Eglises devrait être convié.

– Marc-François Gonin

 

 

Bibliographie:

 

 

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"Car le Dieu qui a dit : « Du sein des ténèbres brillera la lumière » a brillé dans notre cœur, pour que resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ." 2 Corinthiens 4:6