Humilité ou oubli de soi ?
Dans un tout petit ouvrage récent édité par les Editions Clé, Tim Keller suggère de ne plus utiliser le mot “humilité” pour exprimer le contraire de l’orgueil, mais plutôt de parler “d’oubli de soi”.
Il le fait de manière convaincante, de mon point de vue. En voici un court extrait :
“CS Lewis fait une brillante observation sur l’humilité selon l’Évangile, dans Les fondements du christianisme, tout à la fin de son chapitre sur l’orgeuil (p. 135). Si nous venions à rencontrer une personne véritablement humble, dit Lewis, jamais nous ne repartirions en pensant qu’elle était humble. Elle ne nous raconterait pas constament qu’elle n’est personne (car une personne qui ne cesse de dire qu’elle n’est personne est en fait quelqu’un d’obsédé par lui-même). La chose dont nous nous rappellerions d’une rencontre avec une personne évangéliquement humble, c’est combien elle semblait totalement intéressée par nous. Car l’essence de l’humilité évangélique n’est pas de se sous-évaluer ni de se surévaluer, mais simplement d’être moins centré sur soi.
L’humilité selon l’Évangile consiste à ne pas devoir penser à soi. Ne pas devoir ramener les choses à soi. C’est la fin des pensées telles que : ”Je suis dans cette pièce avec ces personnes, de quoi ai-je l’air ? Est-ce que je suis ici à ma place ?“ La véritable humilité selon l’Évangile signifie arrêter d’associer chaque expérience, chaque conversation, avec moi-même. En fait, j’arrête simplement de penser à moi. La liberté dans l’oubli de soi. Le repos béni que seul l’oubli de soi apporte.”
- Timothy Keller, La liberté dans l’oubli de soi, Lyon: Editions Clé, 2018.