Ne limitez pas Dieu !
Reconnaissons le : face aux excès de certains de nos amis charismatiques, nous avons parfois tendance nous aussi à réagir excessivement.
Par exemple, certains d’entre nous sont prêts à parler de “la fin du temps des miracles”, limitant cette activité à la période apostolique.
Certainement, les signes qui accompagnaient et authentifiaient les ministères de Christ et de ses apôtres n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.
Mais cela signifie t-il pour autant que Dieu n’opère plus du tout de miracles ?
Pour le chrétien échaudé et prudent du 21ème siècle, une telle pensée peut être tentante.
Prenons garde cependant de ne pas limiter Dieu, comme le puritain Ralph Venning (1621-1674) nous y exhorte :
Ne limitez pas Dieu en quoi que ce soit, et ne lui retirez aucun moyen d’agir.
Sachez qu’il travaille quand, où, comment, et par qui il lui plait.Parce que le ministère initial de l’Evangile était accompagné de miracles, il n’y aurait plus de miracles désormais ? Pourquoi limiteriez vous ainsi le Saint d’Israël ?
S’il amène l’Evangile à son but en conduisant de pauvres pécheurs à lui-même, en quoi cela importe t-il que cela s’accomplisse par le travail de ses mains ou par les paroles de sa bouche ?
Et maintenant, qui sait si Dieu ne se manifestera pas à nouveau en oeuvrant par le moyen de miracles en appelant les juifs comme il l’a fait en appelant les paiens ? (1)
Mais qu’il le fasse ou non, ne limitons pas Dieu. (2)
Prenons donc garde afin d’agir avec circonspection. Gardons en tête qu’en cette époque difficile, nos consciences sont nécessairement influencées par le scepticisme ambiant.
Les miracles existent, et certains peuvent être de Dieu. Prenons garde à ne pas laisser notre perception de son oeuvre s’amoindrir, de peur qu’un jour nous ne sachions le reconnaitre s’il agit miraculeusement envers nous.
GB
Notes et références :
(1) Ne vous y trompez pas, la référence à une conversion massive des juifs à la fin des temps n'indique pas que Venning était prémillénariste. Comme de nombreux puritains, celui-ci était plutôt postmillénariste. La période de prospérité de 1000 allait être couronnée, selon lui, par une conversion massive des israélites avant le retour de Christ. Que nous adhérions ou non au postmillénarisme classique des puritains, le principe énoncé par Cenning demeure : qui sait si Dieu n'agira pas à nouveau, dans cette génération ou celle d'après, de manière miraculeuse ?
(2) Extrait de Ralph Venning, “The New Commandment Renewed, or Love One Another”, in The Puritans on Loving One Another, Morgan: Soli Deo Gloria, 1997, p. 37-38