Pourquoi la discipline d’Église est elle nécessaire ?

Pourquoi la discipline d’Église est-elle si impopulaire ?  Il est clair que le sujet peine à recueillir l’adhésion d’une large partie du monde évangélique moderne : rarement abordée du haut de la chaire, la discipline d’Église n’est, dans les faits, pratiquée que de manière anecdotique.

 

Qu’est-ce qui explique un tel désintérêt ?

Beaucoup ignorent — volontairement ou non— les enseignements bibliques à ce sujet. Pour certains, c’est un thème secondaire du Nouveau Testament. Pour d’autres, il s’agit d’une pratique d’un autre âge, l’héritage d’une période plus dure désormais révolue en ces temps de « grâce ». Dans l’esprit de beaucoup de croyants, la discipline est associée à la chasse à l’hérésie, à l’intolérance, à l’oppression, à la dureté de cœur, à la méchanceté, et, d’une certaine manière, au légalisme pharisaïque que Jésus cherche à tout prix à dénoncer dans les Évangiles.

Les abus sont régulièrement pointés du doigt ; personne ne veut qu’ils se reproduisent, et l’on préfèrera fermer les yeux sur une situation de péché, même publique, plutôt de prendre un tel risque.

L’individualisme (peut-être devrions-nous parler d’égoïsme) n’y est certainement pas étranger. « Suis-je le gardien de mon frère ? », demandait Caïn dès les premiers temps de l’histoire de l’humanité. La discipline est coûteuse pour l’Église parce que la situation de notre frère ou de notre sœur devient la nôtre, parce que la communauté entière se retrouve engagée dans la vie de l’un de ses membres en difficulté.

Les situations de discipline débouchent parfois sur des conflits, voire sur de véritables divisions. Les responsables qui sont appelés à la mener ont parfois peur de la confrontation, d’un exode de membres, et, en certains cas, de « représailles ». La crainte de voir partir la personne placée sous discipline est légitime, mais nombre de motivations peu honorables peuvent s’y glisser, par exemple lorsque la personne en question est un important contributeur financier de l’église.

 

 

Pourquoi la discipline d’Église est-elle nécessaire ?

Nous pouvons citer de nombreuses raisons scripturaires. Tout d’abord, les Écritures l’exigent (Mt 18 ; 1 Co 5) car elle sert à maintenir, autant que faire se peut, la pureté de l’Église (1 Co 3.17 ; Ép 5.25-27), surtout aux yeux de « ceux du dehors » (1 Tm 3.7).

Là où certains y voient un générateur de division, les auteurs inspirés la présentent comme un facteur de croissance et d’unité du corps de Christ. Elle restaure le frère ou la sœur qui erre à l’obéissance et à la communion fraternelle (1 Co 5.5 ; 2 Cor. 2.6,7,10 ; Gal. 6.1 ; 2 Th 3.14-15). Elle dissuade ceux qui seraient tentés d’en faire de même (1 Ti 5.20). Elle conduit à la repentance celui qui s’y soumet humblement, lui évitant ainsi une discipline éternelle (1 Co 5.5).

La discipline d’Église prévient l’infection, la contagion du mal sous toutes ses formes. Le péché, en effet, est rarement une affaire individuelle : il a presque toujours des ramifications communautaires (2 Co 2.5). La discipline d’Église exercée avec sagesse, empathie, et dans le respect des indications de l’Écriture, préserve la communauté des châtiments divins (Ap 2.14-25).

De toute évidence, Paul croyait que la volonté de l’exercer de manière biblique était l’une des marques de la maturité d’une Église (2 Co 2.9).

 

Il ne s’agit pas de promouvoir une atmosphère punitive, ou d’encourager la dénonciation et la réprimande au détriment d’une saine empathie qui pousse les croyants à « porter les fardeaux les uns des autres » (Ga 6.2). La discipline d’Église vise toujours la restauration du croyant, et non sa destruction (2 Co 10.8).

Les abus biens réels ne devraient pas nous conduire à abandonner la discipline biblique. Nos erreurs et nos manquements ne sont pas un motif valable pour abandonner les enseignements de la Parole.

 

 

 

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Guillaume Bourin est co-fondateur du blog Le Bon Combat et directeur des formations #Transmettre. Docteur en théologie (Ph.D., University of Aberdeen, 2021), il est l'auteur du livre Je répandrai sur vous une eau pure : perspectives bibliques sur la régénération baptismale (2018, Éditions Impact Academia) et a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Guillaume est marié à Elodie et est l'heureux papa de Jules et de Maël