Quel est le rôle du gouvernement ?
Question: Quel est le rôle du gouvernement?
Réponse: Dieu dans sa providence établit tout gouvernement et exige de lui l’exécution de la justice. ~ Romains 13.1-4
Question précédente: Quels genres de voeux sont-ils légitimes devant Dieu?
Dans les États modernes où nous vivons, l’appareil gouvernemental agit dans pratiquement toutes les sphères de la société : santé, éducation, économie, transport, culture, etc. Cependant, lorsque nous pensons au gouvernement, généralement nous n’avons pas tellement à l’esprit la fonction publique avec sa pléthore d’employés, mais nous pensons davantage à une assemblée législative qui dirige le gouvernement. Nous pensons également aux partis politiques qui représentent différentes idéologies qui rivalisent les unes avec les autres. Essayons maintenant de faire abstraction de ces notions afin de revenir aux notions plus fondamentales que la confession de foi nous présente.
(Par. 1) Dieu, le suprême Seigneur et Roi de tout le monde, a établi sous son autorité des magistrats gouvernant les citoyens, pour sa propre gloire et pour le bien public. À cet effet, il leur a donné le pouvoir du glaive, pour la protection et l’encouragement des gens de bien et pour le châtiment des malfaiteurs.
La confession ne débute pas avec le gouvernement, proprement, mais avec la source du gouvernement. La source de toute autorité, et ainsi de légitimité du pouvoir, c’est Dieu lui-même. Ce n’est donc pas le consentement des gouvernés qui est la source ultime de l’autorité légitime comme le veulent les théories du contrat social des Lumières. Selon ces théories, une société humaine, gouvernée par des humains, doit nécessairement avoir l’homme comme source originelle d’autorité. D’après cette conception, l’homme est le critère ultime et la mesure finale de ce que la société doit être.
Tel n’est pas le point de départ ni le point d’arrivée de l’Écriture à propos du gouvernement. Une société humaine est bien gouvernée par des hommes et a en vue le bien de l’homme, mais l’homme n’est pas la source de cette autorité ni la mesure du bien commun.
Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. (Romains 13.1-2)
Toute société qui ne reconnaît pas la suprématie de Dieu érigera tôt ou tard l’effigie de l’homme comme autorité suprême. Cela étant dit, même les gouvernements les plus idolâtres et rebelles à Dieu, comme l’était Rome du temps de Paul, sont établis par Dieu et tirent de lui leur légitimité, même s’ils agissent mal à bien des égards. Lorsque la confession déclare que Dieu « a établi sous son autorité des magistrats gouvernant les citoyens », elle ne prétend pas que Dieu a institué une forme particulière de gouvernement, mais que Dieu établit providentiellement des autorités pour gouverner les sociétés humaines, par providence et non en vertu d’une institution spécifique.
Dieu a établi un seul gouvernement spécifique en vertu d’une alliance qui codifiait le gouvernement d’Israël, qui a depuis lors expiré. Tous les autres gouvernements sont pourtant légitimes, car sans avoir été établis directement à partir d’une alliance, ils existent par la volonté de Dieu et sont à son service dans son dessein providentiel. Ainsi, Dieu règne sur le règne des païens comme des chrétiens (Gn 45.9 ; Ps 103.19 ; 1 Ch 29.11). Il a établi Israël parmi tous les peuples (1 R 8.53), mais cela ne l’empêcha pas d’appeler l’Assyrien pour châtier son peuple, puis l’Assyrie de la même manière (Es 10.5-6). Il établit le roi de Babylone comme son serviteur et lui donna le pouvoir sur tous les peuples et sur son propre peuple (Jr 25.9, 27.6). Mais ce roi confessera plus tard que tout pouvoir parmi les hommes vient de la providence divine et de rien d’autre (Dn 4.34-37).
Reconnaître l’origine providentielle de tout gouvernement est utile pour établir la légitimité de l’autorité, mais cela ne définit pas précisément le rôle du gouvernement. La confession de foi met de l’avant le double but d’un gouvernement dans le plan divin : (1) la gloire de Dieu (2) le bien public. Bien sûr, le magistrat glorifie Dieu non en administrant les ordonnances sacrées et le culte qui ont été confiés à l’Église. Mais c’est en veillant sur le bien public qu’un gouvernement agit pour la gloire de Dieu (1 Tm 2.1-4). Le bien public, pour être bien, ne doit pas être défini selon les standards subjectifs de la société elle-même, mais selon le standard objectif de la Parole de Dieu. Cependant, la confession de foi a en vue un bien public précis : l’exécution de la justice.
La justice est un aspect de la vie en société qui ne peut pas être abandonné à la sphère privée, car par sa nature elle relève nécessairement de l’intérêt public et est directement associée au mandat divin des magistrats. Le gouvernement, en appliquant la justice de manière rétributive (Gn 9.6 ; Rm 13.3-4) restreint le mal et diminue le crime. Lorsque le crime n’est pas puni et que l’immoralité est rampante, l’injustice prolifère et la violence augmente (Gn 6.13 ; Lv 19.29 ; Jg 21.25 ; Ps 58.2-3, 106.34-38 ; Pr 17.23, 29.4,16 ; Ez 45.9). Tout gouvernement humain aura un certain degré de corruption puisqu’il est composé de pécheurs. Mais il arrive qu’un gouvernement soit si corrompu que non seulement il néglige la justice, mais perpètre lui-même une injustice telle qu’aucune réforme n’est envisageable (Pr 21.7). Un tel gouvernement devient une absurdité et une insulte à Dieu en étant l’opposé de ce pourquoi il est appelé « serviteur » (diakonos) et « ministre » (leitourgos) de Dieu (Rm 13.4,6).
Ainsi, les chrétiens préconisent généralement un gouvernement qui limite volontairement son pouvoir et se concentre sur la justice. Bien sûr, il n’existe aucun gouvernement parfait depuis la chute et nous attendons notre patrie céleste et le règne de Christ (Hé 13.14). En revanche, tout comme les israélites en exil à Babylone (Jr 29.7), les chrétiens en pèlerinage dans ce monde cherchent également le bien de la cité où ils habitent présentement (1 Tm 2.1-4).
En ce qui a trait à la politique, les chrétiens devraient éviter deux écueils : un piétisme qui tend à considérer qu’un chrétien ne devrait s’intéresser ni de près ni de loin à la politique et qui oublie la suprématie de Dieu sur les autorités humaines (Dn 4.34-37). L’autre erreur prend la posture inverse et tend à faire passer la croissance du royaume de Dieu par les institutions politiques en oubliant que le royaume de Jésus n’est pas de ce monde (Jn 18.36).
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