Nier un seul des cinq points du calvinisme, c’est les nier tous

Voici pourquoi je crois à l’intégralité des cinq points du calvinisme, au lieu de rejeter la grâce irrésistible et l’expiation limitée (définie, particulière). Les 5 points sont en effet complètement liés les uns aux autres.

En nier un, c’est les nier tous.

 

Point 1 : la dépravation ou déchéance totale

Si l’homme est TOTALEMENT dépravé, alors cela veut dire que toutes les parties de son être son touchées par le mal, sont corrompues. Non seulement son cœur, son esprit, mais aussi sa raison et son arbitre (libre arbitre). C’est-à-dire qu’il n’a plus de « libre arbitre », ce pouvoir de se tourner lui-même vers Dieu sans la grâce. Son arbitre (ou le pouvoir de sa volonté) est asservi au mal (asservi= serf ; on parle alors de « serf arbitre »).

 

Point 2 : l’élection inconditionnelle

Si l’homme est TOTALEMENT dépravé et n’a plus de libre arbitre, il ne peut se tourner vers Dieu. Dès lors, Dieu, pour le sauver, prépare un plan de salut non pas seulement AVANT SA CONVERSION, ni simplement AVANT LA CRUCIFIXION, ni non plus AVANT L’INCARNATION, MAIS AVANT LA FONDATION DU MONDE.

Non pas parce qu’il savait d’avance que nous allions croire et nous convertir, mais INCONDITIONNELLEMENT, c’est-à-dire non pas en fonction de nos bonnes actions prévues, mais GRATUITEMENT, SOUVERAINEMENT, PAR LA GRÂCE LIBRE DE DIEU. Il choisit librement ses élus et leur donnera la foi et la repentance au temps voulu.

Il s’agit là de la PORTÉE DÉFINIE DE L’ŒUVRE DU PÈRE.

 

Point 3 : l’expiation définie

On parle parfois d’expiation limitée, ou « particulière ». Si l’homme est élu INCONDITIONELLEMENT, Dieu doit accomplir le salut par la substitution du Fils de Dieu pour nos péchés. Il prend la place de ses élus.

Le prêtre de l’Ancienne alliance, ne portait pas sur ses épaules ou sur son pectoral les noms de toutes les nations, mais ceux des 12 tribus de son peuple. Pour qui offrait-il des sacrifices ? Pour son peuple, ainsi représenté sur son pectoral. Pour qui effectuait-il la purification dans la cuve d’airain ? Pour son peuple. Pour qui entrait-il et offrait-il le parfum ? Pour son peuple, sur la base du sacrifice qui avait une portée définie= son peuple, le peuple élu.

Ainsi, le Fils de Dieu, dans sa prière sacerdotale a dit : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés » (Jn 17). Il ne priait pas pour le monde, mais pour ceux que le Père lui a donnés de toute éternité, et c’est pour eux qu’il offrira sa vie en sacrifice (« Je donne ma vie pour mes amis », « mes brebis », « mon Église »). La portée définie de sa prière correspond à la portée définie de son sacrifice.Si Jésus-Christ est mort pour sauver tout être humain de façon indéfinie, en fait il ne sauve pas, il ne fait que rendre le salut disponible. L’efficacité de ce salut serait alor dépendante de la décision humaine qui rendra ce sacrifice efficace ou non.

Il s’agit là de la PORTÉE DÉFINIE DE L’ŒUVRE DU FILS.

 

Point 4 : la grâce irrésistible

Si Christ est venu racheter ceux que Dieu a élus INCONDITIONELLEMENT pour le salut, de toute éternité, alors lorsque viendra le temps d’appeler ceux-ci au salut, même si ceux-ci résistent longtemps à l’appel général et universel au salut par l’Évangile, ils cesseront de résister. En effet, la grâce divine —un amour puissant comme la mort— vaincra leur rébellion et les attirera de façon irrésistible au Fils de Dieu. Ce n’est pas à dire que Dieu les attirera contre leur gré, de force, mais il renouvellera plutôt leur volonté afin que, bien qu’ils étaient auparavant résistants, ils cessent de résister et viennent, émerveillés par la grâce de Dieu, embrasser le salut gratuit en Jésus-Christ.

Si la grâce était résistible, l’efficacité de ce salut serait dépendante de la décision humaine qui rendrait l’action de la grâce efficace ou non (voir les documents ci-joints). La régénération est analogue à la conception physique. Ce n’est pas le fœtus qui amorce la fusion nucléaire des cellules mâle et femelle. C’est l’acte des parents. Les mouvements du bébés ou son cri de naissance ne sont pas la cause, mais la conséquence de la vie qui est déjà présente.

Ainsi, l’être humain qui se repent et crois n’amorce pas le processus salvifique; ces actes sont la conséquence et la preuve que Dieu a déjà communiqué la vie à celui qui était mort spirituellement et incapable d’aucun acte spirituel (Ep 2.1ss.)… C’est ça la notion de la dépravation totale et celle de la grâce irrésistible. (Le bébé ne peut dire non ou résister à l’acte générateur des parents; le pécheur qui résiste, ne peut plus résister à l’acte RÉ-GÉNÉRATEUR de la grâce).

Il s’agit là de la PORTÉE DÉFINIE DE L’ŒUVRE DU SAINT-ESPRIT

 

Point 5 : la persévérance finale des saints

Ceux que le Père a élus INCONDITIONELLEMENT de toute éternité, que le Fils est venu racheter effectivement et non potentiellement, et que l’Esprit est venu régénérer, attirer, et appeler efficacement, Dieu ne laissera pas ceux-ci à la merci du diable et du péché. Il leur donnera la grâce de persévérer jusqu`à la fin. L’Esprit de régénération leur communique le désir de la sainteté et le processus de sanctification est aussitôt enclenché. Recevoir le Sauveur, c’est recevoir le Seigneur. L’un ne va pas sans l’autre.

Si le salut pouvait débuter par l’homme, alors il pourrait être perdu par l’homme. Or, bibliquement le salut commence en Dieu, par Dieu et pour Dieu et Dieu ne mettra jamais fin à ce salut complet. Ce salut ne peut se perdre. Personne ne peut ravir les brebis de la main de Jésus le Berger des brebis.

« Ils étaient à toi et tu me les a donnés; et ils ont gardé ta Parole » (Jean 17.6)

 

Bien sûr le présent article n’est qu’un bref résumé de mes arguments principaux, quant aux cinq points amenés en 1618-1619 par les Calvinistes ou « Contre-Remonstrants » au Synode de Dordrecht, dans la controverse arminienne, en réponse aux 5 points amenés par les disciples d’Arminius ou arminiens ou Remonstrants.

Incidemment, l’année 2018 marque le 400e anniversaire du début de ce synode qui a permis la rédaction des Canons.

  • On peut consulter les Canons en ligne ici.
  • On peut consulter les versets bibliques à l’appui de chacun de ces points sur cette page ou celle-ci.
  • Notre ami le pasteur Paulin Bédard a fait une soixantaine de sermons sur les Canons de Dordrecht. Retrouvez-les ici.
  • Lisez aussi ce que Pascal Denault en dit sur son blog.

 

Régalez-vous! 🙂
Bonne lecture

André

 

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André Pinard est pasteur de l'Église réformée-baptiste de l'Outaouais (Québec, Canada).