« Dieu est éternel » – Qu’est-ce que cela signifie ?
Tous les chrétiens affirment que Dieu est éternel. Cette affirmation, néanmoins, est bien plus profonde qu’il n’y paraît. Voici comment Bavinck l’explique :
L’infinité dans le sens où Dieu n’est pas déterminé par le temps, est l’éternité divine. L’Écriture ne parle nulle part d’un début ou d’une fin de l’existence de Dieu. Bien qu’il soit souvent représenté de manière imagée comme entrant dans le temps, il le transcende toujours. Il est le premier et le dernier (Es 41.4 ; Ap 1.8), qui existait avant que le monde ne soit (Gn 1.1 ; Jn 1.1, 17.5,24) et qui continue malgré tout changement (Ps 102.27-28). Il est Dieu d’éternité en éternité (Ps 90.2, 93.2).
Le nombre de ses années est impénétrable (Jb 36.26). Mille ans à ses yeux sont aussi brefs qu’hier à notre esprit (Ps 90.4 ; 2 P 3.8). Il est le Dieu éternel (Es 40.28 ; Rm 16.26), qui habite l’éternité (Es 57.15), qui vit aux siècles des siècles
(Dt 32.40 ; Ap 10.6,15.7), qui jure par sa vie (Nb 14.21,28), il est le Dieu vivant et permanent (1 Pi 1.23), le Dieu immortel (Rm 1.23 ; 1 Tm 6.16), qui est, qui était et qui vient (Ex 3.14 ; Ap 1.4,8). Ici aussi, il est certain que l’Écriture parle de Dieu à la manière humaine, ainsi que de l’éternité en utilisant les formes du temps. En même temps, elle indique clairement que Dieu transcende le temps et ne peut être ni mesuré ni défini selon les critères du temps. […]
Le temps est le mode d’existence qui caractérise tous les êtres créés et finis. Qui dit « temps » dit mouvement, changement, mesurabilité, calculabilité, limitation, finitude et être créé. Le temps est la durée de l’existence de la créature. Le temps est la mesure du mouvement d’un objet muable. Par conséquent, il ne peut y avoir de temps en Dieu. D’éternité en éternité, il est ce qu’il est. Il n’y a en lui « ni changement ni ombre de variation » [Jc 1.17]. Dieu n’est pas un processus en devenir, mais un être éternel. […]
Cependant, l’éternité de Dieu ne devrait pas, pour autant, être conçue comme un moment de temps éternellement statique et immobile. Au contraire : son éternité est identique à son être dans sa plénitude. Non seulement Dieu est éternel, mais il est sa propre éternité. […]
De plus, pour lui, le temps est objectif. Dans sa conscience éternelle, il connaît le temps dans son ensemble ainsi que la succession de tous les moments. Mais ce fait ne le rend pas temporel, c’est-à-dire soumis au temps, à la mesure ou au nombre. Il reste éternel et habite l’éternité, mais il utilise le temps en vue de manifester ses pensées et ses perfections éternelles. Il asservit le temps à l’éternité et se révèle ainsi être le roi des siècles
(1 Tm 1.17).
– Herman Bavinck, Reformed Dogmatics, vol 2, p. 160-164.
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