Voici un argument négligé pour lequel nous devrions croire ce que la Bible rapporte
Article de Michael J. Kruger publié sur son blog, Canon Fodder, le 20 janvier 2020. Traduction : Guillaume Bourin
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Lorsqu’il s’agit de décider ce qu’il faut croire au sujet de la Bible, qui doit-on écouter ?
C’est là une question assez fondamentale, et je suppose qu’il y a beaucoup de réponses possibles. Nous pourrions écouter nos amis – peut-être un colocataire ou un collègue de travail. Et puis il y a les membres de la famille, peut-être nos parents ou nos frères et sœurs. Ils auraient sûrement une opinion sur la question. Ou nous pourrions nous tourner vers nos dirigeants, un pasteur ou un professeur qui parait être un « expert ». Et puis il y a toujours Google, si l’on veut vraiment savoir ce qu’il faut penser !
Mais, aussi ironique que cela puisse paraître, au beau milieu de toutes ces options, il existe une personne que les chrétiens (et les non-chrétiens) négligent : Jésus. Bien sûr, les chrétiens ne négligent pas Jésus en général. Il est au centre de tout ce qu’ils pensent et de la manière dont ils agissent. Mais, curieusement, il est rarement le juge de paix lorsqu’ils décident ce qu’ils doivent penser au sujet de la Bible. Cependant, plusieurs éléments suggèrent qu’il devrait l’être.
Tout d’abord, et c’est le plus évident, l’opinion de Jésus sur la Bible (qui, à son époque, était l’Ancien Testament) est la plus importante parce qu’il en est l’auteur. Bien sûr, il ne l’a pas directement composée – nous n’avons aucune preuve que Jésus lui-même ait laissé la moindre trace écrite. Mais, en tant que Seigneur incarné, en tant que Dieu d’Israël, il est le divin auteur de l’Écriture. S’il est celui qu’il prétend être, alors il est celui qui a inspiré les auteurs de l’Ancien Testament. Lorsque vous entendez la voix des Écritures de l’Ancien Testament, vous entendez la voix du Seigneur – la voix du Christ.
Or, qui mieux que son auteur peut nous dire ce qu’il faut penser de l’Ancien Testament ?
À titre d’exemple, imaginez que quelqu’un nous demande ce que nous devons penser de La Joconde. Il y a beaucoup d’opinions divergentes, que ce soit de la part d’historiens de l’art ou de profanes, sur l’identité de cette femme mystérieuse. Non seulement de nombreux noms de femmes ont été suggérés, mais d’autres ont soutenu que le tableau pourrait même être un autoportrait déguisé de Léonard de Vinci ! Mais il y aurait une façon (peut-être la seule) de régler la question une fois pour toutes : si nous pouvions interroger de Vinci lui-même sur l’identité de Mona Lisa, son témoignage certainement définitif.
Bien sûr, l’on peut s’interroger : comment peut-on fonder nos opinions au sujet de la Bible sur le témoignage de Jésus, alors que ce témoignage lui-même vient de la Bible ? Ne serait-ce pas là un raisonnement circulaire ?
Dans un sens, il est circulaire. Mais il ne l’est pas de façon problématique. Lorsque nous faisons appel à des autorités ultimes, inévitablement notre raisonnement est affecté par un certain niveau de circularité. Après tout, si une autorité ultime n’est valable que parce qu’elle se conforme à une autorité moindre, alors elle ne serait plus ultime ! En d’autres termes, nous ne pouvons pas accepter l’existence d’une autorité ultime sans l’utiliser.
Mais il y a une autre raison pour laquelle cette « circularité » ne constitue pas vraiment un problème. Même si une personne ne croit pas que les Évangiles sont des documents d’inspiration divine, il existe de sérieuses raisons de penser qu’ils sont fiables d’un point de vue historique. Si tel est le cas, il y a donc un fondement historique quant au fait que Jésus croyait réellement ce qu’il affirmait de l’Ancien Testament. Et le faisceau de croyances de Jésus est donc très utile pour commencer à construire notre doctrine de l’Écriture.
Si donc nous avons raison de penser que Jésus est « l’auteur » de l’Ancien Testament, cela soulève un point supplémentaire, très critique, à savoir que l’intégrité de l’Ancien Testament et l’intégrité de Jésus sont liées inévitablement. Elles tiennent ou tombent ensemble. Si l’Ancien Testament est faux, alors Jésus est faux. Et si Jésus a tort, alors l’Ancien Testament a tort.
Nous en arrivons ici à un débat bouillonnant depuis quelques années dans les cercles évangéliques : les chrétiens ont-ils réellement besoin de l’Ancien Testament ? Doivent-ils l’utiliser ? Andy Stanley, célèbre pasteur d’une méga-church américaine, a notoirement soutenu que les chrétiens devraient se « détacher » de l’Ancien Testament (voir ma réponse ici en anglais). Après tout, si une personne n’a pas besoin de croire en l’Ancien Testament pour être sauvée, alors retirons-le.
Stanley a partiellement raison. Les gens n’ont pas besoin de croire en la Bible pour être sauvés (du moins pas en totalité). En effet, ils n’ont même pas besoin de savoir qu’une Bible existe pour cela (imaginez un missionnaire prêchant à une tribu dans la jungle reculée, par exemple). Mais il ne faut pas occulter cette distinction essentielle : bien que personne n’ait besoin de croire que la Bible est vraie pour être sauvé, la Bible doit dire vrai pour que cette personne soit sauvée.
Pourquoi ? Parce que Jésus dit que la Bible dit vrai. Et si elle ne dit pas a vérité, alors Jésus avait tort.
Pensez un instant à ce verset : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit à mon sujet. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles? » (Jn 5.46-47)
Bien sûr, Moïse et ses écrits peuvent apparaître comme un vieux grimoire poussiéreux qui n’est plus pertinent pour l’ère de grâce en Jésus. Mais, Jésus n’est pas d’accord avec une telle opinion. Ce que vous pensez de Moïse – et des cinq livres qu’il a écrits – déterminera ce que vous pensez de Jésus. Les deux vont de pair.
Alors, que croyait exactement Jésus à propos de l’Ancien Testament ? Et avait-il quelque chose à dire sur le Nouveau Testament à venir ? Nous répondrons à ces questions dans un prochain article. Restez connectés !
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