Dieu ferait-il des jeux de mots ? Le cas de Jérémie 1:11-12

Oui, la Bible contient indéniablement des jeux de mots, comme Jean-René Moret le rappelle dans un article récent publié sur notre blog. Il cite notamment l’exemple d’Ecclesiastes 7:5-6, presque incompréhensible si l’on ignore cette donnée :

Mieux vaut écouter les reproches d’un sage qu’être homme à écouter la chanson (shir) des gens stupides.
Comme les épines (sirim) qui crépitent sous la marmite (sir), tel est le rire des gens stupides.

Jean-René commente : “Dans notre traduction française, le choix des mots semble spécial, les épines qui crépitent sous la marmite, cela ne nous évoque pas grand chose. En regardant l’hébreu, on constate que le choix des mots est basé sur une assonance et une homonymie : le chant (shir) ressemble fortement au mot marmite (sir), lui même identique au mot chardon (sirim, qui est le pluriel de sir).”

 

Voici un autre exemple qui m’a longtemps posé problème avant que je ne prenne conscience qu’il s’agit d’un autre jeu de mot hébraïque, cette fois-ci l’oeuvre de Dieu lui-même !

Il s’agit de la vision de la branche d’amandier, et de l’explication immédiate donnée par Dieu en Jér 1:11-12 :

La parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots: Que vois-tu, Jérémie? Je répondis: Je vois une branche d’amandier. Et l’Eternel me dit : Tu as bien vu; car je veille sur ma parole, pour l’exécuter.

À première vue, aucune correspondance entre la branche d’amandier et le fait que Dieu veille sur sa Parole.  Mais quand on regarde à l’original, voici ce que l’on découvre :

La parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots: Que vois-tu, Jérémie? Je répondis: Je vois une branche d’amandier (shaqed)Et l’Eternel me dit : Tu as bien vu; car je veille (shoqed) sur ma parole, pour l’exécuter.

Le jeu entre les mots shaqed et shoqed explique en quoi l’amandier et le verbe ‘veiller’ sont connectés. Certains commentateurs notent en effet que l’amandier était parfois appelé “arbre du réveil” en raison de sa floraison arrivant tôt, au tout début du printemps, alors que la plupart des autres arbres étaient encore dormants.

Dès lors, chaque fois que Jérémie ou l’un de ses auditeurs voyait un amandier, il était invité à se rappeler que Dieu veille sur ce qu’il avait annoncé ultérieurement à son peuple. Et dans le contexte, il s’agit bel et bien d’un message de jugement (cf. la deuxième vision aux v. 13-16).

 

Allez, à votre tour ! Lisez les versets d’Amos 8:1-3 ci-dessous : comment comprendre cette vision ? (On vous aide un peu avec les mots en gras !)

Le Seigneur, l’Eternel, m’envoya cette vision.
Voici, c’était une corbeille de fruits.
Il dit: Que vois-tu, Amos?
Je répondis: Une corbeille de fruits.
Et l’Eternel me dit: La fin est venue pour mon peuple d’Israël;
Je ne lui pardonnerai plus.
En ce jour-là, les chants du palais seront des gémissements,
Dit le Seigneur, l’Eternel;
On jettera partout en silence une multitude de cadavres.

Répondez dans les commentaires ! 🙂

 

 

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Guillaume Bourin est co-fondateur du blog Le Bon Combat et directeur des formations #Transmettre. Docteur en théologie (Ph.D., University of Aberdeen, 2021), il est l'auteur du livre Je répandrai sur vous une eau pure : perspectives bibliques sur la régénération baptismale (2018, Éditions Impact Academia) et a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Guillaume est marié à Elodie et est l'heureux papa de Jules et de Maël