Le baptême en question #9 – De la relation entre le baptême et la nouvelle alliance

Question :
Quel est le lien entre le baptême et l’appartenance à la nouvelle alliance ?

 

 

 

Position pédobaptiste (Alexandre Sarran)

Le baptême chrétien est le signe extérieur d’inclusion dans la nouvelle alliance. La question est donc de savoir si des petits enfants peuvent faire partie de la nouvelle alliance.

L’expression « nouvelle alliance » tire son origine du livre de Jérémie, au chapitre 31. Dans ce passage, le prophète s’adresse au peuple d’Israël qui est en train de plier sous le châtiment de Dieu. Mais Jérémie annonce un rétablissement futur, d’une ampleur inouïe, qui viendra par le moyen d’une nouvelle alliance conclue entre Dieu et son peuple.

Bien que l’expression « nouvelle alliance » soit spécifique à Jérémie, les promesses qui sont attachées à cette alliance reflètent toutes les autres promesses d’un rétablissement radical et glorieux, adressées au peuple de Dieu dans l’Ancien Testament : promesses de pardon des péchés, de transformation du cœur, et de communion perpétuelle avec Dieu sur la terre (Dt 30.6 ; És 65.17-25 ; Éz 36.25-28 ; Mi 7.18-20, etc.).

Le Nouveau Testament établit le lien entre l’œuvre de Jésus et la réalisation de ces promesses. Toute l’espérance des pères se trouve satisfaite dans le messie, dans sa mort et sa résurrection. Abel, Abraham, Moïse, David, Jérémie, ont tous espéré la réconciliation avec Dieu et le rétablissement du monde (Hé 11) ; et le sang de la nouvelle alliance, qui est le sang du messie, a coulé pour que ces choses s’accomplissent (Lc 22.20 ; Hé 9.15).

Ainsi, la substance de la nouvelle alliance n’est pas différente de celle des alliances précédentes, puisque l’objet des promesses continue, foncièrement, d’être le même [1]. La nouvelle alliance est « nouvelle », non pas parce qu’elle promet quelque chose de nouveau, mais parce qu’elle le garantit par de meilleures dispositions. L’image et l’ombre se sont effacées devant la personne et l’œuvre du Christ, qui attestent infiniment mieux des promesses de Dieu (Hé 8.5-6).

Or le parachèvement de ce salut doit encore venir (2 Pi 3.13, par ex.). Une fois que le jugement dernier aura eu lieu, et que la Jérusalem céleste sera descendue du ciel, alors ce rétablissement radical et glorieux tant espéré par les croyants de l’Ancien Testament puis du Nouveau (Hé 11.39-40), sera pleinement et définitivement manifesté.

Alors tous, dans la cité de Dieu, auront la loi de l’Éternel écrite sur leur cœur ; tous seront son peuple ; et personne n’enseignera plus son prochain, en disant : « Connaissez l’Éternel ! », car tous le connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand (voir Ap 21-22).

En attendant, le peuple de la nouvelle alliance tel qu’il existe ici-bas est la continuité du peuple de l’alliance de grâce dans toute l’histoire (Rm 11.16-18 ; Ép 2.11-14 ; 1 Pi 2.9-10). Ce peuple n’est pas encore caractérisé par tout ce qui le caractérisera dans l’éternité ; c’est pourquoi ses membres ne se distinguent pas par leur régénération, mais par le lien formel d’alliance qu’ils ont avec Dieu [2].

Et comme on l’a déjà démontré dans les articles précédents, les petits enfants de foyers chrétiens ont ce lien d’alliance avec Dieu, et donc doivent en recevoir le signe extérieur qu’est le baptême d’eau !

 

 

Position crédobaptiste (Pascal Denault)

Seuls ceux qui sont baptisés font partie de l’Église (1 Co 12.13). Le baptême est le signe et le sceau visible donné pour marquer ceux à qui appartient le salut. Il est réservé à ceux qui ont été ensevelis avec Christ dans sa mort et à aucun autre (Rm 6.3-4). Être baptisé c’est revêtir Christ (Ga 3.27). Pour y avoir droit, il est nécessaire de produire du fruit digne de la repentance et de professer la foi en Jésus-Christ (Mt 3.7-11 ; Ac 2.38-41). Cependant, l’Église peut parfois se tromper en baptisant de faux-croyants, mais même dans ces cas elle ne doit baptiser que des personnes qui professent la foi (Ac 8.13).

Mais qu’en est-il du statut des faux croyants par rapport à l’Église? Font-ils partie de l’Église? La question du lien entre le baptême et l’appartenance à l’alliance, ou au peuple de l’alliance, nécessite des précisions ecclésiologiques : Qui fait partie de l’Église et sur quelle base? Les réformés conçoivent généralement que l’Église, ultimement, sera composée uniquement de ceux qui seront sauvés. Dans l’intervalle, cependant, plusieurs non-croyants peuvent s’amalgamer à cette communauté (Mt 7.21).

L’Église actuelle n’est donc pas entièrement pure puisqu’elle contient aussi des réprouvés. Cette mixité a conduit les réformés à faire une distinction entre l’Église visible (mixte) et l’Église invisible (pure). Tous les réformés, qu’ils soient baptistes ou pédobaptistes, acceptent cette distinction, mais ne l’expliquent pas de la même manière.

L’ecclésiologie pédobaptiste croit que l’Église visible et l’Église invisible sont deux Églises authentiques qui appartiennent à Jésus-Christ, pour autant elles n’ont pas la même destinée éternelle : ceux qui sont membres de l’Église visible seulement périront, ceux qui en plus de faire partie de l’Église visible sont membres de l’Église invisible auront la vie éternelle. Cependant, tous ceux qui sont membres de l’Église visible sont, d’après cette ecclésiologie, le peuple de Jésus-Christ… dont certains périront!

L’ecclésiologie baptiste, quant à elle, considère que la distinction entre l’Église visible et invisible ne renvoie pas à deux Églises distinctes, mais à deux perspectives sur l’unique Église du Seigneur : la perspective de l’homme (l’Église visible) et la perspective de Dieu (l’Église invisible). S’il est vrai que des non sauvés s’introduisent dans l’Église visible, il n’en demeure pas moins que « le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Tm 2.19) et ceux qui ne lui appartiennent pas n’ont aucun statut dans la Nouvelle Alliance et ils seront déracinés par Dieu puisqu’ils n’ont aucun statut légitime (Mt 15.13).

Le résultat sera le même à la fin, mais dans l’intervalle l’Église pédobaptiste normalise le statut de non-croyant à l’intérieur de l’Église visible, tandis que l’Église baptiste filtre les non-croyants à l’entrée de l’Église en réservant le baptême aux professions de foi crédibles.

 

 

  • Retrouvez l’ensemble de la série ici

 

 

 

Notes et références :

[1] La question de la continuité et de la discontinuité des alliances sera abordée dans le prochain article.

[2] Cela fait partie des éléments de continuité entre les alliances, que l’on verra dans le prochain article.

 

 

 

 

 

 

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