Non, les péchés sexuels ne sont pas uniquement un problème masculin

 

Deuxième extrait de l’excellent ouvrage de David Powlison, Il fait toutes choses nouvelles : retrouver la joie après la honte et la douleur causées par le péché sexuel (Publications Chrétiennes, 2021). Pour rappel, le premier extrait est à retrouver ici. Ce livre fait partie des lectures obligatoire des programmes de licence et de master de la Fondation du Counseling Biblique.

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Il devrait être évident que les péchés sexuels séduisent et embrouillent autant les femmes que les hommes. Après tout, l’adul- tère s’avère le modèle typique de trahison. Dans l’adultère, si l’on inverse Genèse 2.25, l’homme et la femme sont tous deux nus et ils ont honte. Or, lorsque l’Église traite des « luttes avec la convoitise sexuelle », la prémisse entendue ou sous-entendue implique souvent, qu’à la base, c’est le problème des hommes chrétiens. Des femmes séductrices (« là dehors ») peuvent être perçues comme des sources de tentation. Toutefois, on dépeint le désir érotique comme un pro- blème typiquement masculin. Cependant, qu’en est-il des femmes chrétiennes ? Bien qu’il y ait des différences caractéristiques entre les deux genres, il existe également des similitudes centrales en ce qui a trait à la convoitise.

De prime abord, la Bible affirme franchement qu’il n’y a aucune tentation qui ne soit « humaine » (1 Co 10.13). Cela ne signifie pas que cette dernière se présente toujours sous la même forme, mais il existe des éléments communs sous-jacents. Nous combattons le même genre de choses, même s’il se peut que nous le fassions de manières quelque peu différentes. Nous ne devrions pas présupposer que les femmes sont totalement incapables de cette forme d’érotisme brut et immoral qui caractérise certains mâles. Il faut deux personnes pour tout adultère ou fornication. Il se peut même que ce soit une femme qui initie ou agresse en communiquant des signaux sexuels ou en manigançant une liaison. Il arrive que certaines femmes aient des regards indiscrets et développent une dépendance aux plaisirs érotiques. Il y a des femmes qui se masturbent ; il y en a qui adoptent un mode de vie homosexuel. Une femme peut fonder son identité sur l’assouvissement de ses préférences sexuelles et son pouvoir d’attraction sensuelle auprès de la gent masculine. Une fois qu’elle a reçu la miséricorde de Christ et qu’elle commence son pèlerinage vers le jardin lumineux, son combat peut s’avérer directement parallèle à celui d’un homme qui a lui aussi calqué son style de vie sur des choix immoraux. Tous deux devront apprendre à aimer, plutôt qu’à satisfaire et susciter des convoitises.

Deuxièmement, au cours des dernières décennies en Amérique, on remarque que la sexualité féminine a adopté des formes plus crues (ou du moins qu’elle est beaucoup plus effrontée). L’obscénité non dissimulée et l’immoralité sans complexe ont pris la place des allusions faussement modestes et coquines à son accès facile. Hommes ou femmes, selon ton choix, ne t’en prive pas. Par exemple, les athlètes féminines adoptent de plus en plus ouvertement les comportements obscènes qui étaient autrefois l’apanage des athlètes masculins : humour vulgaire, exhibition de leurs fesses, courses nues en public, humiliation et rites d’initiation sexuelle, actes sexuels de nature prédatrice et grossièreté en général. Ce ne sont plus exclusivement les hommes qui utilisent un langage obs- cène, qui fréquentent les spectacles d’effeuilleuses et naviguent sur les sites Internet pornographiques. Les revues féminines offrent systématiquement des conseils pour qui veut jouir de sexe follement extatique avec le « partenaire » de son choix. Que l’on soit marié ou non, homme ou femme, ce sont là des catégories facultatives qui n’ont plus de poids dans la décision d’être actif ou pas sur le plan sexuel. Le concubinage – la fornication – est devenu tellement courant qu’il ne provoque ni sourcillements ni scrupules.

Or, Jésus-Christ « ne fait point de favoritisme ». Une femme qui fait preuve d’immoralité se trouve dans le même état qu’un homme qui se comporte ainsi. La déchéance sexuelle ne fait pas de distinction entre les genres et la miséricorde sacrificielle de Jésus est efficace pour tous, en vue de transformer le sexe en un moyen d’ex- primer l’amour, la lumière et de bons fruits spirituels (Ép 5.1-10).

Troisièmement, il existe des différences caractéristiques, entre l’homme et la femme, qui valent la peine d’être soulignées. Tant ceux qui luttent que ceux qui exercent un ministère envers eux devraient prendre conscience de variations sur des thèmes com- muns. Par exemple, sur le plan de la motivation, les péchés sexuels des hommes et ceux des femmes présentent souvent des distinctions plus ou moins marquées. Une vieille plaisanterie relève la disparité entre l’érotisme simple et l’érotisme complexe :

Question : Quelle est la différence entre les hommes et les femmes ?

Réponse : Une femme cherche un homme qui comblera tous ses besoins, alors qu’un homme veut que toutes les femmes comblent son unique besoin.

Les hommes réagissent souvent davantage aux signaux visuels et à l’érotisme associé à des « parties du corps » anonymes. Les femmes sont souvent plus connectées aux sentiments d’intimité et de proximité émotionnelle, qui deviennent les déclencheurs d’une excitation sexuelle. Or, remarquez le mot « souvent » dans ces deux affirmations. Il ne s’agit pas de distinctions absolues, mais de courbes en cloche qui permettent de glisser d’un côté ou de l’autre. Cependant, il est important de rester conscient des différences possibles. Les raisons qui poussent vers l’adultère, la fornication et la promiscuité sexuelle pourront présenter une évolution plutôt variée.

L’homosexualité fournit un exemple particulièrement évident de ces différences. Les lesbiennes suivent fréquemment une tra- jectoire dissemblable de celle des hommes homosexuels. Plusieurs lesbiennes que je connais étaient autrefois nettement et résolument hétérosexuelles, soit dans la fornication, soit mariées et fidèles. Elles ont pu concevoir, porter et élever des enfants sans grand ques- tionnement sur leur identité sexuelle. Néanmoins, avec le temps, les hommes qu’elles ont côtoyés se sont montrés décevants, peu communicatifs, incompréhensifs, ivrognes, infidèles ou violents – ou toutes ces choses à la fois. Que ce soit pendant la tristesse de la lente désintégration du mariage ou tandis qu’elles ramassaient les débris après un divorce, à un certain moment, d’autres femmes se sont avérées des amies bien plus compréhensives et sympathiques. L’intimité émotionnelle et la communication ont ouvert une nouvelle porte. Le remodelage vers une sexualité lesbienne est survenu plus tard, souvent à la suite d’un long processus d’expérimentation initié par une proximité émotionnelle.

Dans ce scénario, la « convoitise de la chair » qui refaçonnera leur style de vie n’était pas sexuelle au départ. Il s’agissait plutôt, en premier lieu, de l’envie d’être traitée avec tendresse et sympathie, d’être connue, comprise, aimée et acceptée. Le sexe en tant que tel était secondaire. Fréquemment, la dynamique centrale du lesbia- nisme est un désir d’intimité qui dérape et tombe dans le ravin de l’érotisme.

Dans l’homosexualité masculine, la plupart du temps, la dyna- mique centrale est un désir sexuel qui dérape. Remarquez, encore une fois, que j’utilise les mots « fréquemment », « la plupart du temps » et « courant ». Cette comparaison a ses limites. J’ai connu des hommes homosexuels pour qui le désir d’être socialement acceptés (ou de pouvoir dominer) était au premier plan, alors que les désirs érotiques venaient en deuxième place. De plus, j’ai connu des lesbiennes prédatrices, séductrices et dominatrices dans leur recherche d’une partenaire érotique. Ce que la Bible nomme « les convoitises de la chair » est constitué de plusieurs sortes de désirs qui deviennent incontrôlables, prenant ainsi le cœur humain en otage.

Étant donné ces variantes, il n’est pas étonnant que les lesbiennes aient tendance à vivre des relations plus stables et à être moins fornicatrices que les hommes homosexuels. En outre, on comprend également pourquoi l’idéologie homosexuelle tente rarement de défendre l’idée que le lesbianisme est génétique, alors qu’elle avance souvent cette affirmation au sujet de l’homosexualité masculine. Une sexualité crue et obsessive semble provoquer des rationalisations biologiques, contrairement à une relation multi- factorielle. J’ai entendu les commentaires de plusieurs personnes homosexuelles, hommes ou femmes. Ils affirmaient essentielle- ment : « C’est tout simplement plus facile d’être homosexuel. On n’a pas affaire à toute la dynamique entre hommes et femmes. Si les hommes veulent principalement du sexe, qu’ils se retrouvent entre eux ! Si les femmes veulent être connues, comprises et aimées, laissons-les développer des relations entre elles ! Ainsi, on peut éviter le tracas qui survient lorsqu’on essaie de combler le fossé entre hommes et femmes dans les relations. C’est plus facile d’obtenir ce que l’on veut en étant du même genre, et les amitiés avec l’autre genre sont plus simples lorsqu’on en retire l’élément du sexe. »

Quatrièmement, la culture de la romance et les obsessions des revues féminines attirent beaucoup moins l’attention que la pornographie qui vise les hommes. Ces derniers s’adonnent à la pornographie explicite ; il s’agit là d’un problème évident. Les femmes s’adonnent à la romance. C’est le même genre de problème, bien que les protagonistes restent habillés un peu plus longtemps et que l’histoire qui se déroule avant qu’ils ne s’affalent sur le lit a plus de contenu. La romance, c’est la pornographie féminine. Le péché se trouve entrelacé d’abord dans les désirs d’intimité, puis il progresse jusqu’à devenir un désir érotique. Les fantasmes stéréotypés offrent le récit d’un régal émotif plutôt qu’un régal pour les yeux. La romance raconte une histoire au sujet de quelqu’un qui a un nom et de qui l’on devient amoureux. Elle se construit lentement. Il s’agit de plus qu’un moment de satisfaction immédiate entre deux corps anonymes, nus et consentants. La catégorie des romans du genre romantique a même fait son apparition dans les vitrines des maisons de publication évangéliques. Le sexe est dépollué et le preux chevalier s’avère aussi un leader dont la spiritualité est profonde et qui épouse sa bien-aimée avant d’avoir des relations sexuelles avec elle. Toutefois, l’attrait fantaisiste de l’intimité et des désirs romantiques demeurent les principaux éléments cachés au cœur de ce qui charme les lecteurs.

En outre, les femmes sont réellement de plus en plus adeptes de pornographie, tant littéraire que visuelle. Tout comme dans le cas des hommes, on note une progression, d’écrits subtils en descriptions ouvertement érotiques, pour aller jusqu’aux textes nettement pornographiques qui visent la gent féminine. On rapporte que, parmi ceux qui ont lu ou visionné Cinquante nuances de Grey, il y avait 75 % à 80 % de femmes. Les versions féminines du péché sexuel, sous le couvert de la romance, sont des chiffons encrassés au même titre que celles qui visent les hommes. Jésus-Christ nous appelle tous à sortir des fantasmes, de l’illusion et des convoitises, qu’ils soient remplis de corps dénudés ou de princes charmants. Il se préoccupe de la réalité. Une prière écrite il y a longtemps remet les choses en perspective : « Que je ne cherche pas tant […] à être aimé, qu’à aimer. » Jésus nous enseigne comment tenir notre engagement et nous montrer patients, bons, protecteurs. Il nous montre par quel moyen faire la paix en ne gardant pas rancune, nous apprend à être miséricordieux, indulgent, généreux et à manifester tous les autres qualificatifs de la grâce qui s’avèrent à la fois difficiles et merveilleux. Il nous enseigne qu’il faut considérer ce qui est véritablement dans l’intérêt d’autrui, à savoir une pureté positive et aimante qui protège celle des autres, au lieu de ce qui nous vient d’instinct, le narcissisme, la fascination envers nos propres désirs et opinions, ainsi que l’autosatisfaction. Jésus-Christ nous prend par la main pour nous conduire sur des voies qui donnent tout son éclat à l’expression : « Vive la différence ! »

 

 

 

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