Pasteurs, comment pouvez-vous renouveler vos prédications ? Bryan Chapell répond

Cette question et la réponse apportée par Bryan Chapell sont extraites du livre Courir avec persévérance (BLF, 2020).

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Cher Pasteur Bryan,

Je suis en train de traverser la « crise du prédicateur ». J’ai l’impression que mes prédications se ressemblent chaque semaine quel que soit le passage de l’Écriture sur lequel je travaille: trois parties et la citation d’un vieux cantique. Je ne sais pas si mon assemblée s’en est lassée, mais moi, oui. Que je parte de 2 Corinthiens, 2 Chroniques ou de tout autre livre, je prêche quelques principes importants  et  des  applications  «  bateau  »  déjà  rebattues.  Que  faire? Quelles prédications textuelles peut-on sortir de Daniel ou Ruth, par  exemple,  sans  tomber  dans  un  discours moralisateur? Ou sans les prêcher comme s’il s’agissait de Colossiens ou Romains?

Jusqu’à présent, mon assemblée me supporte patiemment, mais cela doit ressembler à la même rengaine à chaque culte, j’en suis certain. Des conseils pour me renouveler? Comment prêcher la narration historique différemment des Épîtres pastorales? J’apprécierais les recommandations de votre sagesse éclairée… et mon assemblée aussi.

Bénédictions en Christ,
Un pasteur qui s’ennuie lui-même

Cher pasteur qui vous ennuyez vous-mêmes,

Je  comprends  tout  à  fait  votre  préoccupation.  On  raconte qu’un  prédicateur  avait  délivré  la  même  prédication  trois  dimanches de suite. Craignant qu’il ne se répète le quatrième dimanche, les anciens de l’Église lui ont demandé de s’expliquer. Il a répondu: « Quand vous finirez par vous conformer aux exigences de ce passage, je passerai au suivant ». L’anecdote fait sourire, mais ils pourraient rire jaune, ceux qui ont l’impression que nos prédications se ressemblent.

Des études ont analysé les sujets des prédications données dans  les  milieux  que  je  sers  (de dénomination  protestante évangélique, auprès de la classe moyenne résidentielle). Trois thèmes ressortent le plus souvent: la morale, la vie de couple et l’argent. Et si le prédicateur décide de rompre avec cette tendance, ce qu’il prêchera abordera souvent la politique, le mouvement pro-vie ou tout ce qui touche à la croissance (sous des thématiques telles que la vie de disciple, l’évangélisation ou  la  mission). Ces sujets sont largement légitimés par les Écritures, mais de toute évidence, ils sont loin d’en couvrir la portée ou de répondre à toutes les préoccupations des chrétiens. D’autant que la prédication concerne non seulement les chrétiens de notre nation, mais aussi ceux du monde entier. Or, les caractéristiques diffèrent en fonction de la population, des contextes et des priorités.

Lorsqu’un thème est régulièrement prêché (et les thèmes varient d’une Église à l’autre), le pasteur  abordera peut-être les questions les plus pertinentes pour sa communauté. Mais il pourrait bien, sans le vouloir, se concentrer sur les priorités ressenties par son auditoire plutôt que les priorités révélées par les Écritures. Les réformateurs d’autrefois ont sagement enseigné que l’objectif du prédicateur est de s’adapter « aux nécessités et aux capacités » des auditeurs. Nous ne devons pas nous contenter de prêcher uniquement ce que notre peuple peut entendre (ou ce qui nous semble facile à prêcher). Les prédicateurs bibliques sont également obligés de prêcher ce que le peuple de Dieu a besoin d’entendre en vue de se conformer à Christ dans tous les aspects de la vie.

Lorsque nous prêchons sur les mêmes sujets d’intérêts, nous ne courons pas seulement le risque d’ennuyer nos auditeurs: nous risquons aussi de les détourner des implications de la seigneurie de Christ sur l’ensemble de la vie. Comment rompre avec cette  habitude? Nous élargissons nos zones  d’intérêt quand nous comprenons que varier les sujets n’est pas une astuce marketing. C’est une nécessité pastorale et biblique pour quiconque n’hésite pas à prêcher le conseil de Dieu tout entier.

Variez vos zones d’intérêts

Vous devez faire l’exégèse du texte, mais aussi celle de vos auditeurs!

L’éthique du prédicateur textuel consiste à « dire ce que le texte dit ». En nous tenant à ce principe, nous élargissons automatiquement le champ thématique puisque nous prêchons de manière suivie (c’est-à-dire en abordant les textes et les sujets au fur et à mesure qu’ils apparaissent dans la Bible). John Broadus, père de la prédication textuelle moderne, a judicieusement remarqué qu’en prêchant au fil des livres bibliques (même sans avancer verset par verset), nous abordons nécessairement des

sujets que nous n’aurions jamais envisagés autrement. De plus, la prédication suivie amène très naturellement des sujets que les auditeurs n’auraient pas tolérés d’une autre  manière. Par exemple, en donnant l’impression que le pasteur choisissait tel ou tel sujet pour « s’en prendre » à quelqu’un ou à une pratique collective.

La sagesse commande parfois de prêcher pour une circonstance spécifique ou d’entamer une série qui répondra au besoin particulier d’une assemblée ou au contexte social. Notre goût pour la prédication textuelle ne doit pas exclure ces possibilités. Imaginez qu’un prédicateur prêche Ésaïe de manière suivie dans un environnement social en crise, malgré des besoins familiaux ou encore devant une assemblée épuisée par les thèmes du prophète. Le prédicateur qui désire absolument terminer les soixante-six chapitres envers et contre tout ne sert pas l’assemblée aussi bien que le texte.

L’exégèse du prédicateur doit porter sur les auditeurs aussi bien que sur le texte. Il doit se poser les questions suivante:

  1. Qu’ont-ils besoin d’entendre?
  2. Que sont-ils capables d’entendre?
  3. Combien de temps fréquenteront-ils l’Église?

Sous prétexte d’accorder « la priorité au texte », cette façon de négliger « l’exégèse de l’auditoire » trouve son origine dans un malentendu quant aux responsabilités pastorales. Nous passons à côté d’une bonne exégèse quand nous empêchons un texte d’être compris comme il se doit, ou en laissant de côté les bénéfices de la grande variété des textes.

Regardez en avant et en arrière

Il arrive que des membres fréquentent l’assemblée sur un court ou moyen terme. C’est le cas, par exemple, des étudiants, des militaires ou des jeunes adultes en début de carrière. Il arrive aussi que le groupe de jeunes s’étoffe rapidement ou que les familles s’agrandissent. Dans ces cas-là, il est vital de programmer des séries de thèmes pertinents pour préparer les fidèles au large éventail des difficultés de la vie. Le fait de prêcher sur une longue durée des livres entiers qui ne couvrent pas une large gamme de sujets entrave la préparation nécessaire à la vie. Une prédication peut parfaitement atteindre son objectif lorsqu’elle traite de sujets particuliers (mariage, racisme, civilité, choix de carrière, intendance, etc.) d’une manière suivie (en s’arrêtant à chaque verset dans les passages qui traitent de ces sujets) au lieu de couvrir systématiquement un livre entier.

Pour réfléchir au livre sur lequel prêcher ou aux sujets qu’une série devrait couvrir, les prédicateurs avisés regardent en arrière et en avant. Ils examinent les sujets couverts les derniers mois (ou années) puis ceux qui méritent d’être abordés afin de préparer les auditeurs aux complexités et aux défis qui les attendent dans leur vie en Christ.

Comment déterminer correctement la variété des sujets et leur pertinence? Bien des prédicateurs trouvent utile de consulter des personnes de confiance issues de leur auditoire. Ils les interrogent sur les thèmes qui pourraient aider à bien entourer la communauté. La participation d’un plus grand nombre de personnes permet d’affiner les sujets nécessaires et de souligner aussi les thèmes qui ont fait leurs preuves dans le passé. J’avoue que mon ego et la diplomatie des autres (trop ou trop peu appuyée) me font hésiter à demander un retour sur ce que je viens de prêcher. En revanche, quand je les sollicite pour m’aider à planifier la suite, leurs idées viennent plus naturellement et les risques diminuent.

L’implication de l’auditeur dans le processus peut aussi modérer, affiner et développer la façon dont les prédicateurs abordent les sujets. Beaucoup de prédicateurs expérimentés conseillent d’inviter des membres autour d’un bon café et de les encourager à partager leurs impressions sur la formulation ou l’importance d’un message. Il devrait s’agir de personnes d’âges et de milieux différents, aux prises avec des luttes différentes. Mes messages ont beaucoup changé (en mieux, j’espère)  parce  que j’ai pris en compte les réactions d’une âme blessée, rebelle ou réfléchie.

Variez votre structure

Ouverture aux genres littéraires

Il y a bien des années, j’ai donné une série de prédications sur la vie de David auprès de l’Église d’un ami. Lorsque j’ai terminé, celui-ci m’a demandé:

  • Comment arrives-tu à faire ça?
  • Faire quoi? ai-je lancé.
  • Prêcher à partir des biographies de la Bible. Moi, je ne prêche que les Psaumes ou les Épîtres. On ne m’a jamais enseigné à prêcher des récits.

Ses paroles m’ont d’abord choqué: les trois-quarts de la Bible sont des récits historiques! Comment mon ami a-t-il pu exclure autant de livres bibliques et croire qu’il prêchait « tout le conseil de Dieu »? J’étais prêt à juger son manque de vision jusqu’à ce que je réfléchisse à la façon dont des formations étriquées (telles que j’ai pu en donner) ont pu contribuer à limiter les textes que mon ami prêchait.

On lui avait enseigné, à juste titre, qu’une prédication textuelle tire du texte son sujet, ses arguments principaux et sa progression, mais sans lui avoir appris à l’exercer à partir de passages didactiques. Dans de tels passages, les unités de pensée et les points de doctrine se divisent facilement en une  progression logique d’idées principales et secondaires. Cette méthode traditionnelle germe naturellement de notre pensée occidentale linéaire.

Personne n’avait montré à mon ami comment faire ressortir la vérité par d’autres procédés:

  • La progression d’intrigues ou de personnages dans les sections narratives.
  • Des figures de style ou des jeux d’images dans la poésie biblique.
  • Les développements de thèmes à mesure que se déroule le récit biblique.
  • Le discours prophétique et ses nuances à travers le temps et l’éternité.

Sa formation biblique l’avait poussé à faire entrer dans un moule la grande variété des genres littéraires. Il a su varier ses textes, ses thèmes et ses prédications à mesure qu’il a appris, non seulement à passer d’un contenu biblique à un plan formel, mais aussi à structurer ses messages selon la progression du texte. Par exemple, un récit narratif va souvent d’une situation initiale à un problème puis à sa résolution à la lumière de l’Évangile… en s’achevant de manière inattendue, la plupart du temps. Un personnage biblique peut grandir en avançant de la naïveté à la maturité, de l’impiété à la piété, de l’incompréhension à la sagesse… et vice versa. La poésie biblique peut communiquer la vérité via la répétition des mots, des allusions à d’autres textes, des rebondissements ironiques ou des indices dans la structure. Par la littérature prophétique, le prédicateur peut aborder des sujets ou des événements passés, présents ou à venir. Il peut se déplacer à travers de larges périodes de temps.

Notre tâche consiste à discerner la manière dont un thème ou un genre littéraire communique la vérité. Pourquoi? Parce que notre objectif est de pouvoir ainsi proclamer: « C’est la vérité que ce passage enseigne », mais aussi: « Telle est la manière dont je sais que l’auteur biblique communique cette vérité ». Lorsque la structure de notre prédication respecte le raisonnement et la structure du texte, l’effet recherché par l’auteur original est préservé et relayé. Nos prédications n’en deviennent que plus variées et plus fidèles aux objectifs du texte.

Une telle prédication fidèle au texte ne présentera pas forcément les points principaux de manière traditionnelle. Dans le genre narratif, elle se développera en suivant la chronologie des événements et s’articulera au fil de rebondissements ironiques ou surprenants. Dans le genre poétique, elle jouera plus sur les figures de style, les allusions intertextuelles ou le développement de fils conducteurs. Bien sûr, il faudra, à un moment, souligner explicitement les vérités du texte, mais cela peut s’envisager à la fin de chaque section. C’est l’approche inductive. On la trouve, par exemple, dans une conversation ordinaire ou dans les prédications qui collent au développement narratif. (L’approche qui consiste à introduire une section d’abord par le principe pour le développer ensuite est l’approche déductive. Elle convient mieux aux passages didactiques et aux exposés académiques.)

Ouverture aux besoins de l’assemblée

Une fois que nous élargissons nos pratiques et cessons de passer tous nos messages dans le même moule, nous commençons à discerner pourquoi la plupart d’entre eux se ressemblent malgré des argumentations différentes. L’approche traditionnelle déductive énonce un problème, en identifie les causes puis le résout. Le schéma « du problème à sa résolution » fait appel à l’esprit académique, mais crée une dynamique malheureuse vis-à-vis des auditeurs si c’est l’unique style du prédicateur. En affirmant: « Tu as un problème et j’ai une solution », ce prédicateur ne finit pas seulement par chanter toujours la même rengaine, il risque aussi de créer une dynamique condescendante, voire conflictuelle, entre ses auditeurs et lui. Plus le prédicateur consacre du temps et de l’énergie à définir le problème chaque semaine, plus il risque de développer la dynamique négative.

Une prédication biblique doit, bien entendu, dénoncer ce qui doit l’être au niveau spirituel, il n’est cependant pas nécessaire de sonner constamment le glas de la condamnation, prédication après prédication.

Comment varier les approches et les impressions? En reconnaissant que beaucoup de textes (et l’Évangile en général) visent plus à clarifier une solution qu’à mettre en évidence un problème. Commençons par spécifier le problème ou un besoin auquel les gens peuvent s’identifier (en général dans l’introduction) et prenons la majeure partie du message pour montrer comment le texte indique un plan de sortie ou défend les avantages de la mise en œuvre d’un tel plan. Nous adoptons alors une position plus édifiante et nos prédications prennent une tout autre forme. Non seulement ces approches enrichissent notre boîte à outils homilétique, mais elles créent surtout une atmosphère de type « Bonne Nouvelle ».

Voici quatre suggestions susceptibles de favoriser votre ouverture aux besoins de l’assemblée.

1- Définissez les enjeux aussi bien que la signification. Nous nous sommes engagés à communiquer l’intention originale d’un texte inspiré: nous devons donc déterminer les enjeux d’un texte avant d’en prêcher le contenu. Certains prédicateurs savent très bien prêcher des vérités dont leur prédication aurait pu se passer. C’est un triste talent que développent ceux qui pensent faire de la prédication textuelle. Nous déchargeons des tonnes d’informations sur nos fidèles puis nous nous demandons pourquoi ils ont l’air de s’ennuyer ou se sentent lourds. Cela nous arrive lorsque nous avons oublié que nous ne sommes pas seulement des ministres de l’information, mais de la transformation. Si les vérités que nous déclarons n’ont pas d’autre but apparent que d’informer, ne soyons pas surpris: nous n’intéresserons pas nos auditeurs, à moins que ceux-ci ne cherchent qu’à obtenir un bon niveau théologique.

Nos prédications porteront plus de fruit quand nous serons convaincus qu’un texte est vraiment compris par nos fidèles lorsqu’ils en saisissent les enjeux pour leur vie. Notre objectif n’est pas de transmettre une connaissance brute de faits bibliques et de vérités théologiques. Ce n’est pas cela qui permettra au peuple de Dieu de l’aimer de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée (Luc 10: 27). Ce n’est pas cela qui lui permettra de glorifier Dieu en toutes choses, qu’il mange, boive ou quoi que ce soit qu’il fasse (1Corinthiens 10: 31).

2- Discernez le fardeau aussi bien que les faits. Comment prêcher fidèlement l’objectif d’un texte de l’Écriture? En identifiant le « fardeau que porte le texte » avant d’expliquer le contenu de ce texte. Ne tombons pas dans ce qu’un de mes amis appelle « la prédication anecdotique », car nous devons déterminer pourquoi un texte a été écrit avant d’en rapporter les faits.

Efforçons-nous de déterminer l’intention spécifique pour laquelle le Saint-Esprit a inspiré un texte particulier pour des créatures déchues dans un monde déchu. Indiquons ensuite comment ce but s’applique à nos vies. C’est alors que nous mettrons en avant les objectifs de ce texte. Nos prédications répondront au désir ardent du peuple de Dieu de dépasser les clichés rebattus et les marottes personnelles.

Comment déterminer le fardeau derrière un texte? En commençant par déterminer sa raison d’être vis-à-vis de l’auditoire d’origine. Celui-ci était-il, par exemple, triste, solitaire, rebelle, craintif,  dubitatif, adorateur distrait, peu aimant ou abattu dans l’épreuve? Nous devons ensuite identifier la façon dont nos fidèles partagent cette condition déchue (dans le cœur ou dans les circonstances qu’ils traversent). Nous le faisons parce que l’Écriture elle-même affirme que rien n’est écrit par hasard ou pour notre seule information. Les Écritures sont destinées à être appliquées à nos situations présentes (Romains 15: 4).

Une fois que nous aurons mis en relief cette condition déchue que nous partageons avec l’auditoire d’origine, nous serons prêts à montrer l’importance du texte dans la vie de nos auditeurs. Plus le prédicateur est habile et spécifique dans cette étape, plus la Bible y gagnera en pertinence aux yeux de son auditoire d’aujourd’hui. Plus nous aborderons notre condition déchue de manière spécifique et personnelle et plus nos applications y gagneront en précision et en solidité.

3- Déterminez les aspects particuliers aussi bien que les principes généraux. Le texte biblique répond à notre condition déchue par un message d’espérance, aussi devons-nous identifier avec précision cette condition déchue. Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance de cette étape. Pourquoi les gens viennent-ils à l’Église écouter un prédicateur? Parce qu’ils espèrent comprendre en quoi l’Évangile répond parfaitement à leurs besoins et comment il guérit leurs blessures. Notre rôle est de démontrer que nous comprenons leur attente et d’expliquer que l’Écriture y répond parfaitement. Si nous y parvenons, l’ennui fera place à une attente impatiente. Alors, l’obligation impitoyable de supporter la prochaine prédication se transformera en soif d’entendre la parole de Dieu.

Nous pouvons considérablement trahir cette attente par des applications abstraites ou tout simplement théoriques ou bien par des applications trop vagues, du type: « Allez et faites de même  », ou: « Lisez davantage votre Bible, priez davantage et allez davantage à l’Église ». Toutes les prédications se ressemblent lorsqu’elles accouchent de ce genre de mises en pratique. Résultat: rien n’est dit qui encourage vraiment. Les textes bibliques sont variés et ils méritent des  prédications variées qui pourront ainsi relever les situations auxquelles ces textes s’appliquent aujourd’hui. Il ne suffit donc pas de régurgiter un commentaire et de l’appeler « prédication ». La vérité à appliquer provient du texte, mais notre responsabilité est de montrer pour aujourd’hui la pertinence de la situation biblique qui est de rendre ces vérités réelles et applicables dans notre situation contemporaine. Et ce qui permet cela, c’est notre interaction pastorale avec le peuple de Dieu.

Les jeunes prédicateurs sont désavantagés lorsqu’il s’agit d’appliquer des textes aux luttes, aux douleurs et aux défis de la vie chaotique qui dominent dans les assemblées. Il n’y a pas à en avoir honte. Une expérience plus longue ajoutera de la profondeur, de la variété et du réalisme à nos pratiques. Que l’on soit jeune ou expérimenté dans le ministère, rien ne justifie que l’on se contente de clichés. Le moyen le plus rapide de passer une prédication à l’épreuve de la vraie vie est de commencer par discerner la vérité qu’enseigne un texte biblique, puis d’entrer dans la vie d’une assemblée par la question « qui »: qui a besoin d’entendre cela? Il ne s’agit pas de nommer ces personnes durant la prédication, mais de faire ressortir leurs situations telles qu’elles sont abordées dans ce passage.

Cette approche évite de terminer par une liste légaliste faussement nommée « applications ». Elle permet surtout de montrer aux fidèles comment l’Écriture s’applique à leurs situations et les soutient dans leurs difficultés. C’est alors que nous guidons vraiment les gens dans nos prédications. Ne faisons plus peser sur leurs épaules la charge écrasante de réaliser une liste de performances.

4. Prêchez l’Évangile tout entier. Des fardeaux subsisteront, cependant, si nous ne montrons pas dans le texte comment Dieu permet à son peuple de connaître son amour et d’accomplir ce qu’il attend d’eux. Nous ne combattons pas les clichés du légalisme en répétant chaque dimanche: « Dieu attend cela de vous, mais vous en êtes incapables, alors confiez-vous dans sa grâce, il vous pardonnera ». L’Évangile, ce n’est pas seulement un message de pardon. C’est la promesse que « celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4: 4). Nous devons clairement faire savoir que la grâce qui imprègne toute l’Écriture culmine en Christ. Et que ce Christ demeure maintenant chez les siens pour qu’ils se mettent à l’aimer de tout leur cœur afin de leur permettre de vaincre le péché (Jean 14: 4-6; Romains 6: 6, 14; 2 Corinthiens 4: 14).  Dieu  nous  rend  capables  d’accomplir ce que nous sommes incapables d’accomplir par nous-mêmes: vaincre le monde, la chair et le diable. Il le montre par des chemins étonnamment variés dans sa Parole. Si certains se plaignent d’entendre toujours la même rengaine « centrée sur l’Évangile », c’est que le prédicateur n’a pas encore découvert la grande richesse de moyens que Dieu emploie pour cela.

Les détracteurs des prédications centrées sur Christ se plaignent rarement de prêcher chaque semaine le même message: la loi, la loi, la loi. C’est parce qu’ils reconnaissent avec délectation que la loi de Dieu est trop riche et variée pour faire de leur prédication une routine ennuyeuse. Par contre, ils ne parviennent pas, et c’est bien malheureux, à discerner que la grâce de Dieu est tout aussi riche et variée. Si nous prenons soin de révéler le « fardeau » spécifique du texte prêché, ainsi que l’aspect spécifique de la grâce qui soulage ce fardeau, alors nous prêcherons l’Évangile de Dieu comme cela était prévu: de manière variée et avec force.

Courage, cher frère! Demandez à Dieu qu’il vous aide à discerner que les compassions de sa Parole se renouvellent chaque jour (et chaque semaine) pour vous et votre assemblée.

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