Article de Justin Taylor publié sur son blog, Between Two Worlds (« entre deux mondes »). Traduction : Hadrien Ledanseur.

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Il y a quelques années j’ai lu une méthode simple mais efficace proposée par Greg Koukl pour prouver aux Témoins de Jéhovah que les Ecritures enseignent que Jésus ne peut être autre chose que Dieu en utilisant une serviette de table, un stylo, un verset de la Bible (même avec leur propre traduction). Greg, qui est président de Stand to Reason, m’a gentiment permis de publier les détails de cette méthode. J’espère que cela vous sera utile.

Justin Taylor

Comprendre pleinement la Trinité est sûrement impossible, mais prouver que la Trinité est biblique n’est pas particulièrement difficile. Il suffit de définir avec précision ce en quoi elle consiste, puis de montrer que la Bible enseigne les points de la doctrine. Peu importe si le mot Trinité n’apparait pas en noir et blanc dans le texte. Ce qui compte c’est que la doctrine y soit enseignée.

La définition est la suivante : il n’y a qu’un seul Dieu et il subsiste en trois personnes distinctes qui sont le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Un Dieu, trois personnes. C’est simple !

Comment prouver la Trinité

Pour  prouver la trinité, il faut montrer que les Écritures enseignent trois vérités bien spécifiques. D’abord, qu’il n’y a qu’un seul et unique Dieu. Ensuite, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont des personnes vraiment distinctes. Et enfin, que toutes ces personnes possèdent les attributs essentiels de la divinité. Voilà, c’est tout !

Le premier point — l’unicité de Dieu — n’est pas remis en question par ceux qui critiquent le bienfondé de la doctrine de la Trinité sur une base scripturaire. Presque tous ceux qui ont une haute opinion des Écritures reconnaissent l’enseignement du « Chemaʿ» qu’on trouve notamment en Deutéronome 6.4 : « Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un ! »

Le deuxième point, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont vraiment des personnes distinctes, est nié par les modalistes comme par les Pentecôtistes unitariens (« Oneness Pentecostals »). Ils suggèrent que Dieu se manifeste selon différents modes à des moments différents, parfois sous le mode du Père, parfois du Fils. Une illustration populaire est qu’un homme peut à la fois être un père par rapport à son fils, un époux par rapport à sa femme, et un frère par rapport à ses frères et sœurs. C’est une bonne illustration de l’hérésie modaliste du deuxième siècle, mais pas de la doctrine orthodoxe de la Trinité. Dans ce système, il est vrai que le Père et le Fils sont pleinement Dieu, mais il n’y a pas de distinction réelle entre les deux personnes, seulement une distinction de langage.

Le troisième point, que chacune de ces personnes distinctes est vraiment et pleinement Dieu, est nié par les ariens comme les Témoins de Jéhovah (TJ). Jésus et le Père sont bien des personnes distinctes, mais ils estiment que Jésus ne possède pas les attributs essentiels de la divinité. Seul le Père est Dieu, et Jésus est une être inférieur, un « dieu » créé.

L’argument irréfutable

Mon objectif est de réfuter la position arienne/TJ en donnant une preuve solide & irréfutable de la divinité de Jésus Christ. Cette technique est si simple que vous devriez être en mesure de vous en souvenir et de la mettre en pratique avec une simple serviette de table la prochaine fois que vous aurez une discussion avec un témoin de Jéhovah. Il n’est pas nécessaire d’être en mesure d’offrir tous les contre-arguments à leurs affirmations. Tout ce dont vous avez besoin c’est d’un passage qui prouve de façon irréfutable votre argument. Alors le voici. Il s’agit d’un passage dans le prologue l’Évangile de Jean.

Souvent les discussions tournent autour de Jean 1.1 qui dit « Au commencement était la Parole. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. » Mais cette traduction est celle des Bibles chrétiennes ! A l’inverse, la TMN (Traduction du Monde Nouveau des Témoins de Jéhovah) présente le verset sous cette forme : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était un dieu »

La discussion qui suit est généralement contre-productive. Cela ne sert à rien d’échanger au sujet de la grammaire grecque que la plupart des gens ne comprennent pas de toute façon. Dirigeons-nous plutôt deux versets plus bas. Le verset 3 dit : « Toutes choses ont été faites par elle [la Parole], et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. » La TMN dit à peu près la même chose : « Toutes choses vinrent à l’existence par son intermédiaire, et pas même une chose ne vint à l’existence si ce n’est par son intermédiaire »

Demandez au Témoin de Jéhovah de lire le verset à haute voix. Ensuite, sortez une serviette de table ou un bout de tissu tel qu’un mouchoir et tracez un tableau rectangulaire assez large. Expliquez que cela représente tout ce qui existe. Puis tracez une ligne au milieu pour diviser le tableau en deux catégories. Ça devrait ressembler à quelque chose comme ça :

A gauche, écrivez « Toutes choses qui ne sont jamais venues à l’existence », c’est-à-dire toutes les choses qui existent mais qui n’ont jamais été créées.

Demandez au témoin de Jéhovah : « Que doit-on mettre dans cette case ? » S’il répond « Dieu », c’est la bonne réponse. Dieu est le seul être qui n’a jamais été créé. Dieu seul est éternel et incréé. Mettez donc ensuite le mot « Dieu » dans la case de gauche.

Ensuite intitulez la case de droite : « Toutes choses qui sont venues à l’existence », ce sont toutes les choses créées. Écrivez alors « Toutes choses créées ».

Tout ce qui se trouve dans cette case de droite a été créé par l’intermédiaire de Jésus, selon ce verset. Assurez-vous que le témoin de Jéhovah a bien compris cela. Écrivez alors, « Ces choses ont été créées par Jésus » à l’extérieur de la case, avec une flèche la désignant. Votre illustration devrait ressembler à quelque chose comme cela :

Prenez un moment pour récapituler avec le témoin de Jéhovah ce que l’illustration montre. Le tableau dans son ensemble inclut tout ce qui est, ce qui a été, et ce qui sera. Toutes les existences y sont comprises dans et se divisent en deux catégories : créées ou incréées.

• D’après le principe du tiers exclu, une chose est soit créée soit incréée—il n’y a pas de troisième option—donc tout ce qui existe doit appartenir à une de ces catégories.
• D’après le principe de non-contradiction, une chose ne peut pas être à la fois créée et incréée, donc les deux cases sont mutuellement exclusives. Tout ce qui existe doit appartenir à une seule des deux catégories. C’est assez simple.

Après cela, vous allez déterminer dans quelle boîte placer Jésus. Prenez une pièce dans votre poche et dites au Témoin de Jéhovah que cette pièce représente Jésus Christ.

Donnez-lui la pièce et demandez-lui de placer Jésus dans la case à laquelle il appartient.

La réaction initiale d’un Témoin de Jéhovah est, bien évidemment, de placer Jésus dans la catégorie des « choses qui vinrent à l’existence », tout simplement parce que c’est ce que leur théologie exige ! Selon l’enseignement d’Arius au début du IV^ème siècle, il y avait un temps « où la Parole n’était pas ».  Jésus est la première créature de Jéhovah et tout le reste a été créé par Jéhovah par l’intermédiaire de Jésus.

Mais Jean 1.3 ne permet pas de choisir cette option. Reconsidérons le verset avec attention. Jean dit : « Toutes choses vinrent à l’existence par son intermédiaire, et pas même une chose ne vint à l’existence si ce n’est par son intermédiaire. » (traduction TMN)

Encore une fois : « pas même une chose ne vint à l’existence si ce n’est par son intermédiaire »

Jean répète la même chose deux fois afin de montrer l’importance de ce qu’il dit et d’être clair : toute chose qui vint à l’existence doit son existence à Jésus, qui a causé ces choses. Si Jésus est la cause de la venue à l’existence de toutes les choses créées, alors il devait exister avant que toutes choses créées viennent à l’existence. Ainsi, la Parole n’a pas pu être créée.

En d’autres termes, si Jésus a créé toutes les choses qui sont venues à l’existence, et que Jésus est aussi venu à l’existence (d’après ce que la Tour de garde enseigne), alors Jésus s’est créé lui-même. Il devait exister en tant que Créateur avant de se créer lui-même, ce qui est absurde. Ainsi Jésus ne peut pas être placé dans la catégorie intitulée « toutes choses qui vinrent à l’existence. »

Petite parenthèse sur le mot grec dia, traduit généralement par « par l’intermédiaire », ou juste « par ». Cela ne fait aucune différence que toutes les choses soient créées « par » ou, comme la Tour de garde le suggère, « par l’intermédiaire » de Jésus-Christ avec Jéhovah comme agent. L’argument est que, dans tous les cas, Jésus existe avant la création de toutes les choses qui vinrent à l’existence. Ainsi donc, la pièce ne peut pas être placée dans la boîte de droite. À cause de cela, le Témoin de Jéhovah serait tenté de placer Jésus à l’extérieur du tableau. Mais comme nous l’avons vu, ce n’est pas possible d’un point de vue logique. Les deux catégories englobent la totalité des êtres et sont mutuellement exclusives, il n’y a pas de « place » en dehors pour mettre Jésus.

Tout va soit à gauche, soit à droite.

Si on ne peut pas placer Jésus dans la case de droite, alors il convient de le placer dans la case de gauche, dans la catégorie des choses incréées. Cela implique d’identifier Jésus avec le Créateur incréé. Et puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, alors Jésus est Dieu.

Deux répliques possibles

Jusqu’à maintenant je n’ai reçu que deux contre-arguments à cette démonstration de la divinité de Jésus. Les deux sont tellement mauvaises qu’elles ne servent qu’à renforcer l’argument.

Contre-argument # 1

[Note du traducteur] : le premier contre-argument rencontré par Greg Koukl ne marche qu’en anglais. Il s’agit d’une subtilité de langage sur la traduction « rien n’a été fait sans elle [la Parole] ». Elle n’est pas directement pertinente en Français.

Si vous maîtrisez l’anglais et que vous voulez toutefois en prendre connaissance, lisez l’article original ici.

Contre-argument #2

Une deuxième tentative un peu plus sophistiquée pour réfuter l’argument vient des ariens eux-mêmes. Ils font remarquer, en revenant au début de l’épître que le terme original traduit par « Au commencement » est dénué d’article défini. Ainsi, une traduction possible serait « Dans un commencement ». Sur cette base, les TJ  affirment que Jéhovah aurait créé Jésus à un certain moment dans le passé. Après un « deuxième commencement », il aurait créé tout le reste par l’intermédiaire de Jésus. Les détails du verset 3 ne surviendraient qu’après ce second commencement, etc.

Ce genre de tentative désespérée est l’exemple parfait de ce qu’on appelle « une histoire à dormir debout ». Le détracteur raconte son histoire pour noyer l’argument comme un poisson, mais comme toutes les histoires de ce genre, elle n’a aucun fondement objectif. Rien, dans le texte, ne suggère cette lecture alternative. Même la TMN rend le passage normalement.

Ensuite, les expressions « toutes choses » et « pas même une chose », c’est-à-dire, « rien » ne comportent aucune restriction temporelle. En fait, cette interprétation est forcée par ceux qui ont un présupposé théologique et qui doivent alors tordre le texte pour le conformer à ce présupposé. Néanmoins, le texte affirme clairement que Jésus est Dieu.

Une contre-attaque

Le fait que Jésus soit absolument distingué du Père dans d’autres passages (comme quand il prie le Père en jean 17) ne fait que renforcer la doctrine de la Trinité.

Nous sommes d’accord ! Jésus n’est pas le Père. Jésus peut parler au Père car ce sont des personnes distinctes, mais en tant que Créateur Jésus possède la même essence divine que le Père. Rappelez-vous de notre définition : il n’y a qu’un seul et unique Dieu et il subsiste en trois personnes distinctes le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Évidemment qu’on retrouve des traces d’interaction entre ces personnes.

Aussi, ne laissez pas le Témoin de Jéhovah vous emmener vers d’autres passages du Nouveau Testament. Insistez pour rester concentré sur Jean 1.3. Tous les autres versets doivent être compris à la lumière du fait irréfutable que Jésus le Créateur incréé.

Une dernière remarque. Cette illustration permet de résoudre la controverse du premier verset. La Parole est-elle pleinement Dieu ou juste « un dieu ? » Les enseignements de Jean au verset trois permettent d’affirmer ses intentions en tant qu’auteur dans son introduction :

« Au commencement était la Parole,

et la Parole était avec Dieu,

et la Parole était Dieu. »

Voilà la vérité,
Gregory Kouhl.

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