Comment Christ est-il présent dans l’Ancien Testament ?
J’écris ces quelques lignes alors que je suis en transit à l’aéroport de Los Angeles. Je reviens de la rencontre de l’Evangelical Theological Society, le plus grand rassemblement de théologiens évangéliques au monde, qui avait lieu à San Diego du 20 au 22 novembre 2019. Le thème de cette année : Christ dans toutes les Ecritures, soulevait une question herméneutique d’importance déclinée dans tous les « tracks » de la conférence (Histoire, NT, AT, Philosophie, etc.) : comment Christ est-il révélé dans les Ecritures, notamment dans l’Ancien Testament ?
Si tous s’accordent pour dire que l’Ancien Testament annonce d’avance le Christ pleinement dévoilé dans le Nouveau, il existe néanmoins des divergences sur les modes de révélations employés. La question s’est muée en controverse à la fin des années 2000 avec l’éviction de Peter Enns de la faculté presbytérienne Westminster Theological Seminary (ici, c’était davantage la doctrine de l’inerrance qui était en jeu) et, plus récemment, avec la retraite « forcée » de Doug Green de cette même institution.
En réalité, ce sont deux conceptions herméneutiques qui s’affrontent. La première suggère que l’Ancien Testament doit être analysé en « première lecture » comme s’il n’existait pas de Nouveau Testament. Ce n’est que lors d’une « deuxième lecture » que les données du Nouveau Testament, notamment la projection de la personne du Christ sur les textes de l’Ancien Testament, sont prises en compte. Les résultats de cette deuxième lecture sont ensuite généralement comparés aux données extra-bibliques (littérature du Second Temple, interprétations juives de l’Ancien Testament, etc.). On pourrait rapprocher cette approche de la méthode dite « historico-grammaticale » (même si cette catégorie est devenue, à mon sens, un véritable fourre-tout).
La deuxième approche considère le Christ comme la seule véritable clé de lecture des textes qui l’ont précédés. Selon celle-ci, toute tentative de lire l’Ancien Testament « pour lui-même » est une voie sans issue qui éloigne l’interprète du « vrai sens » christocentrique (ou christotelique) du texte. Cette lecture est souvent associée à l’approche rédemptive-historique qui prévaut dans les cercles réformés (y compris chez les réformés-baptistes confessionnels).
Jeudi 28 novembre 2019, dans #QueditlaBible, j’interrogerai Mandiby Ranaivoarisoa, actuellement candidat au doctorat en histoire de la théologique & patristique à SWBTS. Mandimby présentera une version modérée de l’approche christotelique qu’il estime être celle des Pères de l’Église (écoutez ce podcast ici). Pour ma part, j’aurai l’occasion de rendre compte lundi 9 décembre 2019 de l’excellente intervention de Richard Shultz (Wheaton College) durant ETS 2019. Schultz liste les limites de l’approche christotélique et suggère d’adopter une approche théocentrique qui tient compte de la révélation progressive de Christ dès les premières pages de l’Ancien Testament.
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