L’héritage judéo-chrétien d’Afrique sub-saharienne serait-il plus ancien qu’il n’y parait ?
Voici un extrait fort intéressant de l’ouvrage d’Irving Hexham, À la rencontre des religions du monde (2021, Publications Chrétiennes. À commander ici). Dans son chapitre sur le christianisme africain, Hexham souligne que le christianisme a atteint l’Afrique sub-saharienne probablement plus tôt qu’on ne le pense…
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La plupart des missionnaires qui ont œuvré en Afrique au dix-neuvième siècle vouaient un grand respect aux Africains. Ils soutenaient que ceux-ci ne profitaient pas des avancées technologiques des Européens à cause de leur isolement géographique et de l’incidence de la traite des esclaves par les Arabes. L’attitude posi- tive envers les Africains d’Alan Gardiner (1794-1851), le premier missionnaire auprès des Zoulous d’Afrique du Sud, est représen- tative de la perception que partagent la plupart des missionnaires.
Bien entendu, il y avait des contre-exemples. Robert Moffat (1795-1883), le beau-père de David Livingstone (1813-1873), s’est fait accuser d’avoir traité les Africains de gens sales et paresseux. Cette perception repose sur ses remarques au sujet d’un village du Botswana. Si on les replace dans le contexte de son journal, on peut voir toutefois que ces remarques négatives s’inscrivent dans le cadre d’éloges à l’égard d’autres villages, dont les habitants l’avaient mis en garde contre ceux de ce village en particulier.
Les missionnaires en Afrique durant le dix-neuvième siècle élevaient en général les Africains au-dessus de ce que les Victoriens appelaient « la plèbe ». Il s’agissait ici des habitants de petites villes anglaises sans instruction qui vivaient dans une misère abjecte, survivant au moyen d’un régime fait de gin et de pommes de terre. Du point de vue de la majorité des missionnaires, les Africains étaient plus intelligents et plus avancés sur le plan social que ces pauvres gens défavorisés.
Nombre de missionnaires en Afrique ont exprimé leur étonnement en découvrant ce qu’ils croyaient être des caractéristiques chrétiennes ou juives bien ancrées dans les sociétés africaines traditionnelles. Alan Gardiner était convaincu que les Zoulous étaient des Juifs qui avaient oublié leur héritage au fil du temps surtout parce que le climat de l’Afrique avait détruit leurs Écritures. Plus d’un siècle plus tard, après avoir passé de nombreuses années en Ouganda à enseigner à la Makerere University et à étudier la religion traditionnelle au Bouganda, Fred Welbourn (1912-1986) a exprimé son étonnement en voyant les prêtres traditionnels du Bouganda faire le signe de croix orthodoxe durant leurs cérémonies religieuses. Il a spéculé qu’ils avaient dû se faire influencer par le christianisme copte ; mais il n’a pu trouver aucune preuve de ce qui lui semblait être une coïncidence très étrange.
Les spécialistes du vingtième siècle ont rejeté ces liens possibles, y voyant des fantasmes de missionnaires et de fanatiques religieux qui ne reconnaissaient pas la vraie nature des sociétés africaines. On leur a refusé toute part à l’héritage chrétien ou juif jusqu’en 1996, lorsque des tests d’ADN ont appuyé les dires des Lemba du sud de l’Afrique, qui se disaient Juifs. Bien que certains érudits mettent encore en doute ce résultat, tous s’entendent pour dire que les Lemba sont « porteurs de gènes du Moyen-Orient ».
Jusqu’à ce que l’on obtienne des résultats génétiques pour l’entièreté de l’Afrique subsaharienne, il serait malavisé d’émettre des hypothèses. Quel que soit le cas sur le plan génétique, l’héritage chrétien de l’Afrique n’en reste pas moins ancien et riche.
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