Le baptême en question #10 – Continuité ou discontinuité entre les alliances bibliques ?

Question :
Y a t-il une continuité ou une discontinuité entre les alliances bibliques ?

 

 

 

Position pédobaptiste (Alexandre Sarran)

Dieu traite avec les hommes par le moyen d’alliances, c’est-à-dire des accords, ou des contrats, conclus avec les hommes par l’intermédiaire d’un représentant. Adam (Os 6.7, Darby), Noé (Gn 9.9), Abraham (Gn 17.7), Moïse (Ex 24.8), David (Ps 89.4), ont tous été de tels représentants ou « médiateurs ». Jésus est l’ultime médiateur ; il représente son peuple dans la nouvelle alliance signée de son sang (Lc 22.20).

Toutes ces alliances au fil de l’histoire biblique procèdent du plan global de Dieu pour le salut des croyants et le rétablissement du monde. Ce projet de grâce s’exprime historiquement tout de suite après la chute de l’homme, sous la forme d’une promesse (Gn 3.15). Puis, tout au long de l’histoire, Dieu présente aux hommes le salut par le moyen de la foi, en vertu des mérites du Christ (Hé 11). Ce dispositif est appelé en théologie réformée : « l’alliance de grâce » (voir l’article n° 8 de la série).

Les différentes alliances bibliques (dites « historiques ») sont au service de cette unique alliance de grâce (dite « théologique »). Elles ont en commun le même objet. Dans ce sens, on les appelle des « administrations » de l’alliance de grâce. Elles s’enrichissent, se répondent et se complètent au fil de l’histoire, jusqu’à l’établissement de la nouvelle alliance, qui est l’apogée de cette révélation dans l’histoire (Hé 1.1-3).

Il y a donc naturellement, entre toutes ces alliances, à la fois des éléments de discontinuité et des éléments de continuité. Parmi les éléments de continuité, il y a notamment le fait que ces alliances sont conclues entre Dieu et un peuple visible, c’est-à-dire un groupe de personnes que l’on peut distinguer par leur relation externe à Dieu plutôt que par une réalité subjective impossible à diagnostiquer, telle que la nouvelle naissance. Il en est ainsi même dans la nouvelle alliance. Jésus a pu dire, par exemple : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. Cependant voici : celui qui me livre est à cette table avec moi. » (Luc 22.20-21) Judas était admis à la table de la nouvelle alliance alors qu’il était le fils de perdition (Jn 17.12) ! (Jésus l’appelle même « un démon » [Jn 6.70])

Autre exemple, dans l’épître aux Hébreux, l’auteur développe pendant plusieurs chapitres le thème de la nouvelle alliance en contraste avec l’ancienne alliance (chapitres 8-10). Or, dans ce contexte, l’auteur livre à ceux qui appartiennent à la nouvelle alliance, un des avertissements les plus glaçants de toute la Bible, contre l’apostasie (Hé 10.28-29).

Il est donc possible d’être dans la nouvelle alliance sans être né de nouveau. C’est un élément de continuité important, entre les alliances, pour comprendre pourquoi il faut baptiser les petits enfants de croyants. En effet, ce n’est pas la question de leur régénération ou de leur conversion qui se pose pour savoir s’ils doivent être baptisés, mais plutôt la question de savoir si Dieu les considère ici-bas comme appartenant à sa maison ou non (Mc 10.14 ; 1 Co 7.14 ; Ép 6.4).

 

 

Position crédobaptiste (Pascal Denault)

Il y a à la fois une continuité et une discontinuité entre les alliances bibliques. La continuité vient du fait qu’il n’y a qu’une seule alliance de grâce de la Genèse à l’Apocalypse. Bien entendu, l’alliance de grâce n’est pas présente de manière monolithique et uniforme du commencement à la fin, mais elle fut révélée « progressivement, jusqu’à sa révélation complète dans le Nouveau Testament » (Confession de 1689, 3.1).

Nous retrouvons la première révélation de l’alliance de grâce immédiatement après la chute dans la promesse de salut par la Postérité de la femme (Gn 3.15). Cette promesse sera développée au fil de l’histoire de la rédemption et servira d’infrastructure à toutes les alliances établies par Dieu (Ep 2.12). C’est sous la forme d’une promesse que Dieu révéla l’alliance de grâce à Abraham (Ga 3.16-18). L’accomplissement de cette promesse c’est la Nouvelle Alliance par laquelle les croyants sont fils d’Abraham (Ga 3.28-29, 4.28). Abraham lui-même fut sauvé en recevant l’héritage conféré par la Nouvelle Alliance puisque ce n’est que par celle-ci que l’héritage éternel a toujours été donné (Hé 9.15). La continuité alliancielle vient donc de la révélation de l’alliance de grâce qui était la Nouvelle Alliance promise dans l’Ancien Testament et accomplie dans le Nouveau.

Cependant, l’Écriture ne parle pas uniquement de « l’alliance » au singulier, mais aussi « des alliances » au pluriel (Rm 9.4 ; Ep 2.12). Il est vrai que toutes les alliances bibliques sont au service du plan de rédemption scellé dans l’alliance de grâce (c.-à-d. la Nouvelle Alliance), mais cela ne signifie pas que toutes les alliances ont la même substance et qu’elles sont toutes des administrations de la même alliance de grâce. Contrairement au fédéralisme presbytérien, le fédéralisme baptiste ne croit pas que l’Ancienne et la Nouvelle Alliance ont la même substance ni qu’elles ne diffèrent qu’en leurs circonstances externes.

L’Ancienne et la Nouvelle Alliance ne peuvent avoir la même substance puisqu’elles ne sont pas fondées sur les mêmes promesses (Hé 8.6-9). Seule la Nouvelle Alliance offre la vie éternelle, aucune autre alliance ne possédait cette promesse. Certes la vie éternelle fut offerte à Abraham, Moïse et David et le moyen de l’obtenir fut également révélé sous les alliances qui portent leurs noms. Cependant, ce ne fut jamais en vertu des alliances abrahamique, mosaïque ou davidique que la vie éternelle fut accordée aux croyants, mais en vertu de la Nouvelle Alliance promise et révélée sous ces alliances passagères en même temps qu’elles contenaient des éléments typologiques, mais étrangers aux réalités célestes (Ga 4.22-31 ; Col 2.17 ; Hé 10.1).

Il est donc impératif de définir la Nouvelle Alliance et le moyen d’y entrer sur sa propre base sans importer des éléments qui ne lui appartiennent pas ; par exemple l’entrée dans l’alliance par naissance naturelle. Ceci appartenait à l’essence de l’Ancienne Alliance, mais est étranger à la Nouvelle dans laquelle on entre exclusivement par une nouvelle naissance (Mt 3.9 ; Jn 1.12-13, 3.5-6 ; Rm 9.6-8). La question de la continuité/discontinuité des alliances est fondamentale puisqu’elle agit directement sur l’ecclésiologie.

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Retrouvez l’ensemble de la série ici

 

 

 

 

 

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