L’erreur du piétisme
La piété est une excellente chose qui nous est commandée par Dieu lui-même dans sa Parole. Le piétisme, cependant, est une déformation de la piété biblique ; il accentue certains aspects de la vie chrétienne au détriment d’autres aspects. Le piétisme, c’est lorsqu’on conçoit que la vie chrétienne, la croissance de l’Église et même l’avenir du christianisme reposent sur notre piété.
Je peux aisément témoigner de cette tendance ayant moi-même été un piétiste pendant une période de ma vie chrétienne. J’ai vécu une conversion radicale qui m’a amené à considérer que toutes les conversions devaient être radicales. Je ne comprenais pas que l’Écriture présente à la fois le modèle de conversion «sur le chemin de Damas », comme ce fut le cas pour Paul, et celui qui vient d’une éducation chrétienne « reçue dès l’enfance », comme dans le cas de Timothée. Mes premiers maîtres dans la foi furent Rebecca Brown, qui m’a appris à chasser les démons en prenant autorité sur tout « au Nom de Jésus » et à rechercher les « effets spéciaux » de la foi chrétienne, Watchman Nee, qui m’a appris comment écouter les intuitions du Saint-Esprit en mortifiant la chair et en fortifiant mon esprit, et Charles G. Finney qui m’a appris la piété radicale et le zèle sans compromis.
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J’ai rapidement développé un mépris pour la vie ordinaire qui m’apparaissait contraire et incompatible à la « vraie » vie spirituelle dans le royaume de Dieu. Le travail ordinaire, la vie d’Église ordinaire, les occupations ordinaires de la vie, ce n’était pas pour moi. Je voulais vivre une expérience extraordinaire avec Dieu. Je ne voulais pas étudier la Bible avec des moyens ordinaires d’apprentissage, mais je voulais être enseigné directement par le Saint-Esprit. Je ne voulais pas visiter les malades, mais je voulais guérir les malades et être un canal de la puissance de Dieu. Je ne voulais pas rester pour m’établir et servir Dieu où il m’avait placé, mais je voulais partir comme un apôtre, vivre par la foi et aller de lieu en lieu où l’Esprit me conduirait. J’avais même acheté mon équipement de voyage et je me préparais à tout quitter.
À cette époque, je considérais que l’Église conventionnelle était trop tiède pour moi, sans prendre conscience que, manifestement, mon propre amour pour mes frères et sœurs était plus que tiède. J’étais lié avec un frère qui partageait le même zèle que moi ; nous pensions « humblement » que nous étions peut-être les deux témoins d’Apocalypse 11. Ensemble nous allions évangéliser dans la rue, nous avions même déjà utilisé un porte-voix pour prêcher la fin du monde à des centaines d’étudiants d’une polyvalente. Nous organisions des réunions de prières spéciales où les plus « zélés » se déchaînaient tous en même temps pour intercéder avec force. Nous pensions que notre cacophonie était « la prière fervente et efficace » dont Jacques parle. Nous pensions que plus longtemps et intensément nous priions, plus Dieu manifesterait sa puissance.
Avec le recul, je dois admettre que même si j’étais dans l’erreur sur beaucoup de points, mon cœur était sincère. Je crois que la description suivante me correspondait bien (Ro 10.2) : « Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence. » La traduction de la Bible de Jérusalem dit : « un zèle mal éclairé ». Le piétisme est une démarche sincère, mais qui reflète une compréhension erronée de l’enseignement biblique sur la vie chrétienne. Le piétisme est principalement un problème de prépondérance : certains points sont exagérément accentués tandis que d’autres sont grossièrement négligés.
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