Guillaume Bourin répond aux conclusions de l’Action Biblique de France
Je m’adresse à vous aujourd’hui pour rectifier plusieurs informations erronées qu’Info Chrétienne a malheureusement relayé dans deux articles. Le premier, daté du 27 mars 2023, allègue que j’aurais été suspendu par mon mouvement d’Église en raison d’accusations de violences sexuelles, ce qui est faux. Le second, du 10 juillet 2023, reprend des éléments d’un communiqué publié quelques jours plus tôt, mais il va beaucoup plus loin que ce document qui contenait déjà de nombreuses exagérations.
Je suis conscient que les journalistes d’Info Chrétienne dépendent de leurs sources ; d’autre part la communication ambigüe de l’Action Biblique de France peut mener aux pires interprétations. Néanmoins, ces articles portent atteinte à ma réputation et nécessitent plusieurs clarifications de ma part. Par ce courrier, j’use donc de mon droit de réponse.
Rappel préalable
Mais avant d’aller plus loin, je veux rappeler que, dès 2020 et plus récemment dans une intervention publique (20 avril 2023, consultable ici), j’ai reconnu ma responsabilité dans des échanges numériques inappropriés. Je le regrette profondément. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière et j’assume aujourd’hui les conséquences de mes erreurs. Je tiens à renouveler mes demandes de pardon à toutes celles et ceux qui ont été blessés dans cette affaire.
En revanche, je conteste toujours avec la plus grande fermeté avoir commis le moindre abus, sexuel ou non. Je conteste également m’être servi de ma fonction pour participer à ces échanges : non seulement c’est faux, mais la majeure partie des faits se sont produits alors que je n’étais ni pasteur, ni même responsable d’Église. Ces péchés, quand ils ont réellement eu lieu, étaient pleinement consensuels : tous ceux qui y ont participé l’ont fait consciemment, volontairement, et sont donc pleinement impliqués dans les fautes commises.
Réponses aux allégations
Un revirement incompréhensible
Le rapport de l’Action Biblique de juillet 2023 repris par Info Chrétienne marque un revirement surprenant par rapport aux conclusions établies durant les trois années précédentes. Quelques semaines auparavant, l’Action Biblique affirmait encore que les éléments factuels m’innocentaient des accusations les plus graves et notait d’importantes contradictions chez les plaignantes. Plusieurs membres de la commission ont d’ailleurs préféré se retirer au moment de signer ce communiqué, et ceux qui l’ont finalement signé n’ont pas tous participé aux démarches d’enquête.
De nombreuses ambiguïtés
De plus, ces conclusions ambiguës suggèrent que j’aurais commis des actes gravissimes et pénalement répréhensibles. Certains lecteurs ont même compris que je serais actuellement en détention ! Face à ces rumeurs, il me faut être extrêmement clair : je n’ai jamais été auditionné par un service de police, encore moins par un magistrat, tout simplement parce que je n’ai fait l’objet d’aucune enquête pénale. Pour la justice, je ne suis même pas considéré comme un suspect.
Cette affaire n’avait aucune raison d’être traitée en public. Si elle s’est retrouvée dans les journaux, c’est parce qu’un groupe de pasteurs de l’Association Baptiste (AEEBLF) a fait courir le bruit que j’étais l’objet de plaintes pour agression. Cependant, une fois l’affaire médiatisée, des personnes informées m’ont alerté qu’il s’agissait de fausses rumeurs. Sur leurs indications, j’ai pu me rapprocher du commissariat où les plaintes avaient été déposées et j’ai eu la surprise de découvrir que leur motif était bien différent de ce qui était dit en public. Malgré mon insistance, les fonctionnaires de police n’ont jamais jugé bon de m’entendre et m’ont confirmé que ces plaintes, en l’état, n’auraient aucune suite.
Une enquête contestable
Au regard de l’ensemble de l’affaire, mon sentiment est de n’avoir jamais été entendu. Les nombreux éléments que j’ai produits ont été largement ignorés et les témoins que j’ai cités n’ont jamais été contactés. L’Action Biblique, qui fustigeait pourtant l’absence de confrontations, a refusé mes multiples demandes en ce sens.
Il est incompréhensible que le recours à un cabinet d’enquête indépendant ait été écarté, alors que tous les spécialistes affirment que c’est précisément ce qu’il faut faire en pareil cas. Le président de l’Action Biblique en rejette la responsabilité sur les instances évangéliques nationales, notamment le Réseau FEF et le CNEF, qui menaçaient de ne pas reconnaître les conclusions d’une enquête indépendante. Dans des échanges courriels qui m’ont été communiqués (27 mars 2023), le président et le directeur du CNEF affirment même qu’ils ne tiendraient pas compte d’une décision de justice si elle était en ma faveur ! Mon incompréhension est totale : le CNEF n’a-t-il pas diligenté une enquête externe dans le cadre de l’affaire Torrent de vie ? Sur quelle base peut-il la rejeter dans mon cas ?
Ce refus des instances nationales et de l’Action Biblique jette une ombre sur l’équité du processus et reflète la manière dont la présomption d’innocence est aujourd’hui globalement bafouée. Je souhaite de tout mon cœur que mon cas ne fasse pas jurisprudence dans les cercles évangéliques et qu’on en revienne aux principes de l’Évangile.
Conclusion
Je quitte la scène publique évangélique avec soulagement, reconnaissant la souveraineté divine dans cette affaire. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont continué à faire preuve de grâce envers moi en dépit de ces circonstances. Que Dieu continue d’apporter la guérison à chacun et qu’il restaure toutes celles et ceux qui ont été blessés d’une manière ou d’une autre par cette situation.
Guillaume