Jésus, copie d’un mythe païen ?

On voit circuler sur FaceBook et Youtube des tableaux comparatifs qui prétendent que l’histoire de Jésus est entièrement reprise de religions païennes. Ainsi, Mithra, Horus, Krishna, Osiris, Dionysos, Sol Invictus, Asclépios, ou -insérez le nom de la divinité ou du héros en question-, eux aussi, selon la légende, répondraient tous plus ou moins aux mêmes caractéristiques :

  • Nés d’une vierge un 25 décembre,
  • Ayant eu des disciples,
  • Étant appelés « Seigneur et Sauveur »,
  • Ayant transformé l’eau en vin,
  • S’étant sacrifiés,
  • Étant ressuscités des morts,
  • -Insérez épisode de la vie de Jésus-

Des sites d’opinion et d’information qui, à défaut d’être des plus sérieux, ont néanmoins de nombreux lecteurs, se font l’écho de cette idée générale, comme par exemple Slate en juillet 2015.

Outre le fait que ces affirmations sont, pour la plupart, de la pure invention, voici trois raisons principales pour lesquelles l’idée que Jésus est inspiré d’un mythe païen est complètement ridicule.

1- CETTE THÈSE EST LARGEMENT REJETÉE PAR LES SPÉCIALISTES

  • Pour les experts, la question n’est plus d’actualité…

Le travail de recherche des « mythistes », comme on les appelle, a connu un certain succès au 19e siècle et dans la première moitié du 20e, mais a depuis été largement et sévèrement critiqué par les experts. Malgré cela, le grand public reste sensible à ces thèses complotistes, surtout sur Facebook et Youtube – qui comme chacun le sait sont des hauts-lieux pour publier des travaux universitaires de grande qualité.

  • …et pour cause : ceux qui propagent ces idées n’ont aucune expertise reconnue dans les domaines pertinents au débat (Bible, Égyptologie, Proche-Orient Ancien, Histoire biblique…).

Par exemple, Michel Onfray : il a une formation en philosophie, d’où découle la qualité de ses cours à l’Université Populaire de Caen. Cependant, ses affirmations sur l’histoire de la religion, dignes de brèves de comptoirs, montrent bien que c’est de sa philosophie que viennent ses opinions, plutôt que d’une véritable étude historique. Plus généralement, les mythistes feront références à des spécialistes des divers domaines pertinents, mais pour prétendre des choses qu’aucun desdits spécialistes ne s’aventurerait à affirmer.
En fait, depuis les années 60-70, même les spécialistes qui identifient de nombreux récits bibliques comme des légendes reconnaissent que les thèses mythistes manquent cruellement de fondement. Par exemple, le Dr. Bart Ehrman, professeur émérite de Nouveau Testament à l’Université de Caroline du Nord, avec à son actif plus de trente ouvrages sur l’origine et le développement du christianisme, compare les auteurs des thèses mythistes à des extrémistes.

2- JÉSUS ET LA BIBLE SONT INDÉNIABLEMENT DIFFÉRENTS DES DIEUX ET MYTHES PAÏENS

  • Le Nouveau Testament est un document dont l’historicité est reconnue.

Et comme une image vaut dix mille mots, voici une infographie qui montre bien que, si le Nouveau Testament n’est pas fiable, alors notre connaissance générale de l’Antiquité l’est encore moins.

  • Jésus a vraiment existé.

Contrairement à ce que laisse penser la façon trompeuse dont il est cité dans l’article de Slate mentionné plus tôt, le Dr Ehrman, pourtant très critique de l’interprétation chrétienne de la Bible, est convaincu que Jésus a véritablement existé. Non seulement le Nouveau Testament est historiquement fiable, mais il existe plusieurs autres témoignages contemporains à son sujet, sans parler de son sillage historique. Pour Ehrman, affirmer le contraire équivaut à affirmer que le soleil tourne autour de la terre.

  • La naissance virginale de Jésus, sa crucifixion et sa résurrection physique sont indiscutablement uniques au christianisme.

Il existe de nombreuses légendes païennes où des vierges ont des rapports sexuels avec des dieux qui s’incarnent pour l’occasion, mais le Nouveau Testament indique que Marie était encore vierge après être tombée enceinte, parce qu’il n’y a pas eu de rapport physique. C’est cela qu’on entend par « conception virginale », et c’est unique en son genre.

Pour ce qui est du crucifiement, les récits antiques indiquent effectivement un supplice très ancien, ou une méthode d’exécution où un homme est suspendu à un arbre ou à un poteau, mais ils sont trop vagues pour savoir s’il s’agit de clouer quelqu’un sur une croix, ou d’autre chose. Quoi qu’il en soit, il n’existe aucune trace de crucifixion similaire à celle de Jésus dans les mythes païens.

Enfin, Jésus est le seul qui meurt et ressuscite physiquement. Ce n’est pas la même chose que par exemple les dieux qui naissent et meurent symboliquement chaque année avec le cycle des saisons, ou encore qu’Osiris, qui est « reconstitué » après avoir été démembré – et finit tout de même dans le monde de l’au-delà.

  • La mort de Jésus a eu un effet radical sur ses disciples, inégalé de par le monde et l’histoire.

Ni Mithra, ni Osiris, ni Asclépios ou Krishna, ou qui sais-je encore, n’ont transformé la face de leur époque et de la planète. Leur « vie » et, le cas échéant, leur « mort » ont été inscrites dans l’ordre symbolique du monde, mais elles n’ont pas suscité un renouveau qui a marqué et donné forme à 2000 ans de civilisation, particulièrement aux niveaux artistique, philosophique, politique, juridique et social.

  • Les juifs n’auraient jamais laissé des éléments païens envahir leur culte.

Certes, de nombreux dieux étaient appelés « Seigneur et Sauveur ». En fait, au Proche-Orient Ancien, même les rois et empereurs se faisaient appeler ainsi. Evidemment, les juifs combattaient férocement ces prétentions divines extérieures, car ils ne devaient avoir « aucun autre Dieu » que Yavhé. Que ce titre soit attribué à des dieux païens et à Jésus n’indique rien d’autre que la prétention de Jésus à la divinité. Cela demeure bien sûr une affirmation polémique pour l’époque : « le vrai dieu, ce n’est pas telle pseudo-divinité ou tel dirigeant, mais cet homme ! » Si de nombreux juifs ont accepté et reconnu une affirmation aussi outrageante, c’est qu’il a dû être très convaincant…

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3- NOS CONNAISSANCES DES RELIGIONS PAÏENNES NE SONT GÉNÉRALEMENT PAS FIABLES

  • On ne sait quasiment rien des religions païennes.

Malheureusement pour les passionnés du passé, la plupart des religions païennes n’ont laissé quasiment aucune trace écrite. Celles qui subsistent aujourd’hui sont parcellaires, ou bien, quand elles sont plus fournies, comme la mythologie égyptienne ou greco-romaine, elles sont divisées en plusieurs traditions contradictoires.

  • Le peu qu’on sait de ces mythes date d’après Jésus, souvent du Moyen-Âge ou plus tard, et a été essentiellement rapporté par des missionnaires chrétiens (particulièrement les Jésuites), qui avaient pris l’habitude d’interpréter ces mythes à la lumière de leur propre religion.

Par exemple, la mythologie Nordique nous est présentée aujourd’hui selon l’axe de conflit entre le gentil Odin et le méchant Loki. Pourtant, certaines similarités frappantes entre ces deux figures suggèrent qu’à l’origine, il s’agissait peut-être d’un seul personnage. La distinction aurait pu être introduite, ou exacerbée, par les missionnaires chrétiens qui ont recueilli tardivement les récits par écrit, pour correspondre à leur propre vision du monde, qui sépare nettement le bien du mal. De même, le « Ragnarok« , lutte finale entre les dieux et les géants, débouchait à l’origine sur la mort de tous les combattants. Seules les versions tardives rendent les dieux vainqueurs et évoquent un nouveau départ de l’humanité, similaire à l’idée d’une nouvelle création qui suit le Jugement Dernier dans la Bible.

  • Les traductions des certains passages des mythes païens ont été influencés par les références religieuses occidentales, ce qui donne l’impression de parallèles là où il n’y en a pas. Parfois ces biais de traduction sont inconscients, mais ils sont parfois volontairement façonnés pour tromper le lecteur.

Par exemple, l’universitaire américaine Dorothy Murdock publie en 2009 un livre sur les liens entre le christianisme et la mythologie antique. Elle y prétend que Horus et Osiris ont été, selon la mythologie Égyptienne, « crucifiés dans les cieux ». Cependant elle interprète le terme « crucifixion » avant tout dans le sens de « en forme de croix », et elle l’identifie donc partout où un dieu est représenté debout avec les bras écartés – ce dont elle déduit que cette pose serait un symbole antique de divinité. Elle affirme aussi un lien entre un « Dieu Soleil » et un « Dieu Fils » sur la base de la ressemblance des termes… en anglais (« Sun God » et « Son God »). Voilà voilà… no comment.

  • On ne reconnaît quasiment aucune authenticité historique à ces mythes, et d’ailleurs ils n’ont quasiment aucune prétention d’historicité.

Les récits mythologiques sont présentés comme des contes, des légendes, où se mêlent le symbolique et la fiction. Ils ne commencent jamais par des affirmations du type « Voici le vrai récit, authentifié par mes soins après enquête, et dont j’atteste personnellement… » – contrairement par exemple à l’évangile de Luc. Ils n’utilisent pas de date précise, n’indiquent presque aucun lieu réel, bref, ils sont impossibles à vérifier ! Par opposition, une bonne partie des livres bibliques sont datés, ancrés historiquement et culturellement, et donc peuvent faire l’objet d’un tel débat.

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En conclusion, nous n’avons aucune bonne raison de relier la vie ou la personne de Jésus à des mythes païens, au contraire nous avons toutes les raisons de ne pas le faire, à l’exemple des chercheurs universitaires les plus reconnus dans les domaines pertinents.

VMT

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