Charles Spurgeon sur les dangers qui guettent ceux qui ont de l’argent
Article de Christian Georges publié le 12 octobre 2016 sur le Spurgeon Center for Biblical Preaching at Midwestern Seminary.
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Charles Spurgeon se tenait un jour aux côtés de son ami américain, William Hatcher, dans une calèche. Alors qu’ils approchaient de son orphelinat, Spurgeon pointa son doigt par la fenêtre : « Regardez au loin, dit-il, voici ma banque, dans laquelle je prends de l’argent pour subvenir aux besoins de ma grande famille de cinq cent enfants. »
Hatcher le suivit du regard mais ne vit aucune banque.
« Juste ici, » continua Spurgeon en désignant une plaque au mur. On pouvait y lire : « Jehovah Jireh » (l’Eternel pourvoira). « La voici, ma banque. Jamais elle ne ferme, jamais elle ne s’épuise. Jamais mes enfants n’ont manqué de vêtement ou de nourriture, et je peux affirmer sans crainte qu’ils n’en manqueront jamais. » [1]
C’est après une visite à George Müller, en 1855 que Spurgeon se sentit pour la première fois appelé à construire un orphelinat. « Jamais, de ma vie, je n’avais entendu pareille prédication, » avait-il alors déclaré. Lorsqu’on lui demanda de dire quelques mots après le message de Müller, Spurgeon avait répondu qu’il en était incapable car « il avait pleuré tout le long de la prédication ».
Plus tard, Spurgeon dit à propos de Müller :
Simplement en cherchant la volonté de Dieu, Müller a, il me semble, rassemblé environ 17 000 livres pour la construction d’un nouvel orphelinat. Lorsque je vois cela, je me dis : et si nous nous mettions à croire à la puissance de la foi ? Et si nous tentions de rassembler les fonds nécessaires à la construction d’un lieu dans lequel les personnes assoiffées de la Parole de Dieu pourraient venir l’entendre ? Nous aurions alors un tabernacle de foi, et un orphelinat de foi. Dieu nous a mis cela à cœur, et que gloire lui soit rendue.
Effectivement, cela venait de Dieu. Environ onze ans plus tard, Madame Hillyard, veuve d’un pasteur d’une église anglicane, lui fit don de 20 000 livres. Et elle ne fut pas la seule. D’autres personnes surgirent de toutes parts pour apporter un soutien financier aux projets de construction d’un orphelinat et au développement d’autres opportunités de ministère dans la ville.
« Le collège pastoral est rémunéré par les offrandes volontaires des enfants de Dieu. Nous n’avons pas de donateurs attitrés, mais beaucoup de nos amis nous apportent de l’aide à intervalles réguliers. »
La cause sous-jacente de la droiture de Spurgeon face à l’argent était celle-ci : son but n’était pas d’en récolter, mais d’en donner. Plus il était généreux, plus le Seigneur lui donnait de quoi se montrer généreux. Plus il vidait ses poches, plus Dieu les remplissait. Spurgeon est mort pauvre car il s’était rendu compte que sa propre richesse ne lui appartenait pas.
« Lorsque l’on fait l’effort de donner à la pelle, Dieu nous le rend à la charrette. »
Mais face à tout l’argent qui était à sa disposition, la tentation de la richesse s’est logiquement présentée à lui. Voici quelques-unes de ses citations sur le danger de l’amour de l’argent, trouvées dans son propre portefeuille.
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« Plus un homme a de richesses, plus il a de difficultés. »
« Il est bien rare qu’un homme ait autant d’argent à portée de main, sans qu’un peu de cet argent ne lui colle aux doigts. Car ainsi est l’argent. Et s’il s’attache à vos mains, elles ne sont plus propres devant Dieu. Si un homme n’apprend à user de son argent sans en abuser, s’il le considère comme un trésor qui lui est donné plutôt que comme un talent qu’il doit faire valoir, bien vite, ce qu’il en résulte, c’est que plus il a de richesses, plus il a de difficultés. »
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« Si un homme tombe parce qu’il est pauvre, non loin de lui, cinquante tombent parce qu’ils sont riches. »
« Le Seigneur utilise d’autres méthodes pour ceux qui le servent. Je suis convaincu qu’il choisit bien souvent de nous mettre à l’épreuve au travers des bénédictions qu’il nous accorde. C’est un fait que beaucoup négligent trop volontiers. Que celui auquel Dieu accorde des richesses se prépare aux épreuves qui accompagnent sa nouvelle condition ! Car, si un homme tombe parce qu’il est pauvre, non loin de lui, cinquante tombent parce qu’ils sont riches. »
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« Il est difficile de garder près de soi ses richesses et loin de soi son péché. »
« La chute de l’homme provient de son désir irrépressible de s’élever. Il est difficile de garder près de soi ses richesses et loin de soi son péché ; pourtant, d’aucuns savent combien il est difficile de devenir riche. Toi qui es prospère, sois prudent ! Ta richesse n’est plus une bénédiction si tu la multiplies sans multiplier la grâce. »
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« Le bonheur réside dans le cœur, non pas dans la bourse. »
« Mieux vaut être heureux que riche. Le bonheur réside dans le cœur, non pas dans la bourse. Le bonheur ou le malheur d’un homme dans cette vie et dans l’autre dépend de ce qu’il est, non pas de ce qu’il a. »
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« Les mites dévorent tous nos vêtements, mais elles volent en premier lieu à nos plus belles et plus chères fourrures. »
« Il a été démontré que notre fascination pour la richesse est telle qu’il devient très ardu pour ceux qui la détiennent de continuer à marcher droit. Cela est tout particulièrement vrai lorsque la fortune est soudainement acquise. Car alors, à moins que la grâce ne l’en empêche, l’orgueil se lève, et l’homme honorable dans la pauvreté devient méprisable dans la richesse. L’orgueil peut parfois être habillé d’un vieux manteau élimé, mais il se préfère bien souvent enveloppé de la plus belle flanelle du marchand ; les mites dévorent tous nos vêtements, mais elles volent en premier lieu à nos plus belles et plus chères fourrures. »
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« Point de grâce dans le gâchis. »
« Celui qui n’économise pas quand il a ne le fera évidemment pas quand il n’aura plus. Point de grâce dans le gâchis. La modération est un devoir ; la frivolité, un péché. »
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« Une richesse partagée fait du bien autour de nous, un magot caché nous rend captifs du malheur. »
« Cherches-tu seulement le bonheur ? Il ne réside pas dans l’investissement, s’agisse-t-il d’obligation ou d’emprunt hypothécaire, d’actions ou de débentures, d’or ou d’argent. Ces choses sont certes profitables. Elles peuvent, d’une certaine manière, promouvoir le bonheur. Utilisées comme moyens de générer du bien-être, elles peuvent devenir des bénédictions, mais accréditées d’une valeur intrinsèque, elles peuvent nous dévorer comme un ulcère. Une richesse partagée fait du bien autour de nous, un magot caché nous rend captifs du malheur. Celui qui demeure près de son trésor se rend fatalement malheureux. »
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« Exprime ton empathie – en mettant la main à la bourse. »
« Exprime ton empathie en mettant la main à la bourse. L’empathie pratique et pécuniaire est plus utile que de vaines paroles. »
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« Il est toujours difficile de voir notre argent nous quitter comme un serviteur qui change de maître ; il est pourtant bien pire de le voir s’installer et devenir notre maître. »
« Il est toujours difficile de voir notre argent nous quitter comme un serviteur qui change de maître ; il est pourtant bien pire de le voir s’installer et devenir notre maître. Nous nous devons, comme le dit le pasteur John Ploughman, de ‘trouver le juste milieu’ et de ‘ne jamais être trop dépensier ou trop pingre’ ».
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« Combien d’entre nous ont fait de l’argent leur dieu ? »
« Combien d’entre nous ont fait de l’argent leur dieu, et dans leur joie de tant posséder, ont sombré, entraînés par leurs plaisirs mondains ? »
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« Ce qui nous coûte le plus est ce qui a le plus de valeur. »
« Souviens-toi : plus il t’est difficile d’amener une âme à Christ, plus la joie que tu en éprouveras sera grande. Douce sera alors ta récompense, lorsque tu pourras te dire en toi-même : « J’ai connu les douleurs de l’enfantement pour cette âme. » Tu t’en délecteras d’autant plus que ton esprit aura été dans la douleur. Je suis certain d’une chose : ce qui nous coûte le plus est ce qui a le plus de valeur. »
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« Troquons comme bon nous semble, mais gardons-nous de vendre notre foi. »
« Plutôt mourir plutôt que de vendre son âme au plus offrant. Plutôt mourir de faim comme un honnête homme que de s’engraisser comme un hypocrite. Troquons comme bon nous semble, mais gardons-nous de vendre notre foi. »
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« Tout ce que nous possédons ici-bas est à Dieu. »
« Le confort que nous avons sur cette terre ne nous a pas été octroyé pour toujours, comme par une sorte de contrat inviolable. Tout nous est prêté, jamais donné. Tout ce que nous possédons ici-bas est à Dieu ; il nous a tout prêté, et il est donc en droit de tout nous reprendre. »
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« A quoi bon un cercueil paré d’or pour une âme damnée ? »
« La richesse est une bonne chose. Mais si tu y places ton cœur, tu risques de la trouver vide de sens. Prospère, pourvu que tu demeures intègre. Car, « que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? » À quoi bon un cercueil paré d’or pour une âme damnée ? Quel trésor, si grand soit-il, saurait apaiser le malheur qu’est le fait d’être chassé de la présence de Dieu ? »
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« Ceux qui ne donnent jamais pour l’œuvre de Dieu resteront pauvres. »
« Ceux qui ne donnent jamais pour l’œuvre de Dieu resteront pauvres. Dieu n’oublie pas la moindre de nos œuvres ; le travail fait pour les pauvres et pour ceux qui sont dans le besoin mérite également son salaire ; non pas un salaire de doute, mais un salaire de grâce. »
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« Pour recevoir, il faut donner. »
« Apprenons, en regardant la nature, cette grande leçon : pour recevoir, il faut donner ; pour amasser, il faut semer, pour être heureux, il faut rendre les autres heureux. »
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« Celui qui donne avec joie évolue harmonieusement dans la création de Dieu. »
« Tout, dans ce monde vit par le don, excepté l’homme attaché à ses richesses. Mais un tel homme n’est alors qu’une poussière dans l’engrenage ; il n’a pas sa place dans l’univers. Celui qui donne avec joie, en revanche, évolue harmonieusement dans la création de Dieu. Il est en accord avec les lois naturelles de Dieu, qui, par conséquent, l’aime ; car il voit en lui son propre travail. »
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« Donner généreusement n’est pas donner beaucoup, mais faire en sorte qu’il nous reste peu. »
« Donner généreusement n’est pas donner beaucoup, mais faire en sorte qu’il nous reste peu. Les deux petites pièces de la veuve ont eu pour Christ bien plus de valeur que n’importe quelle offrande conséquente. »
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« Une épouse vertueuse et une bonne santé sont toute la richesse qu’un homme doit espérer. »
« Une épouse économe vaut bien mieux qu’un bon salaire. Une épouse vertueuse et une bonne santé sont toute la richesse qu’un homme doit espérer. Bénies soient nos épouses ! Que ferait-on sans elles ? »
[1] Along the Trail of the Friendly Years, p. 249.