Question #90 – En quoi consiste le principe régulateur d’adoration?
Question: En quoi consiste le principe régulateur d’adoration?
Réponse : Il n’est pas suffisant d’adorer le vrai Dieu, il faut l’adorer uniquement de la manière qu’il a lui-même prescrite dans sa Parole. ~ Deutéronome 12.32
Le sujet de l’adoration fut l’un des plus épineux à être débattus parmi les théologiens protestants. Parmi les questions examinées, il y avait celle de la place accordée à la raison humaine et à l’Écriture sainte pour définir la manière acceptable d’adorer Dieu. Les réformés ne contestaient pas le fait que la révélation générale puisse indiquer certaines choses quant à l’adoration de Dieu, cependant la seule chose que la raison humaine puisse ultimement déduire de la révélation générale est qu’il existe un Dieu digne d’être adoré, mais elle n’indique rien sur la manière dont il faut l’adorer.
(Par. 1) La lumière de la nature montre qu’il est un Dieu qui a seigneurie et souveraineté sur tout ; qui est juste, bon, fait du bien à tous, et qui, par conséquent, doit être craint, aimé, loué, invoqué, cru et servi par les hommes de tout leur cœur, de toute leur âme et de toutes leurs forces. Quant à la manière de lui rendre un culte, c’est Dieu lui-même qui l’a ordonnée et précisée, par sa volonté révélée, de sorte qu’aucun culte ne peut lui être rendu selon l’imagination et les méthodes des hommes, ni selon les suggestions de Satan, sous quelque représentation que ce soit ou de quelque autre manière non prescrite dans les saintes Écritures.
Tous les hommes adorent, cependant en raison du péché, aucun homme, laissé à la seule lumière de la révélation générale, n’adore le vrai Dieu (Rm 1.21-23). Bien que la révélation naturelle manifeste la gloire du vrai Dieu (Ps 19.2-5), elle ne manifeste pas la façon exacte dont il faut révérer cette gloire. Ainsi, toutes les formes d’adoration qui ne sont pas fondées dans la révélation biblique ne peuvent être agréées ; seul le culte chrétien est approuvé de Dieu. Cela ne signifie pas pour autant que tous ceux qui se revendiquent de la Parole de Dieu lui offrent nécessairement un culte acceptable selon sa Parole.
La pureté de l’adoration fut au cœur de l’agenda de la Réforme protestante en recherchant la base sur laquelle on pouvait être sûr et certain d’adorer Dieu de la bonne façon. D’un côté, l’Église catholique romaine affirmait posséder l’autorité pour déterminer la vraie adoration et établir des rites et des cérémonies puisqu’elle conférait une autorité canonique à sa tradition. Cette vision s’est retrouvée en partie dans l’Église anglicane qui affirme ceci dans ses 39 Articles de foi concernant l’autorité de l’Église :
L’Église a le pouvoir de décréter des rites ou des cérémonies, et l’autorité dans les controverses de la foi. Cependant, il n’est pas permis à l’Église d’ordonner quoi que ce soit qui soit contraire à la Parole de Dieu écrite, ni d’expliquer un passage de l’Écriture de manière à contredire un autre. (Article XX)
C’est contre cette conception abusive de l’autorité de l’Église en matière d’adoration que la confession de foi a affirmé le principe régulateur d’adoration. Celui-ci déclare tout d’abord que Dieu seul a la prérogative d’établir le culte qui lui est agréable. Adorer Dieu selon la fantaisie de l’imagination humaine lui est détestable (Ex 20.4-5). Deuxièmement, l’Écriture est pleinement suffisante pour établir la juste adoration. L’introduction de pratiques extrabibliques tend à annuler l’autorité de Dieu, malgré l’apparence parfois positive de ces pratiques (Mt 15.1-9 ; Col 2.23). Troisièmement, il est insuffisant de s’abstenir uniquement de ce que Dieu proscrit, il faut s’en tenir strictement à ce qu’il prescrit (Dt 12.29-32). Ceci, Nadab et Abihu l’ont appris à leurs dépens en offrant à l’Éternel non pas du feu interdit, mais « du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné » (Lv 10.1). Autrement dit, toute forme d’adoration que Dieu n’a pas commandée dans l’Écriture est de facto interdite.
Il est important de préciser que le principe régulateur d’adoration régule cependant la substance du culte et non la circonstance de celui-ci. Cette distinction cruciale a déjà été faite par la confession de foi au tout premier chapitre concernant la suffisance des Écritures présentée au paragraphe 6 :
Certains aspects du culte de Dieu et du gouvernement de l’église, communs aux activités et aux sociétés humaines, doivent être établis selon la lumière naturelle et la sagesse chrétienne, dans le respect des principes généraux de la Parole, qui doivent toujours être observés (1.6).
Les « aspects du culte » en question ici ne concernent aucunement l’établissement de rites ou de cérémonies, mais des éléments liés aux circonstances du culte comme l’heure à laquelle il se déroule, la durée, l’ordre des parties, le style musical, la disposition des lieux, etc. (1 Co 14.26,40). Dieu, dans sa sagesse, n’a pas figé tous les détails du culte de manière uniforme pour tous, mais a laissé de la souplesse et de la liberté aux hommes pour ajuster certains aspects de la vie d’Église et du culte dominical en fonction des époques, des cultures et des contextes où se trouvent ses adorateurs. Il est donc important que nous apprenions à ne pas confondre nos préférences personnelles avec les normes divines et que nous recherchions avant tout à conformer notre adoration à ces normes.
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