La doctrine de Christ – Théologie systématique #8
Être chrétien signifie être disciple du Christ (Ac 11.26). Sachant qu’il existe de faux christs (Mt 24.24 ; 2 Co 11.4), il est donc absolument essentiel de déterminer quel Christ nous professons (Heb 3.1, 4.14). Qui est Jésus de Nazareth? Le chapitre 8, l’un des plus longs de la confession de foi, répond en détail à cette question.
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Pourquoi les auteurs de la confession n’ont-ils pas placé la christologie avec la doctrine de Dieu et de la Trinité au chapitre 2? Après tout, si le Christ est Dieu, ne serait-il pas logique d’aborder ce sujet en même temps que la théologie propre et on pas 6 chapitres plus loin? Le titre du chapitre 8, Christ le médiateur, fournit un important indice en réponse à cette question : la christologie classique est mise de l’avant dans le cadre de la médiation de l’alliance. Le chapitre 6 présente l’alliance des œuvres brisées en Adam, le chapitre 7 présent l’alliance de grâce qui remédie à la chute et le chapitre 8 présente le Médiateur de l’alliance.
Cette remarque est très importante puisque la christologie n’appartient pas à l’essence propre de Dieu. Autrement dit, il y aurait pu ne jamais avoir de Christ et cela n’aurait pas changé l’essence divine. Le Christ est l’incarnation de la deuxième personne de la Trinité : le Fils éternel. La deuxième personne de la Trinité est éternellement Fils, mais est devenue Christ dans l’histoire. Le cadre nécessaire pour traiter la christologie est donc celui de la rédemption et non premièrement l’ontologie divine. Bien sûr, il sera impossible de parler du Christ sans revenir sur la doctrine de Dieu en tentant d’expliquer la relation entre la nature divine et la nature humaine dans l’unique personne du Christ.
La christologie a été le moteur de la théologie pendant les premiers siècles de l’histoire de l’Église. C’est en répondant à la question « Qui est Jésus? » que les pères de l’Église ont mieux compris qui est Dieu et l’ont exprimé par la doctrine de la Trinité. La christologie a été débattue sur quelques siècles et exprimée avec beaucoup de précisions lors de différents conciles successifs. L’orthodoxie chrétienne demeure à ce jour fixée par ces premiers conciles œcuméniques.
Jésus déclare : « Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (Jn 8.24). Qu’est-il donc? L’apôtre Jean considère la christologie comme un élément absolument vital de la doctrine chrétienne (2 Jn 1.9). Voici huit questions pour tenter de comprendre qui est Jésus-Christ et définir la doctrine du Christ :
1. Comment Jésus fut-il établi Médiateur de l’alliance et comment exerce-t-il ce rôle?
2. Qu’est-ce que l’engendrement éternel du Fils?
3. Qu’est-ce que l’union hypostatique du Christ?
4. Comment Jésus peut-il exister comme Dieu et homme en même temps?
5. Pourquoi Dieu s’est-il fait homme?
6. Comment les hommes pouvaient-ils être sauvés avant la venue du Christ?
7. Jésus est-il le Médiateur de tous les hommes?
8. Comment Christ exerce-t-il sa médiation?
CHAPITRE 8 – LE CHRIST MÉDIATEUR
Par. 1 – Il a plu à Dieu, dans son dessein éternel, de choisir et d’établir le Seigneur Jésus, son Fils unique, selon les termes de l’alliance faite entre eux deux, comme Médiateur entre Dieu et l’homme1, Prophète2, Prêtre3 et Roi4, Chef et Sauveur de son Église5, Héritier de toutes choses6, Juge du monde7. Il lui a donné de toute éternité un peuple qui soit sa postérité, et qu’Il rachètera en temps voulu, l’appelant, le justifiant, le sanctifiant, et le glorifiant8.
1. Es 42.1 ; 1 P 1.19-20 2. Ac 3.22 3. Hé 5.5-6 4. Ps 2.6 ; Lc 1.33
5. Ep 1.22-23 6. Hé 1.2 7. Ac 17.31 8. Es 53.10 ; Jn 17.6 ; Rm 8.30
Par. 2 – Le Fils de Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité, étant vrai Dieu éternel, le rayonnement de la gloire du Père, de même substance et égal à celui qui a fait le monde, qui soutient et gouverne tout ce qu’il a fait, a, quand les temps furent accomplis, assumé la nature humaine avec toutes ses caractéristiques essentielles et les faiblesses communes9, mais, cependant, sans le péché10. Il a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, l’Esprit Saint venant sur elle, et la puissance du Dieu Très haut la couvrant comme une ombre. Ainsi il est né d’une femme, de la tribu de Juda, de la descendance d’Abraham et de David selon les Écritures11, de sorte que deux natures complètes, parfaites et distinctes ont été inséparablement unies en une seule personne, sans changement ni mélange ou confusion. Cette personne est vrai Dieu et vrai homme, et cependant un seul Christ, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes12.
9. Jn 1.14 ; Ga 4.4 10. Rm 8.3 ; Hé 2.14, 16-17, 4.15
11. Mt 1.22-23 ; Lc 1.27, 31, 35 12. Rm 9.5 ; 1 Tm 2.5
Par. 3 – Le Seigneur Jésus, en sa nature humaine ainsi unie à sa nature divine en la personne du Fils, a été sanctifié et oint du Saint-Esprit au‑delà de toute mesure13. Il possède en lui‑même tous les trésors de la sagesse et de la connaissance14. Il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude15, afin qu’étant saint, innocent, immaculé16 et plein de grâce et de vérité17 il puisse être parfaitement équipé pour accomplir l’office de Médiateur et en être le garant18. Cet office, Jésus ne se l’est pas arrogé, mais c’est son Père qui l’y a appelé19 et qui a aussi mis entre ses mains tout pouvoir et tout jugement et lui a donné l’ordre de le mener à bien20.
13. Ps 45.7 ; Ac 10.38 ; Jn 3.34 14. Col 2.3 15. Col 1.19 16. Hé 7.26
17. Jn 1.14 18. Hé 7.22 19. Hé 5.5 20. Jn 5.22, 27 ; Mt 28.18 ; Ac 2.36
Par. 4 – Le Seigneur Jésus a entrepris cet office de tout cœur21 ; pour le mener à bien, il est venu sous la loi, et l’a accomplie parfaitement22 et il a subi à notre place le châtiment que nous aurions dû porter et souffrir23, étant devenu péché et malédiction pour nous24. Il a enduré en son âme les tourments les plus cruels et en son corps les souffrances les plus douloureuses25 ; il a été crucifié, il est mort et il est demeuré dans cet état sans, cependant, connaître la corruption26. Le troisième jour, il est ressuscité d’entre les morts27, avec le même corps dans lequel il a
souffert28, avec lequel il est aussi monté au ciel29, et là il siège à la droite de son Père faisant intercession30. Il reviendra à la fin du monde pour juger les hommes et les anges31.
21. Ps 40.7-8 ; Hé 10.5-10 ; Jn 10.18 22. Ga 4.4 ; Mt 3.15 23. Ga 3.13 ;
Es 53.6 ; 1 Pi 3.18 24. 2 Co 5.21 25. Mt 26.37-38 ; Lc 22.44 ; Mt 27.46
26. Ac 13.37 27. 1 Co 15.3-4 28. Jn 20.25, 27 29. Mc 16.19 ; Ac 1.9-11
30. Rm 8.34 ; Hé 9.24 31. Ac 10.42 ; Rm 14.9-10 ; Ac 1.11 ; 2 P 2.4
Par. 5 – Par sa parfaite obéissance et le sacrifice de lui‑même qu’il a offert à Dieu une fois pour toutes par l’Esprit éternel, le Seigneur Jésus a pleinement satisfait la justice de Dieu32, et a acquis la réconciliation et un héritage éternel dans le Royaume des Cieux pour tous ceux que le Père lui a donnés33.
32. Hé 9.14, 10.14 ; Rm 3.25-26 33. Jn 17.2 ; Hé 9.15
Par. 6 – Bien que le prix de la rédemption n’ait en fait été payé par le Christ qu’après l’incarnation, les avantages, l’efficace et les bienfaits qui en découlent ont été successivement communiqués aux élus de tous les temps, dès le commencement du monde. Cela s’est fait dans et par des promesses, des types et des sacrifices qui révélaient et signifiaient que le Christ, qui est le même hier, aujourd’hui et éternellement34, est la postérité qui écraserait la tête du serpent35, et l’Agneau immolé depuis la fondation du monde36.
34. Hé 13.8 35. 1 Co 4.10 ; Hé 4.2 ; 1 P 1.10-11 36. Ap 13.8
Par. 7 – Dans son œuvre de médiation, Christ a agi selon ses deux natures, faisant par chacune d’elles ce qui lui est propre. Cependant, en raison de l’unité de la personne, ce qui revient en propre à une nature, est parfois attribué par l’Écriture à la personne dénommée par l’autre nature37.
37. Jn 3.13 ; Ac 20.28
Par. 8 – Christ applique et communique certainement et efficacement la rédemption éternelle à tous ceux pour qui il l’a acquise. Il intercède pour eux38, les unit à lui par son Esprit, leur révèle dans et par la Parole le mystère du salut et les persuade de croire et d’obéir39. Il gouverne leurs cœurs par sa Parole et son Esprit40, et triomphe de tous leurs ennemis par sa toute‑puissance et sa sagesse41 selon les moyens et les voies les plus appropriés à son plan merveilleux et insondable. Il le fait par sa grâce libre et absolue, et non en raison d’une quelconque condition qu’il aurait vue d’avance en eux pour le mériter42.
38. Jn 6.37, 10.15-16, 17.9 ; Rm 5.10 39. Jn 17.6 ; Ep 1.9 ; 1 Jn 5.20
40. Rm 8.9, 14 41. Ps 110.1 ; 1 Co 15.25-26 42. Jn 3.8 ; Ep 1.8
Par. 9 – Cet office de Médiateur entre Dieu et les hommes n’appartient qu’à Christ, qui est le Prophète, le Prêtre et le Roi de l’Église de Dieu. Il ne peut pas, en totalité ou en partie, être transféré de lui à qui que ce soit d’autre43.
43. 1 Tm 2.5
Par. 10 – Le nombre et l’ordre de ces offices est nécessaire : à cause de notre ignorance, nous avons besoin de son ministère prophétique44, à cause de notre aliénation de Dieu, et de l’imperfection de ce qu’il y a de mieux dans notre service, nous avons besoin que son office sacerdotal nous réconcilie et nous rende acceptables à Dieu45 ; à cause de notre aversion et de notre incapacité totale à retourner à Dieu, en vue de la délivrance de nos adversaires spirituels et de la sécurité qui en résulte, nous avons besoin que son office royal nous convainque, nous assujettisse, nous attire, nous soutienne, nous délivre et nous garde en vue de son Royaume céleste46.
44. Jn 1.18 45. Col 1.21 ; Ga 5.17 46. Jn 16.8 ; Ps 110.3 ; Lc 1.74-75