Mais à quoi donc Abdias fait-il référence quand il parle du « jour de Juda » ?
Le livre d’Abdias consiste en un oracle de jugement principalement tourné vers Édom, bien qu’une importante section eschatologique le conclut (v. 15-21). Un » jour » de jugement va s’abattre du Édom à cause de son attitude au « jour » de Juda, une attitude horrible et meurtrière qui ponctue des siècles d’animosité entre les deux peuples, pourtant initialement frères (Édom n’est autre que la nation descendante d’Esau).
Mais à quel évènement se réfère ce « jour de Juda » ? (Ab 10-13) ? Difficile de le dire avec certitude. Manifestement, Yahvé reproche à Édom d’avoir effectué une purge sur les habitants de Juda à la suite suite de leur défaite devant une puissance tierce, qui n’est pas nommée. Puisque rien n’est dit de cette nation tierce, les reconstructions s’avèrent quelque peu spéculatives. Certaines propositions ne peuvent être retenues. Par exemple, Keil et Young défendent la thèse de l’attaque conjointe des Philistins et des Arabes en 850 av. J.C. (2 Chr 21.16) qu’ils font coincider avec la révolte d’Édom qui aurait eu lieu à la même période (2 R 8.20-22 ; 2 Chr 21.8-10). Cependant, il n’est pas évident que cette expédition soit allée jusqu’à Jérusalem, comme c’est le cas dans Abdias (cf. v. 11).
L’évènement biblique le plus probable est celui de la chute de Jérusalem en 587 av. J.C. Certes, les édomites ne sont pas mentionnés dans les rapports historiques qui sont consignés dans la Bible (rappelons que c’est la super-puissance babylonienne qui fait tomber Jérusalem et qui la détruit). Mais ils ont certainement été associés à ces événements, comme en témoignent certains textes ultérieurs, par exemple Ps. 137.7 ; Lam. 4.21. ; Ez. 25.12-14 ; 35.5, etc.
Il faut d’ailleurs noter que 1 Esdras 4.45 rapporte une tradition selon laquelle « les édomites brûlèrent le temple quand Juda fut dévastée par les Chaldéens ». Ces faits sont, bien sur, hautement improbables ; ils témoignent cependant de la perception de leur rôle dans la chute de Jérusalem par les traditions israélites ultérieures.