Question #81 – Quelle est l’utilité des lois cérémonielles et judiciaires de l’AT pour les chrétiens?
Question: Quelle est l’utilité des lois cérémonielles et judiciaires de l’AT pour les chrétiens?
Réponse: Les lois propres à l’Ancienne Alliance ont été abrogées à l’avènement de la Nouvelle Alliance. Elles ne doivent donc plus être observées bien qu’elles conservent leur utilité typologique et pédagogique. ~ Colossiens 2.16-17
Est-il utile de lire le pentateuque dans son entièreté? Bien sûr, les parties narratives nous aide à suivre la trame historique du peuple de Dieu, mais les menus détails de la loi avec ses classifications entre le pur et l’impur, ses rituels pour telle fête ou telle circonstance qui ne s’appliquent plus à nous et tous ses litiges hypothétiques font que ces lois nous sont complètement étrangères et semblent être une lecture bien peu profitable pour les lecteurs modernes de la Bible. Dans cette étude nous réfléchirons à cette question. Le paragraphe 3 concerne la loi cérémonielle et le paragraphe 4 la loi judiciaire.
(Par. 3) En plus de cette loi, dite morale, il a plu à Dieu de donner au peuple d’Israël des lois cérémonielles, qui contiennent plusieurs dispositions typiques, les unes pour le culte, préfigurant Christ, ses qualités, ses actes, ses souffrances et ses bienfaits ; les autres contenant des enseignements en rapport au comportement moral. Toutes ces lois cérémonielles, imposées seulement jusqu’à un temps de réforme, ont été enlevées et abrogées par Jésus-Christ, le vrai Messie et le seul Législateur qui a reçu sa puissance du Père à cette fin.
Les lois de nature cérémonielles incluent les lois sur les sacrifices, les fêtes, la nourriture, l’hygiène, etc. On retrouve ces lois particulièrement dans les livres d’Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. Ils s’agissaient de lois positives et non de lois proprement morales.
La confession propose une double utilité aux lois cérémonielles : une utilité typologique et une utilité pédagogique. La première utilité affirme que le culte en Israël préfigurait Christ. D’après l’auteur de l’Épître aux Hébreux, l’inefficacité des sacrifices servait à renouveler et à nourrir l’attente de celui qui viendrait offrir le sacrifice parfait qui ôterait définitivement le péché (Hé 10.1-7). Ce contraste entre l’imperfection sous l’économie de la loi et la perfection de Christ est largement exposé d’un bout à l’autre d’Hébreux.
Ce n’est pas uniquement les qualités de Christ qui étaient préfigurées dans les lois cérémonielles, mais encore ses actes, ses souffrances et les bienfaits qui en découlent. Ici la confession vise particulièrement la mort sacrificielle de Jésus de laquelle jaillit la rédemption. Ce salut était préfiguré par la loi, mais il était impossible qu’il puisse être accompli par la loi (Rm 8.1-3).
La deuxième utilité de ces lois était pédagogique puisqu’elles contenaient « des enseignements en rapport au comportement moral. » Par exemple, il n’y avait rien de proprement moral dans l’interdiction d’avoir du levain dans sa maison lors de la Pâque (Ex 12.15ss.) Paul explique que le levain représentait la puissance du péché (1 Co 5.6-8). Jésus utilise l’image du levain pour illustrer l’effet qu’un enseignement peut produire (Mt 16.11-12 ; cf. Ga 5.9). L’interdiction d’utiliser du levain avait une visée pédagogique pour pointer les Israélites vers la nécessité de la repentance et de la séparation d’avec l’Égypte.
La confession poursuit en affirmant la nature transitoire de ces lois cérémonielles et en déclarant que Christ lui-même les a abrogées : « Toutes ces lois cérémonielles, imposées seulement jusqu’à un temps de réforme, ont été enlevées et abrogées par Jésus-Christ, le vrai Messie et le seul Législateur qui a reçu sa puissance du Père à cette fin. » La loi morale est permanente et ne peut d’aucune façon être abrogée par aucun homme. Les lois cérémonielles étaient des prescriptions positives, elles pouvaient donc changer. Elles furent mises en place par Dieu durant l’enfance de son peuple jusqu’à la venue du Sauveur (Ga 4.1-5 ; Hé 9.6-10).
Cependant, Jésus déclare qu’il n’est pas venu pour abolir, mais pour accomplir la loi et les prophètes (Mt 5.17). Par cette expression, le Seigneur désigne spécifiquement la loi morale (cf. Mt 7.12, 22.40), car l’Écriture déclare que Christ a « anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions » (Ep 2.15), c’est-à-dire les lois de nature cérémonielle. Ces lois qui jadis distinguaient et séparaient le peuple juif des autres peuples ont été abrogées de sorte que les païens, sans observer ces lois, forment avec les juifs un seul peuple de Dieu en Christ (Ep 2.11-18 ; Ac 10). Jésus seul possède le pouvoir de légiférer pour l’Église et c’est lui-même qui les a abolies.
(Par. 4) Dieu leur a donné aussi diverses lois judiciaires, qui ont expiré en même temps que le peuple juif cessait d’être un État. Ces lois n’ont plus aucune obligation de nos jours, leur équité générale étant d’un usage moral seulement.
Les lois judiciaires sont dans la même catégorie que les lois cérémonielles, c’est-à-dire qu’il s’agit de lois positives. On les retrouve dans la même section de la Bible, mais en particulier dans les chapitres 21 à 23 du livre de l’Exode. Les lois judiciaires étaient différentes des lois cérémonielles en ce qu’elles concernaient la vie civile de l’ancien peuple de Dieu. Elles étaient en quelque sorte le code civil et criminel de la théocratie sous l’Ancienne Alliance. Les lois cérémonielles s’apparentaient un peu plus à la vie religieuse du peuple, tandis que les lois judiciaires encadraient les questions sociales.
La confession déclare que ces lois devaient expirer en même temps que le peuple juif cesserait d’être un État. Les lois judiciaires étaient intrinsèquement liées à l’Ancienne Alliance. Puisque celle-ci a maintenant disparu (Hé 7.18, 8.13), ces lois ont nécessairement été abolies par la même occasion. Une concession est cependant faite concernant l’utilité actuelle des lois judiciaires : « leur équité générale étant d’un usage moral seulement. » Qu’est-ce que cela signifie? La confession renvoie à un texte biblique qui illustre ce principe.
8 Ces choses que je dis, n’existent-elles que dans les usages des hommes? La loi ne les dit-elle pas aussi? 9 Car il est écrit dans la loi de Moïse: Tu ne muselleras point le bœuf quand il foule le grain. Dieu se met-il en peine des bœufs, 10 ou parle-t-il uniquement à cause de nous? Oui, c’est à cause de nous qu’il a été écrit que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain fouler avec l’espérance d’y avoir part. (1 Co 9.8-10)
L’apôtre Paul enseigne aux Corinthiens le principe qu’un ouvrier chrétien mérite son salaire. Il illustre cet enseignement par des exemples tirés de la vie courante, puis il soutient son point avec une loi judiciaire de l’Ancien Testament : « Tu ne muselleras point le bœuf quand il foule le grain. » Cependant, l’apôtre fait une application morale de cette loi en observant l’équité générale qui sous-tendait ce commandement. Si un bœuf pouvait se nourrir de son travail, à combien plus forte raison un serviteur de Dieu? Voilà l’équité générale de Deutéronome 25.4 appliquée moralement dans le contexte de la Nouvelle Alliance. Le chrétien n’est donc pas appelé à appliquer cette loi telle quelle, mais à comprendre et à appliquer le principe moral derrière cette loi.
Voici un deuxième exemple : 1 Corinthiens 5.13 est l’équité générale de Deutéronome 22.21. La loi judiciaire de l’Ancien Testament condamnait à mort l’immoralité sexuelle. L’Église qui désire appliquer la loi de Dieu ne doit pas lapider ceux des siens qui se rendent coupables d’un tel péché, mais elle doit néanmoins « ôter le mal du milieu d’elle ». En appliquant l’équité générale de cette loi, Paul écrit aux Corinthiens, en citant le Deutéronome : « Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous. » (1 Co 5.13). La loi judiciaire de l’Ancien Testament est donc utile à la discipline d’Église sous le Nouveau Testament.
Le lecteur attentif du pentateuque recevra un grand bénéfice de toutes ses parties s’il apprend à y voir Christ (1 Co 10.4), à y tirer instruction pour sa marche avec Dieu (1 Co 10.11) et en retirer des principes moraux à appliquer dans sa vie et dans la vie de l’Église (1 Tm 1.8). « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi! […] Combien j’aime ta loi! Elle est tout le jour l’objet de ma méditation! » (Ps 119.18,97).
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