Pierre Marcel : « Prêcher des passages dissociés les uns des autres, c’est manquer de sagesse »
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Pierre Marcel (1910-1992), le fondateur de la Revue Réformée, n’était pas seulement féru dogmatique et spécialiste de l’oeuvre philosophique de son vieux professeur, Herman Dooyeweerd. Il était également profondément attaché à l’exposition du texte biblique dans son contexte. Les quelques lignes ci-dessous, exhumées par Jean-Philippe Bru, en témoignent.
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« Présenter chaque année aux fidèles des sermons traitant d’une soixantaine de sujets ou de passages dissociés les uns des autres, c’est manquer de sagesse. Sans pouvoir revenir aux usages de la Réforme, il est toujours opportun, croyons-nous, de présenter souvent aux fidèles des prédications selon une suite, comportant un ou plusieurs chapitres de l’Ecriture.
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(a) La mémoire des fidèles – n’est-ce pas à quoi nous devons tendre ? – conserve plus facilement le souvenir d’une suite que de plusieurs sujets épars.
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(b) Chacun en tire un plus grand bénéfice pour la vie pratique.
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(c) La richesse et la diversité d’un texte suivi apportent à chaque prédication plénitude et variété, et brisent le cadre trop souvent artificiel des sermons-sujet.
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(d) Le prédicateur est dans l’obligation de suivre toutes les démarches de la pensée biblique, calquée sur la vie véritable et l’inspiration de Dieu, et d’aborder sans biaiser les sujets qui se présentent, fussent-ils les plus inattendus, qu’ils concernent la doctrine ou la mise en pratique, dans le détail de la vie, de la foi et des commandements de Dieu. Les fidèles reçoivent ainsi une multitude d’enseignements, dont chacun ne pourrait faire l’objet d’un sermon, et dont ils seraient autrement privés.
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(e) Cette méthode donne à la parole de Dieu autorité et objectivité dans une actualité vraie. Ce n’est pas le prédicateur qui pose une question, traite un sujet choisi par lui (ce choix semblera toujours subjectif et critiquable à certains), c’est Dieu lui-même qui, par sa parole, pose des questions et oblige prédicateurs et fidèles à les aborder. Lui-même exhorte, menace, bénit, promet, etc.
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(f) La diversité qui remplit un seul sermon ravive sans cesse l’intérêt des auditeurs. Leur attention est plus facilement et longtemps soutenue.
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(g) Les fidèles s’astreignent à venir plus régulièrement au culte.
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(h) Le prédicateur est beaucoup plus libre de prêcher sur des sujets qu’il n’aborderait sans doute jamais autrement. L’initiative donnée à la parole le met à l’aise dans les questions les plus délicates. Il ne sera jamais à court de sujets.
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(i) Cette méthode est aussi la plus efficace pour que les prédicateurs parviennent à une connaissance véritable de la parole de Dieu et sortent des chemins battus. Elle renouvelle toutes les questions. L’Eglise en bénéficiera, non seulement dans la prédication, mais dans tout le ministère de son pasteur.
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(j) Enfin, là où l’Eglise est desservie par plusieurs pasteurs, cette méthode scelle leur unité devant tout le troupeau : inappréciable richesse pour l’Eglise ! »
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