La doctrine de l’alliance de Dieu – Théologie systématique #7
La Bible présente-t-elle une histoire cohérente et suivie du début à la fin ou est-elle une collection de récits qui n’ont en commun que le fait d’appartenir à l’histoire du peuple juif? Peut-on unifier toute la trame biblique en reliant chaque partie au tout ou n’y a-t-il pas de tout auquel on puisse rattacher les parties? Y a-t-il une continuité ou une discontinuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre Israël et l’Église? Le salut est-il le même sous l’ancienne et la nouvelle alliance?
C’est à ce genre de questions fondamentales que s’intéresse la doctrine de l’alliance.
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Dans l’Écriture nous retrouvons plusieurs alliances : l’alliance des œuvres avec Adam, l’alliance de grâce, l’alliance de préservation avec Noé, l’alliance abrahamique de la circoncision, l’alliance mosaïque avec le peuple d’Israël, l’alliance davidique, la nouvelle alliance.
Une alliance établit les termes de la relation entre Dieu et les hommes et stipule les exigences et les promesses de Dieu envers l’homme. Une alliance peut offrir un bienfait de manière conditionnelle ou inconditionnelle. Elle aura souvent un médiateur qui agira comme représentant de tous les membres de l’alliance en question. Il y a différentes façons d’entrer dans une alliance avec Dieu dépendamment du type d’alliance.
Par exemple, on entrera dans une alliance de type terrestre par un moyen naturel (la naissance) et dans une alliance de type spirituel ou céleste par un moyen surnaturel (la nouvelle naissance).
Toutes ces précisions sont essentielles à une bonne théologie des alliances et influencent considérablement notre interprétation des Écritures. L’alliance constitue le cadre théologique dans lequel nous comprenons à la fois l’histoire biblique de la rédemption (la trame des Écritures) et les dogmes que nous en dégageons (les doctrines de la création, du péché, de la rédemption, de l’Église, etc.) Impossible de saisir et d’apprécier l’approche réformée en dehors du cadre de l’alliance!
Certains critiques de cette approche croient qu’elle mène de facto au pédobaptême. Beaucoup ignorent les nuances théologiques apportées par les baptistes anglais du 17e siècle. En effet, une grande partie du mouvement baptiste a été immergé, pour ainsi dire, dans le dispensationalisme.
Beaucoup de baptistes, qui aujourd’hui rejettent le système des dispensations, rejettent également la théologie des alliances, ignorant que celle-ci était à la fois le socle commun des baptistes dans l’arbre généalogique réformé, tout en étant le point de rupture de la branche baptiste de cet arbre.
Tout comme leurs prédécesseurs presbytériens le font dans la Confession de foi de Westminster, les baptistes affirment, dans la Confession de 1689, une seule alliance de grâce et un seul peuple de Dieu de la Genèse à l’Apocalypse. Non seulement partagent-ils cette conviction d’un seul et même salut par l’alliance de grâce dans toute la Bible, mais les baptistes entérinent pleinement le concept de l’alliance des œuvres brisée par Adam et accomplie par Christ.
Cependant, la confession de foi des baptistes n’est pas une simple copie de la confession de foi de Westminster. Le plus souvent elle s’y conforme, mais elle y apporte aussi des modifications parfois très significatives. La modification la plus importante se trouve au chapitre 7. Alors que les deux premiers paragraphes de ce chapitre sont quasi-identiques à ceux de la Confession de Westminster, le paragraphe 3 est complètement original.
Cette différence est à la base des particularités de la pensée baptiste. Autrement dit, c’est parce qu’ils faisaient une lecture différente des alliances bibliques que les baptistes définirent l’Église comme étant formée uniquement de croyants régénérés et qu’ils réservèrent exclusivement le baptême à ceux-ci. Voici donc quatre questions par lesquelles nous examinerons les données de la confession de foi :
1. Comment l’homme pouvait-il mériter la vie éternelle devant Dieu?
2. Qu’est-ce que l’alliance de grâce?
3. Comment l’alliance de grâce fut-elle révélée dans l’histoire de la rédemption?
4. Qu’est-ce que l’alliance de rédemption?
CHAPITRE 7 – L’ALLIANCE DE DIEU AVEC L’HOMME
Par. 1 – La distance entre Dieu et la créature est si grande que des créatures rationnelles qui, pourtant, lui doivent obéissance du fait qu’il est leur Créateur, n’auraient jamais obtenu la vie comme récompense, n’eût été une condescendance de la part de Dieu, qu’il s’est plu à exprimer par le moyen de l’alliance1.
1. Lc 17.10 ; Jb 35.7-8
Par. 2 – Bien plus, puisque l’homme s’est placé sous la malédiction de la loi par sa chute, il a plu au Seigneur de faire une alliance de grâce2, dans laquelle il offre gratuitement aux pécheurs la vie et le salut par Jésus-Christ, requérant d’eux la foi en lui pour être sauvés3. Il y promet en outre de donner son Esprit Saint à tous ceux qui sont destinés à la vie éternelle, pour les rendre désireux et capables de croire4.
2. Gn 2.17 ; Ga 3.10 ; Rm 3.20-21 3. Rm 8.3 ; Mc 16.15-16 ; Jn 3.16
4. Éz 36.26-27 ; Jn 6.44-45 ; Ps 110.3
Par. 3 – Cette alliance est révélée dans l’évangile. Tout d’abord à Adam, dans la promesse du salut par la postérité de la femme5, et par la suite, progressivement, jusqu’à sa révélation complète dans le Nouveau Testament6. Elle est fondée dans l’alliance‑transaction éternelle entre le Père et le Fils concernant la rédemption des élus7. Ce n’est que par la grâce de cette alliance que tout membre de la postérité d’Adam déchu a jamais été sauvé, et a obtenu la vie et la bienheureuse immortalité, puisque maintenant l’homme est complètement incapable d’être accepté par Dieu dans les conditions qui étaient valables pour Adam dans son état d’innocence8.
5. Gn 3.15 6. Hé 1.1-2 7. 2 Tm 1.9 ; Tt 1.2
8. Hé 11.6, 13 ; Rm 4.1-2 ; Ac 4.12 ; Jn 8.56