La peur, principal obstacle pour partager l’Evangile aux musulmans
La semaine dernière, je vous parlais de Mosab Hassan Youssef, dont le témoignage souligne qu’il n’est pas besoin d’être un grand apologiste pour partager sa foi aux musulmans. Voici cette semaine mon cinquième article dans la série « Erreurs que les chrétiens commettent dans leur témoignage auprès des musulmans (et comment les éviter) ».
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La peur est peut-être aujourd’hui notre plus grand défi lorsqu’il s’agit de proclamer l’Évangile à nos amis et voisins musulmans :
- J’ai peur de rencontrer un terroriste.
- Je ne sais pas grand-chose sur l’islam.
- Beaucoup de musulmans dans mon entourage sont agressifs. Il est assez difficile de les aimer.
- J’ai peur que la discussion ne devienne embarrassante si ce musulman vient à étaler une connaissance supérieure de l’islam.
- J’ai peur d’être maladroit en leur adressant la parole, étant donné les différences culturelles profondes.
- Je ne sais pas comment débuter une conversation avec un musulman.
« J’ai peur… » Voilà la première des raisons pour laquelle les chrétiens n’osent pas partager leur foi avec les musulmans. Mais, souvenez-vous que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à agir malgré la peur.
La peur imprègne souvent nos rapports avec les hommes et les femmes qui pratiquent l’islam. Il existe quatre craintes ou idées fausses auxquelles la plupart des chrétiens font face quand il s’agit de présenter l’Évangile aux musulmans.
La peur des terroristes
Admettons-le, beaucoup d’entre nous pensons « terroriste » ou « terroriste potentiel » dès que nous nous trouvons face à une femme voilée ou un Arabe barbu. Les images qui alimentent cette phobie sont multiples : hommes barbus et enturbannés, milices encagoulées brandissant des armes automatiques et des lance-roquettes, jeunes garçons bombardant les chars de cocktails Molotov et de pierres, attentats suicides de kamikazes provoquant la mort des passants et civils… Le flot d’images qui défilent quotidiennement sous nos yeux nous remplit de suspicion et de crainte et nous rend hésitants à témoigner. Nous avons peur de tomber sur un vrai terroriste et de devenir la première cible sur sa liste de frappe.
Cette peur et cette suspicion sont en train, je le crains, d’attiser la haine envers les musulmans. Lors d’une conférence pastorale aux États-Unis, un ami essayait de vendre mon livre intitulé Réponses aux questions de nos amis musulmans. Il m’a raconté qu’un pasteur, après avoir regardé le livre, s’est exclamé, furieux : « Comment pouvez-vous donner un tel titre à un livre chrétien ? Les musulmans ne sont pas mes amis, mais mes ennemis. » Sur ce, il a tourné les talons et s’en est allé sans même chercher à connaître le contenu du livre. J’ai peur que cette attitude ne se propage aujourd’hui dans nos églises.
Je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que la plupart des musulmans occidentaux n’encouragent pas la violence (je n’entre pas ici dans la controverse de savoir si l’islam historique enseigne ou non la violence). Ce sont des personnes véritablement pacifiques. Notre peur nous aveugle : nous oublions que la personne qui nous fait face a besoin du Sauveur. Toute notre attention est focalisée sur nous-mêmes et notre désir éperdu de sécurité et de sûreté. Supposons qu’il s’agisse réellement d’un terroriste. Et alors ? Existe-t-il une plus grande joie que de lui parler de Christ et de le voir se convertir par la grâce du Dieu tout-puissant ? Quoi de mieux que de le voir passer d’une vie remplie de haine et de ténèbres à la joie et à l’abondance de l’amour que donne la lumière de Christ ? Le combat du chrétien contre la terreur est un combat qui se gagne en propageant l’Évangile à tous, même à ceux que nous soupçonnons d’être des terroristes.
La peur de l’érudition des musulmans
En visitant des églises, j’ai constaté que les chrétiens ont également peur de ce qui s’avère être un autre stéréotype. Nous présumons que tous les musulmans possèdent une excellente maîtrise du Coran et de ses enseignements. Nous craignons que la discussion ne tourne en notre défaveur et nous expose à l’embarras face à leur érudition et à notre piètre connaissance de la Bible. La vérité est toute autre.
Un jour, je discutais de l’avenir de l’islam au Royaume-Uni avec un imam. Ce dernier a affirmé : « Nous sommes très inquiets pour nos jeunes gens. Plusieurs d’entre eux sont complètement ignorants des enseignements islamiques et mènent une vie totalement mondaine. Nous craignons pour notre génération future. » En réalité, la majorité d’entre eux ignorent ce qu’enseigne le Coran. Ils dépendent en grande partie des interprétations fournies par le clergé et les traditions. Bien souvent, ils sont encore plus ignorants quant à ce qu’enseigne la Bible. Nous n’avons donc rien à craindre : il ne s’agit là que d’une autre idée reçue. Nous rencontrerons fréquemment des musulmans qui affirment de manière péremptoire : « Le Coran enseigne… » ou « Il existe un hadith quelque part qui dit… » Mais il est rare que nous rencontrions un homme ou une femme doués d’une connaissance théologique solide. Notre tâche consiste donc à écouter et à mettre en pratique l’exhortation des Écritures à nous présenter « comme un homme [ou une femme] éprouvé[e], un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de vérité… » (2 Timothée 2:15 ; j’ai ajouté le texte entre crochets). Si nous agissons ainsi, nous avons la pleine assurance que la Parole de Dieu ne retournera à lui sans effet, mais accomplira parfaitement ses desseins. Cette assurance remplacera notre crainte des connaissances qu’un musulman peut posséder.
La peur que les musulmans ne se convertissent pas
Voici une troisième idée fausse très répandue : les musulmans ne se convertissent pas de l’islam au christianisme. C’est une absurdité ! En invoquant ce genre de stéréotypes, nous nions, comme le ferait d’ailleurs un musulman, que l’Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec (Romains 1:16).
Trop de chrétiens tendent à penser que les musulmans s’opposent farouchement à l’Évangile. Historiquement, c’est sans doute vrai, mais Dieu est en train de faire une chose nouvelle parmi les musulmans. Il se sert de l’essor technologique, de l’économie mondiale et même des guerres pour permettre à son peuple d’entrer en contact avec les musulmans. « Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d’arriver : ne la connaîtrez-vous pas ? » (Ésaïe 43:19) On dit qu’au cours des quarante dernières années, davantage de musulmans sont venus à Christ que durant les quatorze siècles précédents.
Prenez le temps de lire et d’écouter leur témoignage et vous saurez que la main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver ! Sur le site www.Jesus-Islam.fr, vous trouverez les multiples histoires de ceux qui ont décidé de suivre Jésus-Christ. Des hommes et des femmes d’origine musulmane racontent leur parcours de vie, comment ils ont acquis l’assurance du salut en Jésus-Christ et la certitude d’aller un jour au ciel.
La peur d’offenser l’autre
Ensuite, il y a la peur de vexer nos amis et voisins musulmans. Nous en faisons trop sur ce point. Les musulmans quant à eux ne se gênent généralement pas pour nous accuser de blasphème. Sans le moindre embarras, ils essaient de faire accepter leur point de vue au niveau théologique, politique, culturel, etc. Ils ne se privent pas du tout d’affirmer ce qu’ils croient être vrai ou faux.
Les chrétiens ont besoin de plus de courage ! Il nous faut prendre notre courage à deux mains et annoncer la vérité de l’Évangile de Jésus sans craindre les hommes, sans avoir peur de les offenser, avec passion et conviction. Nous connaissons en effet les enjeux de la foi en la vérité de Christ : notre destinée finale à tous (Jean 17:3, 7-8). Toutefois, aucune offense autre que celle de la croix n’est nécessaire. « Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, et rachetez le temps. Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun. » Colossiens 4:5-6
Nous avons besoin d’une sainte témérité pour faire voler en éclats notre civilité excessive marquée par la peur. Nous devons le déclarer, le proclamer, le défendre, le présenter, l’annoncer, l’affirmer avec autorité, le dire, le démontrer, convaincre, argumenter : le Dieu saint a en horreur le péché et doit juger le pécheur. Il s’oppose aux hommes qui préfèrent les ténèbres à la lumière (Dieu est lumière) et dont les œuvres iniques méritent à juste titre la condamnation éternelle. Ce même Dieu nous a envoyé son Fils, né d’une vierge. Il a vécu une vie de parfaite obéissance, il est mort à notre place comme un criminel, et Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Vainqueur du péché et de la mort, il annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir et à croire en lui. Ayons pour eux un amour prêt à risquer l’embarras social au profit de la communion éternelle avec Dieu le Père et l’Agneau ressuscité. Que notre témoignage soit exempt de toute crainte, au nom de Jésus !
Tel doit être notre message. Ne nous préoccupons donc pas tant d’offenser nos amis musulmans. L’Évangile, lorsqu’il est prêché fidèlement, est toujours offensant pour tout pécheur, y compris le musulman. Paradoxalement, offenser notre ami par la croix montre que l’Évangile a été proclamé clairement. Notre message est une folie pour eux, « mais pour ceux qui sont appelés […] », Christ est « puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Corinthiens 1:24).