Pourquoi Christ est-il « les prémices de ceux qui sont morts » (1 Cor 15.20) ?
“Christ est les prémices de ceux qui sont morts.“
( 1 Cor 15.20)
Que veut dire Paul, lorsqu’il écrit cette phrase en plein milieu de son développement sur la résurrection des morts ? Quelques éléments de réponse.
Un peu de contexte
En 1 Cor 15, Paul aborde un nouveau problème ayant cours dans la jeune église de Corinthe : certains de ses membres affirmaient « qu’il n’y a pas de résurrection des morts » (v.12). Peut-être s’agissait-il d’une négation radicale de la résurrection corporelle, ce qui cadre bien avec le développement ultérieur de Paul dans cette section. Il est toutefois possible que certains Corinthiens adhéraient à une forme d’eschatologie réalisée, comme Hyménée et Philète à Ephèse (2 Tim 2.17-18).
Paul met en évidence la logique infernale d’une telle position : s’il n’y pas de résurrection, Christ n’est pas ressuscité ; si Christ n’est pas ressuscité il n’y a pas de pardon des péchés ; s’il n’y a pas de pardon des péchés il n’y a pas d’espérance céleste. Dès lors, de tous les habitants de la terre, les chrétiens sont les plus malheureux.
Mais cette croyance est fausse, car « maintenant« , dit Paul, « Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts » (v.20)
Que sont ces « prémices », et pourquoi y faire appel dans un tel contexte ?
Les « prémices »
Il n’y a pas vraiment de débat sur ce texte. La quasi-unanimité des commentateurs s’accorde sur le fait qu’il s’agit à la fête des prémices (Lé 23.9-14). Cette fête avait lieu chaque année le lendemain du sabbat qui suivait la Pâques. À cette occasion les Israélites devaient offrir à l’Eternel une gerbe, prémice des premières moissons.
La relation entre cet évènement annuel et la mort de Christ est immanquable, car Christ est mort l’après-midi du vendredi de Pâques (14 Nisan) et est par conséquent ressuscité le dimanche matin (le 16 Nisan), soit… le fameux jour de la fête des prémices.
Pourquoi cette connexion textuelle ?
Que veut dire l’apôtre en indiquant ce lien à ces lecteurs, dans le contexte de 1 Cor 15 ?
C’est très certainement la notion de priorité qui est en jeu. Le terme original, aparkè, est utilisé ailleurs avec cette idée, comme par exemple en Ro 8.23 où Paul parle de l’expérience initiale du Saint-Esprit. Plusieurs explications ont été proposées, toutes allant dans le sens de la priorité de la résurrection de Christ par rapport à celle des croyants. De même que les prémices annonçaient la moisson à venir, la résurrection de Christ annonce maintenant la résurrection future de ceux qui se confient en lui. Christ est donc les prémices de ceux qui sont mort : il est le premier à être ressuscité des morts, et suite à sa résurrection, les autres suivront.
Il est peut être possible, comme Holleman l’affirme (Resurrection and Parousia, 49), de distinguer deux logiques dans l’allusion : l’une temporelle, Christ précède le « reste » qui doit encore ressusciter, et l’autre représentative, Christ représente les croyants en attente de la résurrection. Cette proposition ingénieuse est difficilement démontrable, mais elle reflète plusieurs réalités théologiques que Paul affirme dans ses écrits.
Dans tous les cas, la résurrection du rédempteur annonce d’avance celle, à venir de ceux qu’il a racheté. Un encouragement puissant à nous souvenir de l’oeuvre de Christ avec confiance, et à attendre avec patience son avènement !