Jésus a-t-il vraiment existé ?
En 2012, Bart Ehrman, spécialiste du Nouveau Testament, a écrit un livre sur la question: Jésus a-t-il existé? Ehrman ne croit pas en Dieu. En fait, il a fait fortune en écrivant des livres qui remettent en question la foi chrétienne historique. Mais comme il l’explique, «Quoi que l’on puisse penser de Jésus, une chose est certaine:il a existé». Ehrman affirme que «la quasi-totalité des experts de la planète » partagent ce point de vue. Le plus naïf n’est donc pascelui qui croit que Jésus a marché sur la terre il y a 2 000 ans, mais celui qui n’y croit pas.
Pourquoi tous ces experts croient-ils en l’existence de Jésus? Quelles preuves les ont amenés à cette conclusion? Les sources les plus fournies sur la vie de Jésus proviennent des quatre biographies que l’on trouve au début de la seconde partie de la Bible, le Nouveau Testament. Ce sont les Évangiles selon Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ehrman les considère comme «les sources les plus anciennes et les plus fiables dont nous disposons pour connaître la vie de Jésus». Il affirme que c’est «l’opinion de tous les historiens crédibles de l’Antiquité, tant celle des chrétiens évangéliques engagés que celle des athées purs et durs».
Nous examinerons plus loin ce que disent ces Évangiles sur la naissance de Jésus. Mais même en choisissant d’écarter cette source, nous trouverons des références à Jésus-Christ: elles apparaissent dans de nombreux documents anciens rédigés par des auteurs non chrétiens. Il s’agit souvent de bribes d’informations données en passant, dans des écrits qui traitent d’autres sujets. Néanmoins, à partir de ces sources non bibliques, nous pouvons reconstituer l’essentiel de la vie et de la mort de Jésus. Une de ces références à Jésus se trouve dans un texte écrit par l ’historien juif Flavius Josèphe aux alentours de l’an 93. Josèphe rapporte qu’en 62 apr. J.-C. (environ trente ans après la mort de Jésus), le grand prêtre juif «fit lapider» (c’est-à-dire exécuter) « Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres». Cela coïncide parfaitement avec ce qu’en rapporte la Bible. À cette époque, le peuple de Dieu (les Juifs) vivait sous la domination tyrannique des Romains. Mais Dieu avait promis d’envoyer un roi très particulier, le «Christ», pour les sauver. Dans les Évangiles, Jésus affirme être ce Christ. Le Nouveau Testament identifie également Jacques comme le frère de Jésus et comme un dirigeant de l’Église primitive.
Les autorités juives considéraient les chrétiens comme des hérétiques, il est donc logique que Jacques ait été exécuté par lapidation. Nous trouvons une autre référence à Jésus-Christ dans un document du début du 2ème siècle, rédigé par l’historien romain Tacite. Il rapporte comment l’empereur Néron a imputé le grand incendie de Rome de 64 apr. J.-C. «à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens». Tacite poursuit en expliquant qui étaient ces chrétiens : Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde renferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans. Tacite n’était pas un grand fan des chrétiens ! Mais son récit confirme les Évangiles : Jésus, appelé Christ, a été exécuté sous le règne de l’empereur Tibère et sous l’autorité de Ponce Pilate, gouverneur de Judée de 26 à 36 apr. J.-C.
Au début du 2e siècle, le christianisme était devenu un véritable casse-tête pour les Romains. Pline le Jeune (gouverneur romain en Turquie aux environs de l’an 110) a écrit une lettre à l’empereur. Il recherchait des conseils afin de mieux persécuter les chrétiens. Pline demandait aux personnes soupçonnées d’être chrétiennes de vénérer les dieux romains, d’adorer une statue de l’empereur et de maudire le Christ. Il savait que les vrais chrétiens n’accepteraient jamais de faire cela. Certains qui avouaient avoir été chrétiens racontaient qu’ils avaient l’habitude de se réunir tôt le matin, un certain jour de la semaine, et de chanter «un hymne au Christ comme à un dieu». Contrairement à la plupart de leurs contemporains religieux, les chrétiens ne voyaient pas en Jésus un dieu à adorer parmi d’autres, mais plutôt le seul vrai Dieu. Adorer Jésus, cela revenait à refuser d’adorer qui que ce soit d’autre.
Pour en savoir plus sur le christianisme, Pline a torturé «deux femmes esclaves, qu’on appelait diaconesses», choisies pour leur profil représentatif de l’Église primitive. En effet, le christianisme semble avoir particulièrement attiré les femmes et les esclaves. Celse, le philosophe grec du 2ème siècle, s’en amusait lorsqu’il disait que les chrétiens «ne veulent et ne peuvent convaincre que les gens niais, vulgaires, stupides : esclaves, bonnes femmes et jeunes enfants». Cependant, Pline indique clairement que la «superstition contagieuse» du christianisme s’était répandue parmi les gens «de tout âge, de tout rang et des deux sexes». Ces trois textes de l’Antiquité fournissent des preuves extra bibliques de l’existence de Jésus-Christ.
D’après eux, Jésus était un dirigeant juif du début du premier siècle qui affirmait être le Christ. Il a été exécuté par les Romains entre 26 et 36 apr. J.-C. Ses disciples l’ont, par la suite, adoré comme Dieu. À ce stade, vous vous dites peut-être: «D’accord, Jésus a vraiment existé ; il affirmait être le Christ et a été exécuté par les Romains. Mais la Bible nous demande de croire bien plus que cela. » Vous avez raison ! Lorsque Amy Pond dessinait son «docteur débraillé», tout le monde pensait qu’elle délirait. C’est vrai que lorsque quelqu’un dit croire à l’histoire de Noël, cela signifie qu’il croit des choses franchement invraisemblables. Selon certains philosophes grecs, il n’y avait que les esclaves, les femmes et les enfants sans instruction pour croire de telles choses ! Nous en reparlerons au chapitre trois.
Avant cela, sachez que tout ce que vous avez pu entendre au sujet de Noël ne provient pas forcément de la Bible. Au fil du temps, toutes sortes de détails se sont greffés sur le récit d’origine. De tels détails ont nourri notre imaginaire collectif : Jésus serait né au cœur d’un triste hiver, il neigeait ce jour-là, la naissance aurait eu lieu dans une étable où un âne était présent, l’aubergiste était grognon et un petit enfant jouait du tambour… parapapampam! Non, on ne trouve rien de tout cela dans les Évangiles.