Comment la notion de vision biblique du monde pourrait changer votre vie chrétienne ?

L’expression « vision du monde » est utilisée pour décrire notre manière de voir le monde, notre façon d’interpréter les évènements qui nous entourent. Elle est donc comme une paire de lunette herméneutique de notre quotidien. Le premier à avoir utilisé ce terme semble être le philosophe Emmanuel Kant au XVIIIème siècle. C’est donc à la base un principe philosophique (d’où les quelques termes qui vont suivre pour montrer le lien) qui a par la suite été repris et adapté par la théologie, notamment grâce à Abraham Kuyper dans les années 1800 .
Mais elle n’est pas simplement un système de pensée philosophique ou théologique. Au contraire, notre vision du monde est enfouie au plus profond de nous, tellement que la plupart des personnes ne sont même pas conscientes d’en posséder une – alors que chacun a une vision du monde, qu’il le veuille ou non. Mais en prendre conscience maintenant est capital, car notre vision du monde dévoile ce qui se cache au plus profond de notre cœur. Elle est l’ancre profonde de notre réalité (métaphysique) et de ce qui est pour nous la vérité (épistémologie). Ainsi donc, si notre vision du monde est basée sur la Bible comme seule source d’autorité, nous pouvons par conséquent parler de vision biblique du monde. En tout cas, toute vision du monde tente de répondre à quatre grandes questions que l’humanité se pose depuis le commencement et qui sont 1) Qui suis-je ?, 2) Où suis-je ?, 3) Quel est le problème ?, et 4) Quelle est la solution ?
De plus, une vision du monde est toujours unique puisqu’il y a toujours un aller/retour entre notre vision du monde et la société dans laquelle nous vivons. Par exemple, deux chrétiens français de la même tradition d’église et de la même génération ne verront pas le monde de la même manière suivant qu’ils ont été élevés dans une famille monoparentale ou non, ou bien si l’un a grandi dans un quartier défavorisé alors que l’autre s’est construit au sein d’une famille aisée – leur rapport à l’économie sera différent. Et c’est là que l’on voit l’importance de prendre conscience de cette notion, car ma vision du monde va également influencer mes valeurs (axiologie), et par conséquent mes actes. Ce qui se passe à l’intérieur de moi va se traduire à l’extérieur de moi. Le monde qui m’entoure influence ma vision du monde (elle n’est donc pas figée), influençant ainsi mes actes, qui influenceront à leur tour le monde dans lequel je vis. Mais bien qu’une vision du monde ne soit pas rigide, on ne peut pas non plus tricher avec : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Si vous êtes quelqu’un de colérique, vous aurez beau faire bonne figure devant tout le monde, quand un évènement inattendu qui vous énerve se mettra au travers de votre chemin vous vous mettrez en colère, que vous le vouliez ou non. Je peux donc dire que je sais ce que vous croyez à la manière dont vous vivez.
Et c’est là que le point important se fait jour pour les chrétiens que nous sommes. En tant que disciple du Christ, je dois faire attention à la société et à la culture dans laquelle je vis et qui est la plupart du temps en opposition aux commandements bibliques, me conduisant d’épreuves en tentations diverses et variées. Mais positivement, je sais aussi maintenant qu’en tant que chrétien, je peux et je dois avoir une influence sur la monde qui m’entoure : être sel et lumière comme le disait Jésus (Mt 5.13-16). Une vision biblique du monde tentera donc de répondre aux quatre grandes questions vues précédemment et pourra ainsi se résumer dans le schéma Création-Chute-Rédemption, tout en sachant que la notion de Rédemption appelle la notion d’Alliance afin d’y être intégrée, et que le médiateur de cette Alliance n’est autre que Jésus-Christ.

Son impact sur la vie chrétienne

Prendre conscience de notre vision du monde aura donc un impact important sur notre vie chrétienne. En effet, elle a une dimension holistique / intégrale qui va influencer toutes les sphères de notre vie : éducation, arts, économie, politique, écologie, philosophie, éthique, sociologie, anthropologie, technologie, psychologie, ou encore des notions comme la liberté ou la culture, …et même notre théologie !
Il va donc falloir que nous fassions un petit travail d’introspection pour voir si notre vie est en cohérence interne dans tous ces domaines, car nous nous devons d’être en cohérence avec nous-mêmes. Par exemple, je ne peux pas croire que Dieu est le Créateur de toute chose et aller jeter mes sacs poubelles dans la forêt comme le font certains parce qu’ils ne veulent pas payer d’abonnement à la déchetterie ! Cette recherche de cohérence dans notre vie nous amènera donc à une certaine sagesse et a une maturité qui nous aideront également à grandir dans notre sanctification. Mais comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, notre vision biblique du monde et cette cohérence interne recherchée auront un reflet sur nos valeurs (éthiques et esthétiques par exemple), et ultimement sur nos actes extérieurs, car nous faisons toujours ce que nous croyons. Notre vision biblique du monde devrait donc être par conséquent le témoignage d’une vie transformée par le Christ, sous l’action du Saint-Esprit, au travers de la lecture de la Bible (2Co 3.18). La manière dont ma vision biblique du monde me poussera à vivre devrait amener le monde qui m’entoure (mes voisins, mes collègues de travail, les autres parents d’élèves, mon boulanger ou ma coiffeuse, mes amis non-chrétiens, etc.) à se poser des questions. Qu’ils se disent : « Ouah, je ne sais pas exactement pourquoi, mais je vois bien que sa vie n’est pas comme la mienne, que ses réactions ne sont pas comme les miennes dans les mêmes conditions. Moi aussi j’aimerai connaître cela. Il faut que je lui demande comment il fait ».
Et c’est ici que nous voyons qu’une vision biblique du monde à un lien fort avec ce que nous appelons l’apologétique (l’annonce et la défense de notre foi). En effet, nous pourrions donner la définition suivante de l’apologétique : « Une démonstration en paroles et en actes, dans toutes les dimensions de la vie, d’une vision biblique du monde, face à toutes les visions du monde non-chrétiennes » . Grâce à cette compréhension de cette notion de vision biblique du monde, notre vie entière devient une démonstration, aussi bien dans ce que l’on dit que dans ce que l’on fait, de ce que Christ a accompli sur la croix en notre faveur. Nous devenons une démonstration vivante de la grâce de Christ en faveur de l’humanité pécheresse. Notre vie amène le monde à regarder à Christ. L’apologétique, la vision biblique du monde, la vie chrétienne, ce n’est donc pas juste ce que l’on fait, mais avant tout ce que l’on est. Nous ne faisons pas chrétiens, nous sommes chrétiens. Vivons la vie que Christ nous a donnée et pour laquelle il est mort ! Entrons pleinement dans notre vocation, non pas pour rechercher un Salut par les œuvres, mais parce que Christ nous a sauvé pour ça (Ep 2.10).

Le problème du dualisme

Mais il existe un problème qui s’oppose à une vision cohérente du monde, même à une vision biblique, et je veux parler du dualisme. Ce problème se pose même pour nous qui sommes chrétiens, car comme nous l’avons souligné au début de cet article, notre culture influence notre vision du monde, qu’on le veuille ou non. Le problème du dualisme se pose donc à nous dans notre société française – et plus largement occidentale – s’est construite sur l’héritage des latins qui eux-mêmes reposaient en grande partie sur la culture grecque façonnée par des grands philosophes comme Platon ou Aristote qui avaient une pensée fortement teintée de dualisme. Pour faire très simple et schématique, le dualisme fait une séparation plus ou moins stricte entre le profane et le sacré, entre le terrestre et le religieux, entre la matière et l’esprit.
C’est ainsi que pour beaucoup de dualistes, tout ce qui est de la chair et physique est mauvais, corrompu, faible (conduisant au légalisme ou au laxisme), alors que ce qui est spirituel et céleste est bien supérieur, un idéal à atteindre. Et un exemple simple se retrouve au sein des foyers français pour qui faire un apprentissage ou un bac professionnel est une voie de garage ou une option pour les cas désespérés, alors que les filières scientifiques ou littéraires, et l’université pour devenir psychologue ou médecin sont les buts à atteindre pour réussir sa vie. Ce qui est une erreur : comment le chirurgien pourrait-il faire son « important » travail si le technicien n’était pas venu préalablement installer son précieux matériel ? Le technicien n’a-t-il pas – dans une certaine mesure – lui aussi participé à sauver des vies ? Le gnosticisme, le manichéisme, le pélagianisme, le catharisme, le satanisme, les Témoins de Jéhovah, ou encore le New-Age sont tous des formes de dualisme.
Et malheureusement ce problème se retrouve dans l’Eglise du fait d’une trop grande inculturation. En effet, les premiers grands théologiens suivaient une forte formation philosophique durant leurs études, ce qui immanquablement a teinté leur théologie, à l’image d’Augustin et son platonisme dans l’Antiquité ou de Thomas d’Aquin et son aristotélisme au Moyen-Âge. Sa théologie naturelle entraînant au fur et à mesure des siècles une distinction plus grande entre le naturel et le surnaturel, dont les philosophes des Lumières se feront les champions à l’image de Kant et de ses concepts de phénoménal et de nouménal. Aboutissant aujourd’hui à une séparation stricte de la philosophie et de la théologie, de la science et de la foi, de la croyance personnelle et de l’empirique universel, des lois naturelles et des miracles providentiels. Mais la Providence, c’est le surnaturel qui agit dans le naturel.
Tout est surnaturel ! Et cette distinction n’a pas laissée la religion chrétienne intacte, comme le prouve la séparation dans certaines dénominations d’Eglises entre le prêtre et le laïque, le pasteur et ses membres. Même au sein de la pratique de notre foi, combien vivent une foi chrétienne le dimanche matin et font comme le monde le reste de la semaine. La semaine on travaille et le dimanche on s’habille bien pour aller au culte. On chante des louanges pendant une heure, on écoute un message qui se réduit de plus en plus en peau de chagrin, et on rentre chez soi reprendre ses occupations séculières sans mettre en pratique le sermon « moyen » de celui qui s’est donné la peine de préparer un message. On fait de l’évangélisation deux heures le samedi matin une fois dans le mois, mais on ne parle pas de Jésus le reste du temps. L’annonce de l’Evangile n’étant plus quelque chose à être, mais un créneau horaire dans notre agenda où on essaye de se rendre régulièrement si on a le temps, des fois simplement pour avoir bonne conscience. Le dimanche matin on sort un verset biblique à un frère ou une sœur dans la détresse, et le lundi matin en arrivant au boulot on raconte une bonne blague « bien grasse » à ses collègues pour faire comme tout le monde.
Le peuple d’Israël aussi a demandé à Dieu un roi comme tout le monde, lisez le livre de 1 Samuel pour savoir ce qu’il s’est passé ! Moi qui enseigne dans une école chrétienne, j’entends souvent les remarques de frères et sœurs qui ne comprennent pas l’intérêt de créer de telles écoles et quel rapport il peut bien y avoir entre parler de Dieu pour commencer la journée et faire de l’Histoire-Géographie. Mais c’est oublier que les disciplines scolaires découlent de Dieu lui-même. Je ne colle pas Dieu comme un post-it sur mon cours, mais je montre aux enfants comment celui qui a créé le temps et les nations s’est incarné un jour pour entrer dans notre histoire, et comment il continue à chaque instant d’agir sur celle-ci par le biais de sa Providence. Nous confessons souvent que Dieu est Souverain, mais comprenons-nous vraiment ce que cela veut dire et implique ? Soit il est Souverain, soit il ne l’est pas. Mais si Dieu est Souverain, il l’est totalement, absolument. Rien de ce qui existe n’échappe à sa souveraineté, pas même le monde déchu, ni le non-chrétien, ni les mathématiques, ni votre travail séculier.
Tout lui appartient, et vous devez lui rendre la gloire qui lui revient en tout temps, dans tout ce que vous faites (2Co 10.5). Avoir une pensée dualiste tout en confessant la souveraineté de Dieu est donc une totale incohérence dans votre vision biblique du monde, un contre-témoignage dans votre vie chrétienne que tous les non-chrétiens voient, tuant ainsi votre témoignage verbal. Cherchez toute forme de dualisme dans votre vie, car maintenant que vous êtes au courant, il n’y a plus d’excuses ! Partez toujours de Dieu, et non de vous-mêmes ou des choses créées ! Mettez à mort le dualisme dans votre vie !

Les autres visions du monde

Mais si nous parlons de vision biblique du monde cela implique qu’il y a d’autres visions du monde qui ne sont par conséquent pas bibliques. Le but n’est pas ici de les lister toute ni même d’en faire un descriptif (Google se fera un plaisir de vous aider si vous désirez approfondir cela), mais juste de nommer les visions du monde que vous risquez de rencontrer le plus fréquemment autour de vous.
Vous entendrez donc parler de relativisme, de modernisme, de postmodernisme, d’humanisme, de matérialisme, de communisme, de socialisme, de fascisme, de bouddhisme, de judaïsme, d’hindouisme, d’islam, de transhumanisme, d’économisme, d’évolutionnisme, de minimalisme, ou même maintenant de véganisme et de spécisme. Il est intéressant de connaître les grandes lignes de ces visions du monde, car votre objectif en tant que disciple du Christ, va être de découvrir la vision du monde de la personne avec qui vous êtes en train de discuter afin de lui démontrer qu’une vision biblique du monde est la seule qui soit réellement capable de lui donner une réponse cohérente aux quatre grandes questions qu’il se pose.
En effet, comme le disait le grand apologète Cornelius Van Til, toute vision du monde qui n’inclue pas Dieu arrive toujours à un moment donné à une contradiction. Le non-chrétien est donc par définition inconséquent avec lui-même, ce qui créé en lui une tension. Et qu’il en soit conscient ou non, plus il essayera d’éliminer cette tension, ce mal-être interne, plus il s’éloignera de la réalité. Notre rôle ne sera donc pas tant de l’assommer avec des arguments tout faits (même s’ils pourront être utiles par la suite) que de mettre le doigt sur ce point de tension, non pas pour lui prouver que Dieu existe, mais plutôt pour lui montrer qu’il est impossible que Dieu n’existe pas (ce que Van Til appelait « l’impossibilité du contraire »). Non pas simplement pour défendre notre foi, mais aussi pour l’annoncer et le confronter. Non pas juste pour lui prouver « que le Christ est non-coupable, mais qu’il est aussi innocent » comme le dit mon professeur Yannick Imbert.
Bien entendu, cela va demander du temps et beaucoup de discussions pour discerner la vision du monde de notre interlocuteur, ce qui implique un minimum d’intérêt pour la personne et donc aussi de l’amour. Ce qui veut dire aussi que nous serons amenés à revoir régulièrement cette personne et donc à créer une relation personnelle avec elle. Il va par conséquent falloir qu’il y ait un point de contact entre nous, entre moi qui suis chrétien et lui qui ne l’est pas. Ce qui nous amène aux fondements théologiques de toute cette discussion. 1) Nous sommes tous créés « à l’image de Dieu », 2) Nous vivons tous dans la même réalité qui est la Création de Dieu, qu’on le veuille ou non, 3) Nous sommes tous totalement pécheurs, et 4) Dieu limite les effets du péché dans notre vie (y compris notre intelligence et notre raison) par sa grâce commune.
Ce qui explique pourquoi un non-chrétien peut être un grand savant ou un artiste réellement doué tout en étant séparé de Dieu (ce que Van Til appelait encore le « capital emprunté »). A partir de là, nous devrons donc cerner quels sont les présupposés de la personne avec qui nous discutons afin de tenter de saisir quelle est sa vision du monde (attention aux jugements hâtifs et aux étiquettes) et de mettre le doigt sur cette fameuse contradiction. Ce n’est qu’après avoir déconstruit cette mauvaise vision du monde que nous pourrons aider la personne à se reconstruire sur une vision biblique du monde en lui annonçant l’Evangile (Jr 1.10).

Tentative de réponse chrétienne au dualisme

Mais il est maintenant temps de donner quelques pistes pour répondre au dualisme ambiant. Déjà, nous pouvons relever le caractère eschatologique de la foi chrétienne et donc d’une vision biblique du monde. En effet, le chrétien est déjà saint bien qu’il soit toujours pécheur, il a déjà la vie éternelle avec Jésus-Christ bien qu’il soit toujours soumis à la mort, il vit dans le temps présent bien qu’il soit « déjà » entré dans l’âge à venir, il est régulièrement persécuté bien qu’il soit déjà vainqueur, etc.
C’est tout cela qui fait l’espérance chrétienne, cette tension entre le « déjà » et le « pas encore ». Ensuite, nous pouvons parler du thème du Royaume de Dieu. Dieu règne sur tout l’univers en tant que Créateur de toute chose, il est souverain et juge sur le chrétien comme sur le non-chrétien, qu’on le croit ou pas. Mais le Royaume de Dieu couvre une autre sphère qui est celle du Salut, et seuls les véritables chrétiens sont résidents de ce Royaume-là. C’est à entrer dans ce dernier que les disciples du Christ appellent les non-chrétiens à venir par le bais de l’annonce de l’Evangile, au moyen de la repentance et de la foi en Jésus. De plus, on peut remarquer la dialectique individuelle et collective attachée au Salut qui accompagne cette manifestation du Royaume.
En effet, nous sommes appelés à annoncer l’Evangile pour sauver des âmes individuellement afin que ces dernières soient incluses collectivement dans le corps que forme l’Eglise. C’est bien aussi le péché individuel d’Adam qui a condamné l’humanité entière. Aussi, quand nous devenons chrétiens nous adoptons une théologie trinitaire. Cornelius Van Til affirme qu’alors notre perspective de raisonnement et notre réalité changent après notre conversion. Nous passons d’une métaphysique classique à une métaphysique trinitaire. Ce qui était pour nous auparavant une contradiction devient maintenant un paradoxe acceptable et nécessaire. Et pour finir, nous voyons également qu’il n’y a pas de dualisme entre le mandat culturel (Gn 1.28) que Dieu a donné à l’homme et qui concernerait le profane, et le mandat missionnaire (Mt 28.19) que le Christ a donné à ses disciples et qui concernerait le spirituel.
En effet, si Dieu est Trinité, alors ce que le Père donne le Fils le donne également, et inversement. D’ailleurs les deux ne peuvent s’accomplir sans l’aide du Saint-Esprit. De même, il n’y a pas plus de dualisme entre notre amour pour Dieu et notre amour pour le prochain. Les deux tables de la Loi ne se résumant finalement qu’en deux commandements inséparables et équivalents qui sont d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée, de toute sa force, et son prochain comme soi-même (Mt 22.36-39).

Conclusion et applications

Pour conclure, nous pouvons finalement voir toute la pertinence de cette notion de vision biblique du monde qui n’est pas juste un simple système de pensée abstrait, mais qui a – au contraire – un réel caractère dynamique avec des implications concrètes et pratiques. Découlant de cette théologie trinitaire que nous avons évoquée, elle nous permet de vivre l’unité dans la diversité, et donne une cohérence et une intégralité à notre vie chrétienne. Elle nous aide à entrer pleinement dans notre vocation et à vivre ce que Martin Luther appelait le « sacerdoce universel » des croyants au travers des trois offices de roi, de prêtre, et de prophète.
Elle nous aide et nous pousse dans l’accomplissement de notre double mandat de disciple et de témoin dans le monde, de serviteur du Christ et de roi à ses côtés, régnant « déjà » avec lui bien que ce ne soit « pas encore visible » par tous, mais seulement par les yeux de la foi (2Co 5.7). Elle est également une arme et un bouclier pour le chrétien face aux épreuves et aux tentations, un moyen pour réveiller l’Eglise et étendre le Royaume de Dieu. Elle est un remède pour une vie chrétienne centrée sur la Bible et christocentrique. Et elle est finalement un moyen de radicalisme et d’hédonisme. Je sais que ces deux derniers mots ne sont guère appréciés ni par les chrétiens en particulier ni par le monde en général. Mais cultiver une vision biblique du monde devrait nous amener à être plus radical dans notre vie chrétienne, dans le sens positif du terme, en aidant les chrétiens à assumer qui ils sont en Christ, et à vivre plus pleinement cette vie nouvelle que le Christ leur a accordé par sa mort et le don de la foi.
Mais aussi à un véritable hédonisme chrétien comme le dit John Piper, c’est-à-dire à une joie profonde de pouvoir aimer, louer, et servir Dieu et ses frères et sœurs dans l’Eglise, car nous savons que nous avons été créés par Dieu et pour Dieu, que nous sommes dans sa Création en tant que corégents, et que malgré le péché qui nous condamnait nous sommes maintenant pleinement restaurés dans nos relations avec Dieu, avec nous-mêmes, avec les autres, et avec la Création. Et voilà qu’en Jésus-Christ, les quatre grandes questions de départ ont trouvé leur seule et unique réponse.
Comprenons et enseignons cela pour sa gloire !

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Renaud Genevois est pasteur à l’Église Perspectives de Colmar. Avant cela, il a été enseignant dans des écoles chrétiennes durant plusieurs années. Il a étudié à l’Institut Biblique de Genève et à l’Institut Supérieur Protestant à Guebwiller. Il prépare actuellement un master de théologie à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence. Renaud est allé plusieurs fois en Afrique enseigner dans un institut biblique et former des enseignants chrétiens. Il écrit régulièrement pour le Bon Combat.