4 questions au Dr. Robert Caldwell sur Jonathan Edwards

Dans le cadre de notre série 4 questions, nous recevons le Professeur Robert Caldwell, Docteur en Histoire de la Théologie (Trinity Evangelical Divinity School), spécialiste de Jonathan Edwards, et actuellement professeur à Southwestern Baptist Thelogical Seminary.

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Guillaume Bourin (GB) : Professeur Caldwell, Jonathan Edwards est considéré comme l’un des penseurs les plus importants de l’histoire des États-Unis. Cependant, dans le monde francophone, peu le connaissent. Pourriez-vous brièvement nous le présenter ?

headshot-tm-robertcaldwellRobert Caldwell (RC) : Jonathan Edwards (1703–1758), était un pasteur et théologien américain qui a exercé son ministère dans les églises congrégationalistes de Northampton (1727–1750) et de Stockbridge (1751–1758), deux villes situées dans la fameuse colonie de la baie du Massachusetts. Il est connu pour son rôle important durant le Premier Grand Réveil, pour son sermon enflammé “Entre les mains d’un Dieu en colère” et pour sa défense innovante de la théologie réformée.

Edwards était marié à Sarah, à laquelle il était très dévoué, et ensemble ils furent parents de quatre enfants. Il fut aussi missionnaire parmi les Indiens Mohicans de l’ouest du Massachussets (dans les années 1750) et brièvement président de l’université du New Jersey (connue plus tard sous le nom de Princeton). Edwards est souvent considéré comme le plus grand théologien américain.

 

 

Lisez “le sermon le plus connu de l’histoire” :
>> Entre les mains d’un Dieu en colère <<

 

 

GB: Quelles sont les principales contributions de Jonathan Ewards à la théologie ?

RC: Elles sont nombreuses. Je vais en citer brièvement trois. Premièrement, il est connu pour son analyse pénétrante de la nature de l’expérience religieuse authentique. Il s’agit ici du fruit de son étude de la Parole et de ses expériences dans le ministère pendant le Premier Grand Réveil (à lire, son classique Treatise on the Religious Affections duquel un extrait est traduit en français sous le nom Une oeuvre du Saint Esprit : ses vrais signes).

Deuxièmement, son ouvrage Freedom of the Will (“La liberté de la volonté”) explique comment la volonté humaine, la responsabilité humaine, et l’évangélisation active peuvent cohérer avec une approche calviniste de la souveraineté de Dieu sur toutes choses, y compris sur nos choix. Ce livre précipita la création d’un école de théologie unique en son genre en Amérique du Nord, connue sous le nom de New Divinity Calvinism. Ce centre de formation vigoureusement revivaliste a contribué à la sensibilité missionnaire des Baptistes Particuliers d’Angleterre dans les années 1790.

Troisièmement, son étude sur The End for Which God Created the World (“La fin (ou le but) pour laquelle Dieu a créé le monde”) cherche à démontrer comment Dieu peut à la fois être centré sur Dieu (en cherchant sa propre gloire) et centré sur l’autre (en cherchant la joie et le bonheur des chrétiens). De même Dieu communique sa richesse à ceux qui lui appartiennent (sa sainteté, sa joie, son amour, et d’autres traits de caractère), ils participent davantage à ce que Dieu est, et ils sont toujours plus remplis de joie, d’amour, de plaisir et de satisfaction en Dieu. Ainsi, en cherchant à se communiquer lui-même à eux, il peut être “centré sur Dieu” et “centré sur l’autre” en même temps. Ce n’est plus qu’une seule et même chose.

 

 

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GB : Il est de notoriété publique qu’Edward était calviniste. Or cette doctrine est régulièrement associé avec l’idée d’une orthodoxie froide, voire morte. Cependant, vous l’avez mentionné, Edwards était l’un des principaux artisans du Premier Grand Réveil. Comment ses convictions réformées pouvaient-elles coincider avec cette emphase évangélique ?

RC : Historiquement, l’engagement dans la doctrine réformée a toujours été de pair avec une piété chrétienne riche et une emphase sur l’évangélisation. Il suffit de regarder la piété du puritanisme anglais, celle de la Naderer Reformatie Néerlandaise (la “Réforme en profondeur”), ou même les ministères d’individus comme George Whitfield ou Charles Spurgeon. Par conséquent, associer de la sorte le Calvinisme à l’anti-évangélisme ou à l’orthodoxie froide est inexact d’un point de vue historique, même si aujourd’hui beaucoup de chrétiens évangéliques font ce lien.

Le calvinisme d’Edwards ne l’a pas empêché d’appeler fermement les non-croyants à accepter Christ. Dans un message exceptionnel sur “L’excellence de Christ”, il lance :

« Que ce qui a été dit porte du fruit pour vous amener à aimer le Seigneur Jésus-Christ et pour le choisir comme votre ami et votre bien… Christ se donnera lui-même à vous, avec toutes ses nombreuses perfections, pour votre plaisir absolu et votre joie éternelle. Il vous traitera toujours comme son ami, et vous serez éternellement là où il est aujourd’hui. Vous contemplerez sa gloire, et vous demeurerez avec lui, dans la communion la plus intime et la plus joyeuse qui soit. »

 

(Re)Lisez ce classique :
>> Les résolutions de Jonathan Edwards <<

 

 

GB : L’un de vos domaines de prédilection est la pneumatologie de Jonathan Edwards. Qu’y a-t-il de spécial avec sa conception du Saint Esprit ?

RC : La doctrine du Saint Esprit d’Edwards est fascinante en ce qu’elle articule la continuité entre ce que les théologiens appellent “l’Esprit immanent” (l’Esprit tel qu’il est au sein de la Trinité) et “l’Esprit économique” (l’Esprit tel qu’il travaille à la création et à la rédemption, “en dehors” de la Trinité). Pour Edwards, le Saint-Esprit est littéralement l’amour divin et personnel qui lie le Père et le Fils ensemble dans la Trinité immanente.

Edwards soutient que le Saint-Esprit accomplit cette même tâche de relier ou d’unir les entités ou les personnes dans l’harmonie de l’amour divin. Par exemple, le Saint-Esprit est le lien d’unité des natures divine et humaine de Christ ; il est le lien d’unité qui joint le croyant à Christ dans le salut ; et il est le lien d’unité que les croyants partagent dans leur amour les uns pour les autres dans l’église. Ainsi quand les chrétiens communient avec Dieu dans la prière ou dans l’adoration et quand ils s’associent les uns avec les autres dans le service, ils participent à l’harmonie de la trinité divine. Ils grandiront et s’accroîtront pour toujours dans cet amour au fur et à mesure qu’ils grandissent dans la sanctification ici et dans la perfection du paradis.

 

Merci pour cet entretien !

 

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Retrouvez Robert Caldwell en anglais sur Theological Matters, le blog de la faculté SWBTS. Notez son excellente série sur les différentes dénominations évangéliques.

 

 

 

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