Edouard Nelson sur la véritable liberté
Fin juillet 2020, le pasteur Édouard Nelson soumettait à nos amis de BLF Éditions la version revue et corrigée de son manuscrit. Implanteur à Paris, c’était un livre qu’Édouard destinait à ses amis et voisins non-chrétiens. Des individus qui aiment profondément la France et ses valeurs, mais qui luttent avec le cynisme face à la réalité de ce que devient la France.
Édouard voulait leur montrer qu’en réalité leur amour pour les valeurs de la République était une recherche de l’Évangile. Il leur rappelait « La vie n’est qu’un souffle, comme un vent qui passe, un clin d’oeil. N’attendez plus pour poser vos questions ! »
Le 14 août 2020, Édouard Nelson décèdait suite à un accident en montagne…Voici un extrait de son livre, que nous vous encourageons à vous procurer (ici).
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Lorsque nous exerçons notre liberté individuelle en comptant sur notre seule sagesse, sans nous appuyer sur un référent extérieur, nous butons sur de grandes difficultés. Comment arriver à nous entendre sans nous accorder sur un cadre commun? Comment jouer le jeu de la vie lorsqu’aucune équipe ne reconnaît le même arbitre? Nous rencontrons cette problématique partout et tout le temps. Voici, par exemple, une scène de vie observée un jour à Paris.
Nous sommes avenue de Wagram. Un homme aux cheveux blancs, en costume bien taillé, choisit de traverser le boulevard « en dehors des clous », à 100 mètres d’un passage piéton. Il doit s’arrêter au milieu, entre les deux files de circulation. Une moto, qui dépasse les voitures par le milieu de l’avenue, manque de le renverser. Le motard klaxonne avec insistance et l’homme répond par un geste déplacé. Le motard fait alors demi-tour un peu plus loin et revient pour « une explication fraternelle ».
Chaque jour, nous constatons que les choix « libres » de chacun mènent à des situations douloureuses et regrettables. Prise isolément, chacune de nos décisions, peut éventuellement se comprendre. Certains choix aboutissent pourtant à de tristes situations de conflit et de souffrance. Le piéton aurait pu traverser sur le passage clouté et répondre par un geste d’excuse plutôt que par une insulte. Le motard aurait pu ne pas franchir la ligne blanche pour dépasser les voitures et éviter de klaxonner comme il l’a fait. Et ainsi de suite. Nous excellons lorsqu’il s’agit de justifier nos mauvais comportements. Nos petits écarts sont toujours opportuns et raisonnables. À nos yeux seulement…
Au fond, nous sommes esclaves de nos choix, esclaves de nos motivations et de notre folie bien humaine. Cette triste vérité ne concerne pas uniquement d’incorrigibles individualistes parisiens: elle me concerne. Chacun agit de manière injuste à un moment ou un autre. Notre liberté est souvent le champ d’exercice de notre folie. Sans cadre, sans contraintes, comment éviter la folie et les conflits qui s’ensuivent? Et au niveau d’une société, comment éviter l’oppression des faibles par les forts?
Une véritable liberté requiert une structure, des limites. Que ce soit dans le sport, dans l’écriture d’un texte ou dans la vie de famille, nous ne pouvons nous passer d’une éthique, d’un cadre qui ordonne et rend possible un épanouissement libre et joyeux. Inversement, l’autonomie morale individuelle ou le refus de règles communes mènent à l’esclavage et aux conflits, et non à une véritable liberté. C’est la loi de la jungle, la loi du plus fort. L’absence de cadre crée les conditions pour une descente infernale. Nous le voyons avec le mensonge: le premier entraîne le deuxième, et cette spirale diabolique nous attire sur une pente glissante. Plus subtilement, la méchanceté et l’égoïsme fonctionnent de manière semblable: une pensée, une parole, un acte en entraînent d’autres. Jésus était lucide là-dessus.
En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, toute personne qui commet le péché est esclave du péché. Or, l’esclave ne reste pas pour toujours dans la famille; c’est le fils qui y reste pour toujours. Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres.
Évangile selon Jean 8: 34-36
Sur la pente naturelle et glissante de mon égoïsme, je ne suis pas libre, mais esclave de mes désirs et de mes circonstances. Jésus affirme pouvoir libérer celui que le mensonge et le mal enchaînent. En tant que Fils de Dieu, Jésus possède seul l’autorité nécessaire pour opérer un tel renversement de situation. Il affirme être le cadre nécessaire et la puissance libératrice. Si je décide de faire confiance à Jésus, je deviens son serviteur. Une amitié et une relation personnelle débutent. Ce rapport de maître parfait à disciple « en formation » est le cadre pour un épanouissement libérateur, profond et durable. Être le sujet dévoué d’un roi parfait, c’est la liberté parfaite. Être son ami, c’est l’épanouissement garanti.