Qu’arrivera-t-il à ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile ?
L’article original, “What about those who haven’t heard?“, a été posté par Collin Hansen sur le blog de la Gospel Coalition le 19 mars 2011. Hansen y introduit Christopher Morgan pour répondre à cette question particulièrement sensible.
Traduction de Michael Ly.
Cette question vous a peut-être déjà tourmenté l’esprit. Vous l’avez certainement entendue venant de personnes ayant des reproches à formuler quant au christianisme.
Dans un monde où une prise en considération de l’humanité dans son intégralité est permanente, la question : “Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ“ nécessite une réponse de la part des Chrétiens.
Cependant, cette réponse est loin d’être unanime dans nos milieux.
Pour répondre à cette question, nous allons faire appel à l’aide de Christopher Morgan […].
Ses explications précises vous permettront d’avoir une meilleure compréhension du contexte historique, biblique et théologique de nos débats actuels quant à la situation de ceux qui s’obstinent à vivre dans le péché et ne placent pas leur confiance en Jésus-Christ pour le pardon de leurs fautes.
Prenez le temps qu’il faut pour lire cet article jusqu’à la fin. Dans celui-ci, C. Morgan, Professeur de Théologie à la California Baptist University, nous explique comment, de nos jours, il enseigne à un public sceptique les doctrines bibliques les plus sensibles.
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Une question qui revient souvent lors de discussions portant sur d’autres religions : quel est le sort réservé à ceux qui n’ont jamais entendu la Bonne Nouvelle ? Quelle a été la position historique de l’église en la matière, et quelles sont les autres points de vue sur la question ?
Trois positions retiennent généralement l’attention :
– L’exclusivisme exprime l’idée que la foi en Jésus-Christ à travers la Bonne nouvelle ou la révélation spéciale est nécessaire au salut.
– L’inclusivisme reflète le point de vue selon lequel la foi en Dieu à travers la révélation générale est suffisante pour beaucoup.
– Le pluralisme soutient que tous les chemins sont efficaces et véritables.
Il est à noter que les termes exclusivisme et inclusivisme sont utilisés pour représenter des points de vue apportant des réponses à des questions distinctes.
Pour preuve du degré de confusion qui règne, certains se disent exclusivistes concernant les autres religions, et inclusivistes pour ce qui en est du sort des non-évangélisés. (1)
Il y a également des positions différentes au sein même de ces points de vue (se différenciant généralement par les moyens d’obtention du salut) ainsi que d’autres positions concernant le sort des non-évangélisés. Dans mon étude de la question, un minimum de neuf positions a été recensé.
1- L’Exclusivisme de l’Eglise
Dans l’histoire du christianisme, l’une des premières réponses à cette question a été “Non, en dehors de l’église, point de salut“, tenue par Cyprien (env. 200-258), évêque de Carthage, en réponse aux hérétiques, schismatiques et apostats de l’Eglise.
Fulgence de Ruspe (468-533) a appliqué cet enseignement aux Juifs et aux païens, et cette application étendue a été acceptée et formalisée par le Concile de Florence (1431-1438).
Le quatrième concile du Latran (1215) annonce fermement : “Il y a ainsi une Eglise universelle des fidèles en dehors de laquelle personne ne peut être sauvée.“
C’est la position exclusiviste traditionnelle de l’Eglise Catholique Romaine (pré-Vatican II).
2- L’Exclusivisme de la Bonne Nouvelle
Un deuxième point de vue répandu est : “Non, ils doivent entendre la Bonne Nouvelle et croire en Christ pour être sauvés“.
James Borland, partisan de cette position, affirme : “Chaque personne doit entendre et croire à la Bonne Nouvelle pour être sauvée“. (2)
Borland déclare que la foi dans l ‘Ancien-Testament relevait de la révélation spéciale, mais qu’avec le développement de la révélation, depuis le sacrifice de Christ à la croix, la foi se focalise sur la Bonne Nouvelle.
John Piper soutient également cette position :
Existe-t-il des personnes pieuses, en dehors du christianisme, qui s’en remettent humblement à la grâce de Dieu, en ne le connaissant seulement qu’à travers la nature ou une expérience religieuse non-chrétienne ?
La réponse du Nouveau Testament est
claire et nette : Non.
Au contraire, son message central affirme qu’un changement majeur a été opéré avec la venue du Christ. La foi salvatrice était auparavant centrée sur la miséricorde de Dieu à travers ses interventions rédemptrices au sein du peuple d’Israël, et dans le système sacrificiel des animaux ainsi que dans les prophéties portant sur une rédemption à venir.
Mais à présent, le cœur de la foi s’est recentré sur un seul Homme, Jésus-Christ, l’accomplissement et la garantie de toute rédemption, tout sacrifice et toute prophétie. C’est à Sa gloire que désormais, toute foi salvatrice doit être tournée. (3)
Piper souligne par la suite que la révélation générale peut-être considérée comme une étape dans le processus du salut tout en restant un moyen de préparation à l’Evangile.
3- L’Exclusivisme de la révélation spéciale
En troisième lieu, certains répondent : “Non, à moins que Dieu choisisse de leur envoyer une révélation spéciale de manière extraordinaire – par une révélation de notre Seigneur à travers un rêve, une vision, un miracle ou un messager divin.“
Etant donné l’accent mis sur la révélation spéciale comme seul autre moyen de salut, j’appelle cette position exclusivisme de la révélation spéciale. Ce qui la distingue de l’exclusivisme de la Bonne Nouvelle.
Timothy George critique la position inclusiviste et suggère :
Du point de vue de la théologie biblique, cette théorie banalise les conséquences tragiques de la chute et élève bien trop haut les possibilités offertes par la grâce commune.
Le message spécifique de Jésus-Christ, sa croix et sa résurrection, ne constitue pas un ajout supplémentaire à ce qui est déjà présent dans le psychisme humain à travers la création et la culture.
Au contraire, il constitue un facteur décisif et absolu pour ramener les âmes perdues à une véritable relation avec Dieu…
Devrions-nous pour autant affirmer de manière dogmatique qu’une personne ne peut-être sauvé qu’à la suite de l’annonce de l’Evangile par des missionnaires et des évangélistes ?
Les particularistes bibliques qui croient en la souveraineté de Dieu émettent des réserves sur de telles affirmations. Dieu est Dieu et peut aussi bien agir de manière ordinaire qu’extraordinaire pour accomplir Son dessein. (4)
George cite également la seconde Confession de foi de Londres de 1689, une confession baptiste qui s’apparente étroitement à la confession de foi de Westminster à ce sujet en évoquant le salut des nourrissons élus et “d’autres personnes élues, qui sont dans l’incapacité d’être touchés par le ministère de la Parole“.
Il continue en soulignant que si le Christ ressuscité est apparu à Saul, et que si un messager divin peut communiquer l’Evangile (2 Cor. 11:14, Gal. 1:8), alors il est en théorie possible qu’une annonce de l’Evangile, au travers d’un “moyen spécial“, puisse être “une gracieuse providence de Dieu.“ (5)
George explique ainsi que rien dans les Ecritures ne nous montre que cela se soit réellement produit mais si cela s’avère vrai, le message relayé serait identique à celui des témoins apostoliques – le salut seulement par la grâce, reçu par la foi uniquement, fondé sur la mort de Jésus-Christ à la croix.
4- L’Agnosticisme (concernant le sort des non-évangélisés)
Une quatrième position soutient que nous ne pouvons connaître avec certitude la réponse à cette question. Dennis Okholm et Timothy Phillips font référence à deux variantes de cette approche : l’agnosticisme pessimiste et l’agnosticisme optimiste. (6)
Ceux qui se disent agnostiques pessimistes tiennent parfois un discours similaire à celui des exclusivistes.
Ils maintiennent que, bien qu’il soit probable que ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile aient la possibilité de répondre à Dieu à travers la révélation générale, il y a peu de garanties bibliques que des personnes l’aient réellement fait.
En réalité, beaucoup de ceux qui soutiennent cette position insistent sur le fait que les textes bibliques nous montrent que l’homme rejette la relation avec Dieu à travers la révélation générale. (Rom. 1:18-32).
J. I. Packer évoque cette possibilité :
Nous pouvons affirmer : (I) que si un ‘bon’ païen en vient au point d’invoquer la miséricorde du Créateur pour le pardon de ses fautes, c’est la grâce qui l’a amené à cet état ; (II) Dieu sauvera certainement toute personne qu’Il a conduite à cet état (cf. Actes 10:34 ; Rom. 10:12) ; (III) toute personne ainsi sauvée se rendrait compte dans l’au-delà qu’elle a été sauvée par Jésus-Christ. Mais ce que l’on ne peut affirmer avec certitude, c’est si Dieu ait déjà sauvé quelqu’un de la sorte. (7)
Packer souligne que la Chute nous a rendus incapable de répondre à Dieu par la foi, si ce n’est touché par la grâce divine, mais il conserve une position agnostique concernant la possibilité que Dieu sauve de cette manière.
Il est tout de même clair pour lui que “nous n’avons aucune garantie à attendre de Dieu qu’Il agisse par ce moyen chaque fois où l’Evangile n’est pas connu ou compris.“ (8)
De plus, Packer affirme que “ Agir selon la Bible signifie supposer que personne ne sera sauvé en dehors de la foi en Jésus-Christ et d’une vie en conséquence.“ (9)
John Stott représente un exemple de la version optimiste :
Je crois que la position la plus ‘chrétienne’ est de conserver une position agnostique sur la question. Le fait est que Dieu … n’a pas voulu révéler la manière avec laquelle il considérera ceux qui n’ont pas entendu l’Evangile…
Pourtant je suis rempli d’espoir. Je n’ai jamais pu me représenter (à la différence de certains grands missionnaires évangéliques) l’effroyable vision de millions de personnes qui, non seulement meurent, mais meurent éternellement. D’un autre côté…je ne suis et ne peut être universaliste. Entre ces deux extrêmes j’entretiens l’espoir que la majorité des hommes seront sauvés. (10)
5- L’Inclusivisme de la révélation générale
Une cinquième position répond à cette question par : “Oui, ils peuvent répondre à Dieu en voyant suffisamment de Sa personne à travers la révélation générale.“
C’est ce qu’on appelle l’inclusivisme traditionnel.
John Sanders, un des partisans de cette position, se différencie précisément des autres inclusivistes :
Les défenseurs d’un espoir plus grand soutiennent que certains qui n’ont jamais entendu l’Evangile de Christ peuvent obtenir le salut avant leur mort s’ils répondent par la foi à la révélation qu’ils ont reçue…
Les inclusivistes croient que l’obtention de la grâce salvatrice est relayée à travers la révélation générale et l’œuvre providentielle de Dieu dans l’histoire humaine.
En résumé, les inclusivistes reconnaissent la particularité et la finalité du salut en Jésus-Christ seul, mais ils refusent que la connaissance de Son œuvre soit nécessaire au salut. Ceci dit, ils affirment que l’œuvre de Jésus est ontologiquement nécessaire pour le salut (personne ne serait sauvé sans) mais pas épistologiquement (une personne n’a pas besoin d’avoir conscience de l’œuvre à la croix pour bénéficier du salut).
En d’autres termes, l’homme peut recevoir le cadeau du salut sans en connaître l’auteur ni la nature précise. (11)
Arrivant aux mêmes conclusions que Sanders mais avec un cadre théologique différent, Terrance Tiessen suggère que Jésus-Christ est le seul moyen de salut de Dieu et que ce salut est accessible aux personnes qui n’ont pas reçu l’Evangile.
Il croît que les non-chrétiens peuvent-être sauvés mais insiste sur le fait que lui et de nombreux évangélistes inclusivistes ne considèrent pas les autres religions comme des instruments de Dieu pour le salut. (12)
Tiessen affirme que même si les autres religions ne sont pas des moyens d’obtention du salut, leurs pratiquants peuvent être sauvées à travers la révélation générale sans pour autant changer de religion : “Au vu de la perspective expliqué précédemment, je suis certain qu’un pratiquant d’une autre religion peut personnellement être dans une relation salvatrice avec Dieu, même si sa religion, en tant que telle, est incorrecte et qu’en tant que système, elle est contre-productive dans la quête de Dieu pour ses croyants.“ (13)
6- L’inclusivisme des religions du monde
Une sixième réponse à la question est : “Oui, les personnes peuvent répondre à l’appel de Dieu à travers la révélation générale ou par le biais d’autres religions, celles-ci possédant la Vérité issue de la révélation générale mais également de possibles vestiges d’une révélation spéciale.“
Cette position est également qualifiée d’inclusiviste, tout comme la précédente, en considérant la révélation générale comme possible voie au salut.
Cependant, celle-ci soutient que les religions du monde sont elles aussi un moyen suffisant pour amener les hommes à une foi salvatrice.
Les partisans de cette approche affirment que Dieu a choisi les religions du monde comme moyen de salut.
Le “christianisme anonyme“ soutenu par le théologien catholique romain Karl Rahner en est un exemple :
Par conséquent, indifféremment de son point de vue conceptuel, théorique et religieux, toute personne n’affirmant pas ‘Il n’existe aucun Dieu‘ (comme le fou dans les Psaumes) mais qui Lui témoigne de sa foi par une acceptation sans conditions de son existence, est un croyant… Et toute personne qui s’est laissée remplir de cette grâce peut-être justement appelée ‘chrétien anonyme’. (14)
Hans Kung est encore plus clair. Il propose une voie commune au salut au travers des religions du monde et une voie extraordinaire dans l’église chrétienne. (15)
Puisque la volonté profonde et véritable de Dieu est que tout homme soit sauvé et que personne ne soit perdu si ce n’est par sa propre faute, chaque homme est destiné à trouver son salut à l’intérieur des conditions de propre histoire… la religion qui lui a été imposée par la société… Un homme sera sauvé à l’intérieur de la religion qui lui est accessible au regard de sa situation historique. Il est ainsi de son droit et devoir de rechercher Dieu dans cette religion à travers laquelle le Dieu caché l’a déjà trouvé. (16)
7- L’Evangelisation post mortem
Une septième approche consiste à dire : “Oui, ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile auront une occasion de croire en Jésus-Christ après la mort.“
Cette position est traditionnellement appelée évangélisation post mortem.
Elle s’accorde avec l’exclusivisme quant au fait que la foi est la confiance consciente et explicite en Christ, mais s’apparente à l’inclusivisme quant elle soutient que la justice et l’amour de Dieu impliquent nécessairement que chacun ait l’opportunité de croire en Christ.
J.P. Lane rappelle :
Les Saintes Ecritures n’enseignent nulle part la damnation éternelle de des morts non-chrétiens ou païens ; elles nous suggèrent plutôt dans différents passages la possibilité d’un pardon soit possible après la mort, en attribuant le moment de la décision finale non pas à la mort mais au retour de Christ. (17)
Bien que préférant l’appellation persévérance divine, Gabriel Fackre admet : “Les pécheurs qui sont morts sans avoir eu connaissance de l’Evangile ne seront pas privés d’entendre la Parole.“ (18)
Donald Bloesch et Jerry Walls tiennent des positions similaires. (19)
8- L’Universalisme
La huitième opinion affirme : “Oui, tout le monde sera ultimement sauvé“.
Historiquement connue en tant qu’universalisme, cette position existe sous plusieurs formes ayant toutefois la même finalité : chaque être humain que Dieu a créé jouira finalement du même salut éternel que celui dont bénéficient actuellement les chrétiens.
Des universalistes tels que John A. T. Robinson soutiennent que la révélation biblique de l’amour de Dieu pour le monde qu’il a créé implique qu’il a le désir de sauver tout un chacun, et qu’il accomplira ce désir.
La romancière Madeleine L’Engle exprime cette idée clairement :
Je connais nombre de personnes sensées et intelligentes dans ma communauté (Anglicane) qui considèrent comme hérétique ma foi que l’amour de Dieu pour Sa Création submergera toute notre obstination et notre orgueil.
Peu importe le temps que cela prendra, il ne se reposera pas tant que toute la création, y compris Satan, sera réconciliée avec Lui, et que chaque créature accepte son appel par une réponse joyeuse d’amour.
Je ne peux croire que Dieu veuille que la punition continue éternellement, pas plus que ne le voudrait un parent aimant. L’objectif fondamental de sanctions empreintes d’amour est d’enseigner, et cela ne dure que jusqu’à l’apprentissage de la leçon. Et la leçon est toujours l’amour. (20)
Un autre partisan de cette position est Jan Bonda, qui soutient que Dieu veut sauver tous les hommes et qu’Il accomplira Son dessein. Personne ne souffrira éternellement en enfer, ajoute-t-il. (21)
9- Pluralisme
La neuvième position majeure face à cette question est : “Oui, ceux qui n’ont jamais entendu l’Evangile peuvent expérimenter le ‘salut’ à leur manière, parce que chacun possède sa propre vision de la réalité, bien que la question soit inexacte parce qu’elle assume que la chrétienté soit l’ultime finalité.“
Alors que l’universalisme enseigne que chaque personne sera sauvée, tout en reconnaissant le caractère unique et final du christianisme, le pluralisme affirme que toutes les grandes religions sont également bonnes réfutant ainsi le caractère unique du christianisme.
Le pluraliste John Hick nous explique :
Les croyances du monde incarnent différentes perceptions et conceptions, et par conséquent, différentes réponses au Réel (l’entité religieuse ultime) provenant des multiples formes de l’humanité ; ainsi, dans leur fort intérieur, leur existence humaine centrée sur elle-même laisse la place à une existence centrée sur le Réel.
Ces croyances sont en conséquent considérées comme des espaces ou des voies sotériologiques alternatifs à l’intérieur desquels hommes et femmes atteignent l’accomplissement salvateur/libératoire/ultime. (22)
Paul Knitter, Gordon Kaufman et Langdon Gilkey, entre autres, soutiennent également cette vision du pluralisme.
Conclusion : que penser ?
Historiquement, l’église a principalement enseigné l’exclusivisme de l’église, l’exclusivisme de l’Evangile, l’exclusivisme de la révélation spéciale ou l’agnosticisme pessimiste.
Elle a traditionnellement considéré l’agnosticisme optimiste comme problématique, l’inclusivisme de la révélation générale comme une erreur, et l’inclusivisme des grandes religions, l’évangeliation post mortem, l’universalisme et le pluralisme comme des erreurs particulièrement graves.
Comment, dès lors, en tant que chrétien engagé, Professeur de Théologie, étudiant en histoire de l’église, et pasteur d’une église en Californie, expliquer de nos jours ce que la Bible enseigne à une audience de sceptiques ?
Il serait sage d’écouter ce qu’ont à nous dire les missionnaires à ce sujet.
Fondamentalement, nous contextualisons l’Evangile. Cela signifie avant tout que nous cherchons à partager l’Evangile.
Le contexte affecte la manière dont nous le communiquons, mais le message doit demeurer intact. Nous ne pouvons permettre de laisser des questions sensibles édulcorer l’Evangile.
Nous devons également communiquer l’Evangile de manière à ce que les gens le comprennent.
Nous devons être clairs, utiliser des illustrations, raconter des histoires, et montrer comment l’Evangile leur parle directement dans leur condition.
Nous devons réaliser qu’utiliser le juste langage n’est pas suffisant. Nous devons nous efforcer de comprendre comment l’auditeur va interpréter notre message.
Plus encore, et je pense que cela est la plus grosse erreur commise par l’église, nous devons vivre l’Evangile.
Les hommes n’ont pas seulement besoin d’entendre l’église partager les enseignements de Jésus. Après tout, la communication est à la fois verbale et non verbale.
L’église qui présente Christ au moyen de l’amour envers son prochain, au travers de la promotion de la justice sociale, par une vie sainte, par son unité, et par son engagement pour la Vérité –cette église est celle qui communique authentiquement l’Evangile.
Tout comme nous croyons à la contextualisation et à l’exposition de l’Evangile, nous devons également aimer les êtres humains.
L’enfer n’est pas un concept. C’est une réalité qui nous amène à ressentir un fardeau pour les âmes perdues.
Sinclair Ferguson le résume parfaitement :
Quand, un lundi, Robert M’Cheyne rencontra son cher ami Andrew Bonar et lui demanda le sujet sur lequel il avait prêché le jour précédent, il ne reçut que pour seule et unique réponse : “l’enfer.“
Il lui demanda : “L’as-tu prêché avec tes larmes ?“
Ceci n’est possible qu’en prenant conscience de notre besoin immense de grâce pour nous sauver de la colère à venir, de la nature effroyable de ce jugement, de la providence que Dieu a préparée pour nous en Jésus-Christ, et de l’appel qu’il nous a donné de partager l’Evangile à toute créature au nom de Celui qui n’est pas venu en ce monde pour le condamner mais pour le sauver. (23)
Cet amour véritable pour l’homme est également repris par Charles Haddon Spurgeon, quand il exhorte les fidèles :
Être moqué n’est pas une si grande difficulté pour moi. Je peux prendre plaisir aux moqueries et aux quolibets. Mais que vous vous détourniez de la miséricorde, voilà ma grande douleur. Crachez-moi dessus, mais repentez-vous ! Moquez-vous de moi, mais croyez en mon Maître ! Rendez mon corps semblable à la saleté des rues, mais ne damnez pas votre propre âme.
Il exhorte aussi passionnément l’église :
Si les pécheurs doivent aller en enfer, faites au moins en sorte qu’ils doivent passer sur nos corps avant d’y entrer. Et s’ils doivent périr, qu’ils périssent avec nos bras accrochés à leurs genoux, tandis que nous les implorons de rester. Ne laissez personne aller en ce lieu sans avoir été avertit et sans que l’on ait prié pour lui.
Plus loin, il enseigne :
Le Saint-Esprit les touchera en vous touchant d’abord. Si vous parvenez à trouver le repos sans qu’ils ne soient sauvés, eux aussi ils trouveront le repos …en enfer… Mais si vous êtes remplis d’une agonie pour eux, si vous ne pouvez supporter qu’ils soient perdus, vous vous rendrez rapidement compte qu’eux non plus.. (24)
Notes et références :
(1) Clark H. Pinnock affirme cela dans A Wideness in God's Mercy: The Finality of Jesus Christ in a World of Religions (Grand Rapids: Zondervan, 1992), p. 15. Avec l’ambiguité des systèmes de classification, quelqu’un peut se réclamer exclusiviste par rapport aux grandes religions et inclusiviste en ce qui concerne le salut des non-atteints, etc... (retour)
(2) James Borland, “A Theologian Looks at the Gospel and World Religions“, Journal of the Evangelical Theological Society 33 (Mars 1990): 3-11. (retour)
(3) John Piper, “Let the Nations Be Glad! The Supremacy of God in Missions“ (Grand Rapids: Baker, 1993), p. 163. (retour)
(4) Timothy George in “Forum Discussion on Inclusivism“, in “Who Will Be Saved? Defending the Biblical Understanding of God, Salvation, and Evangelism“, eds. Paul R. House and Gregory A. Thornbury (Wheaton: Crossway, 2000), pp. 145-48. (retour)
(5) Ibid.. (retour)
(6) Dennis L. Okholm and Timothy R. Phillips, eds., “More Than One Way? Four Views on Salvation in a Pluralistic World“ (Grand Rapids: Zondervan, 1995), pp. 7-27. (retour)
(7) J.I. Packer, God's Words (Downers Grove, Ill.: InterVarsity, 1981), p. 210. Packer faisait référence à lui-même à un “agnostique consciencieux“ à ce propos dans un entretien téléphonique du 15 Juin 2007 (retour)
(8) J.I. Packer, “Good Pagans and God's Kingdom“, Christianity Today 30 (17 Janvier 1986), p. 25. (retour)
(9) J.I. Packer, “Evangelicals and the Way of Salvation“, dans “Evangelical Affirmations“, Kenneth S. Kantzer et Carl F. H. Henry, eds. (Grand Rapids: Zondervan, 1990), pp. 121-23. (retour)
(10) David L. Edwards et John R. W. Stott, “Evangelical Essentials: A Liberal-Evangelical Dialogue“ (Downers Grove, Ill.: InterVarsity, 1988), p. 327. Pour un point de vue semblable, se référer à Michael Green, “But Don't All Religions Lead to God? Navigating the Multi-Faith Maze“ (Grand Rapids: Baker, 2002), p. 81. (retour)
(11) John Sanders, “No Other Name: An Investigation into the Destiny of the Unevangelized“ (Grand Rapids: Eerdmans, 1992; réédition, Eugene, Ore.: Wipf and Stock, 2001), pp. 215-16.(retour)
(12) Terrance L. Tiessen, “Who Can Be Saved? Reassessing Salvation in Christ and World Religions“ (Downers Grove, Ill.: InterVarsity, 2004), p. 33. (retour)
(13) Ibid., p. 441. Pour une position semblable de Tiessen, see ibid., p. 393. (retour)
(14) Karl Rahner, “Theological Investigations“, trans. Karl et Boniface Kruger (Baltimore: Helicon, 1969), 6:395. (retour)
(15) Tiessen, “Who Can Be Saved?“, p. 44. (retour)
(16) Hans Kung, “The World Religions in God's Plan of Salvation“, dans Christian Revelation and World Religions, ed. Josef Neuner (London: Burns & Oates, 1965), pp. 51-53. (retour)
(17) John Peter Lange, “First Peter“ (New York: Scribner, 1868), p. 75. Pour une évaluation utile de cette position, voir Erickson, “Who Shall Be Saved?“, pp. 159-75. (retour)
(18) Gabriel Fackre, “Divine Perseverance“, in Sanders, “What About Those?“, p. 84 ; Fackre, “The Christian Story: A Narrative Interpretation of Basic Christian Doctrine“ (Grand Rapids: Eerdmans, 1984), pp. 232-34. (retour)
(19) Donald Bloesch, “Essentials of Evangelical Theology“, 2 vols. (New York: Harper & Row, 1982), 1:244-45; 2:225-30 ; Jerry Walls, “The Logic of Damnation“ (South Bend, Ind.: University of Notre Dame, 1992). (retour)
(20) Madeleine L'Engle, “The Irrational Season“ (New York: Seabury, 1977), p. 97. Cité dans Packer, Hell Under Fire, p. 179. (retour)
(21) Jan Bonda, “The One Purpose of God: An Answer to the Doctrine of Eternal Punishment“, trans. Reinder Bruinsma (Grand Rapids: Eerdmans, 1993). (retour)
(22) John Hick, “An Interpretation of Religion“ (New Haven: Yale University Press, 1989), p. 240. Voir aussi John Hick, “Pluralism“, in Okholm and Phillips, “Four Views on Salvation“, pp. 27-91. (retour)
(23) Ferguson, “Pastoral Theology: The Preacher and Hell“, in Hell under Fire, p. 234. (retour)
(24) Charles Haddon Spurgeon, “Spurgeon at His Best“, ed. Tom Carter (Grand Rapids: Baker, 1991), pp. 67-68. (retour)