Cinq raisons d’étudier les livres historiques de l’Ancien Testament
Le 30 avril 2022, j’aurai le plaisir de co-enseigner le prochain cours #Transmettre sur les livres historiques de l’Ancien Testament (AT2) avec mon ami Matthieu Caron (+ d’infos ici). Alors que nous entrons dans la semaine sainte et que je prépare le contenu de ce module de formation, je ne peux que méditer sur la période de préparation qui a précédé la venue de Christ dans le monde.
L’oeuvre de Jésus à la croix, celle que nous allons célébrer une fois de plus dans quelques jours, s’inscrit dans une Grande Histoire dont elle en est le point culminant. Si nous croyons à un Jésus historique, nous croyons également à un grand Dieu qui n’a eu de cesse d’agir dans l’histoire.
Voilà pourquoi je souhaite commencer cette semaine en vous proposant cinq raisons d’étudier les livres historiques de l’Ancien Testament.
1- Parce qu’ils constituent la colonne vertébrale de la Grande Histoire de la rédemption
Sur le plan canonique, le corpus appelé « livres historiques » débute avec le récit de la conquête (Josué) et se termine avec le retour des exilés sous le règne des Achéménides (2 Chroniques ; Esdras-Néhémie). Sur le plan chronologique, ils rendent donc compte de plus de mille ans d’histoire du peuple d’Israël.
Nous parlons de livres « historiques » en raison de leur contenu : leur arrangement est souvent très proche de celui des historiographies antiques et les faits qu’ils relatent sont présentés comme avérés et authentiques. Néanmoins, leur objectif essentiellement théologique : ce sont les actes de Dieu dans l’histoire, et non l’histoire elle-même qui intéresse les auteurs inspirés.
Ainsi, la littérature historique constitue l’ossature de l’Ancien Testament : elle bâtit sur le fondement du Pentateuque et sert de cadre de référence aux livres prophétiques et à la « sagesse ». Elle raconte la Grande Histoire d’un Dieu qui écrit l’histoire, et elle lève progressivement le voile sur la révélation du Fils de Dieu.
2- Parce qu’ils sont essentiels pour comprendre le reste de l’Ancien Testament
Certains textes de l’Ancien Testament résistent à l’entendement des lecteurs modernes. Que penser, par exemple, des sections apocalyptiques de Daniel ou des effrayantes visions du prophète Ezéchiel ? Quid des oracles d’Abdias ou des « prophéties écrites » de Nahum et Sophonie ?
Si ces textes paraissent impénétrables, c’est en raison du contexte historique et de l’arrière-plan théologique qui est toujours présupposés, mais rarement explicités par leurs auteurs. Bonne nouvelle : les livres historiques de l’Ancien Testament offrent de précieuses clés de lecture au lecteur persévérant !
3- Parce qu’ils témoignent de la fidélité de Dieu
TOUTES les promesses de Dieu s’accompliront.
Comment puis-je l’affirmer avec tant de certitude ? Parce qu’il a prouvé à maintes reprises qu’il « veille sur [sa] parole pour l’accomplir » (Jr 1.12). En voulez-vous la preuve ? Lisez les livres historiques de l’Ancien Testament !
Certes, nous attendons encore la pleine manifestation de la grâce de notre Dieu, ce grand jour où il viendra nous prendre avec lui et où nous serons transformé à son image. C’est le point culminant de toutes ses promesses ! Mais Dieu dirige le cours de l’histoire avec bienveillance et fidélité, et tous ces récits prouvent que notre espérance n’est pas vaine.
4- Parce qu’ils lèvent progressivement le voile sur Jésus-Christ
Où est Christ dans l’Ancien Testament ? Voici une question simple en apparence, mais dont la réponse est loin de faire consensus (lisez donc cet article). Une chose est certaine : la figure du messie est dévoilée progressivement tout au long de la Grande Histoire, depuis la promesse embryonnaire du proto-évangile (Gn 3.15) aux descriptions cristallines du serviteur « blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités » (Es 53.5).
Lire l’histoire du Dieu qui écrit l’histoire, c’est méditer sur la révélation de Christ.
Les croyants de l’Ancien Testament « sondaient les temps et les circonstances » en espérant un jour le voir de leurs yeux. Ils s’approchaient de Christ en tâtonnant, contemplant d’avance ses souffrances et sa gloire subséquente (cf. 1 Pi 1.10-12). Nous qui sommes « parvenus à la fin des siècles » ( 1 Co 10.11), nous avons tendance à lire la Grande Histoire en commençant par la fin, c’est à dire par le Nouveau Testament. Cependant, si nous voulons comprendre le sens de la venue de Christ dans le monde, il nous faut comprendre les circonstances qui y ont conduit.
Il n’est pas possible de lire la Grande Histoire à la lumière de Christ si, dans le même temps, nous ne lisons pas Christ à la lumière de la Grande Histoire.
5- Parce que, franchement, ce sont de véritables bijoux littéraires !
Non, les livres de Ruth et d’Esther ne sont pas de belles histoires pour rencontre de femmes, pas plus que Jonas n’est réservé qu’à l’école du dimanche ! Il s’agit au contraire de compositions très élaborées et dont la complexité rhétorique est méconnue des membres de nos Églises.
Les livres historiques de l’Ancien Testament n’ont pas pour fonction de nous divertir (même s’ils y parviennent indéniablement) mais de témoigner de la grandeur et de la gloire de Dieu. Pourquoi n’est-il pas nommé une seule fois dans le livre d’Esther ? Pourquoi l’expression « femme vertueuse » est-elle si importante dans le livre de Ruth ? Pourquoi le prophète Jonas est-il présenté comme une sorte d’anti-Élie ? Aucune de ces figures littéraires n’est fortuite : elles sont intentionnelles et visent à connecter le lecteur à la réalité d’un Dieu qui ne cesse d’agir en faveur de son peuple.
Alors, si vous voulez mieux connaître ce grand Dieu qui agit dans l’histoire, si vous voulez mieux apprécier l’oeuvre de Christ, étudiez en profondeur la littérature historique de l’Ancien Testament !
Et voici un bon moyen de le faire.
Envie d’aller plus loin ?
Notre cursus d’Ancien Testament s’étoffe d’un deuxième module de cours qui porte précisément sur les livres historiques de l’Ancien Testament.
- Comment comprendre l’histoire du peuple d’Israël telle que décrite de Josué à 2 Rois (parfois appelée « Histoire deutéronomiste ») ?
- Comment expliquer les divergences entre Samuel-Rois et Chroniques ?
- Comment comprendre les cycles d’Elie et d’Elisée ?
- À quoi bon ces listes de victoire, ces indications de partage du territoire, ou ces détails relatifs aux ustensiles dans le temple ?
Ces questions, et bien d’autres encore, seront abordées lors de ce module de cours.
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Veuillez noter que nous proposons également à cette occasion d’accéder au cours Patrologie – Histoire de l’Église I, un module fondamental de notre cursus.