4 questions à David Mas sur l’utilité de la poésie pour la vie chrétienne
4 questions à David Mas, administrateur du site Plumes Chrétiennes qui organise un grand concours de poésie à destination des chrétiens. La démarche nous a intrigué, nous avons donc voulu en savoir plus.
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Guillaume Bourin (GB) : Bonjour David, Plumes Chrétiennes, que tu représentes, organise un grand concours de poésie à destination des chrétiens. Pourquoi stimuler leur sensibilité poétique de la sorte ?
David Mas (DM) : Chaque chrétien est confronté régulièrement à la poésie. Une bonne partie du culte est poétique : les cantiques, les chants ne sont rien d’autres que des poèmes mis en musique. Si on ajoute à cela la lecture des livres poétiques, comme les psaumes, nous prenons conscience que Dieu a voulu que nous le louions en poésie.
La poésie est un art du langage par lequel nous pouvons exprimer la palette inépuisable nos émotions. L’union des sons, des rythmes et des vers peut suggérer nos joies, nos peurs et nos troubles les plus intenses….
Peu de place, pourtant, est accordée aux artisans des mots dans l’église. Eugène Bersier affirmait en 1857 : « La recherche du beau a rencontré de tout temps et dans toutes les fractions de l’Eglise chrétienne des adversaires déclarés. » (in La Revue Chrétienne, lire l’article complet)
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des arts. Mais ce reproche serait-il encore d’actualité ? Comme les Galates ou les Colossiens aux premiers temps de l’église, notre discernement n’aurait-il pas tendance à tourner au légalisme, au détriment de la centralité de la croix ? Il ne tient qu’à nous de laisser plus de place et de liberté aux artistes. Quel plaisir d’entendre, par exemple, un beau poème lors d’une prédication, comme l’a fait Raymond Perron. Nous nous réjouissons également du développement de l’apologétique culturelle (avec VisoMundus ou Matthieu Giralt par exemple) car cela nous aide à affiner notre vision chrétienne du monde.
C’est pourquoi nous voulons surtout retenir la conclusion d’Eugène Bersier : « L’idée chrétienne n’a encore atteint, ni dans l’art, ni dans la littérature, sa véritable expression. Elle n’est pas emprisonnée dans les cathédrales gothiques, elle ne meurt pas de langueur, comme dans les pâles tableaux d’Overbeck. L’avenir lui appartient, mais, de grâce, qu’on ne lui en ferme plus la route au nom de la sainteté ! »
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(GB) :Que penses-tu du rapport actuel des chrétiens à la lecture et à l’écriture ? Est-ce encourageant, ou restes-tu sur ta faim ?
(DM) : Le rapport des chrétiens à la lecture et à l’écriture est encourageant, mais il faut continuer à l’encourager : c’est notre humble objectif sur Plumes Chrétiennes. Les blogs chrétiens fleurissent sur la toile au rythme des saisons, tout autant qu’ils disparaissent. Cela témoigne d’un réel intérêt pour l’écriture. Mais qu’en est-il de la lecture ? Nous avons à cœur sur notre site d’encourager les chrétiens à lire avant même d’écrire.
En effet, plusieurs sondages ont relevé que les mêmes qui disent écrire de plus en plus lisent de moins en moins (sondage Le Figaro littéraire-OpinionWay). Près d’un écrivain sur cinq n’a lu aucun livre ces douze derniers mois ! C’est inquiétant. Nous ne voulons pas que les auteurs chrétiens soient tentés par le repli sur soi ou le nombrilisme.
C’est un de nos plus grands problèmes face à la lecture : nous ne savons pas prendre le temps. L’émotion littéraire nous parle pourtant du Créateur du Monde, si nous savons la saisir au vol…
Cela nous demande aussi de ralentir : il y a quelque chose de terriblement vain et inefficace dans cette activité. Une écriture de qualité prend du temps, de la patience et demande une bonne dose d’humilité. Participer à notre concours vous fera certainement perdre du temps, mais finalement, est-ce que vous n’en avez pas besoin ?
(GB) : Explique-nous en quoi consiste le concours et comment y participer !
(DM) : Le concours est gratuit et ouvert à tous les auteurs francophones. La participation consiste en l’envoi (par email) d’un poème en vers ou en prose de 30 vers ou lignes maximum sur le thème suivant : « Dans la tempête ». Il est ouvert jusqu’au 15 février 2019.