Journée des peuples sans accès à l’Évangile … il n’est jamais trop tard
Alors que la journée des peuples sans accès à l’Évangile a eu lieu dimanche dernier, LBC a interrogé Frédéric Mondin sur cet évènement et sur l’avancée de la mission dans le monde. Frédéric Mondin est missionnaire WEC France en charge de la mobilisation digitale – wecfrance.fr
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Frédéric Mondin (FM) : Connect MISSIONS, un rassemblement d’organisations missionnaires francophones, organise cette journée annuelle pour sensibiliser les Églises locales et les petits groupes à deux choses principalement. En premier lieu, les besoins en matière d’évangélisation mondiale restent considérables et nous devons fédérer nos ressources (spirituelles, humaines, logistiques et financières) pour obéir au mandat missionnaire de notre Seigneur. En second lieu, il n’y a rien de plus satisfaisant dans la vie d’un disciple que de participer à l’extension du royaume de Dieu, en particulier là où Christ n’est pas encore connu, c’est notre raison d’être (en plein accord avec la réponse à la première question du Catéchisme de Westminster).
Concrètement, chaque Église locale peut profiter d’un pack gratuit que Connect MISSIONS lui a concocté pour l’aider à sensibiliser son assemblée ou son petit groupe. Il est constitué de textes bibliques, d’un canevas de prédication (avec présentation), etc., et surtout de fiches sur des peuples dont l’Églises n’a probablement jamais entendu parler, mais que Dieu aime autant que nous. Des peuples dont la plupart n’ont jamais entendu dire que l’Oint Dieu s’est sacrifié pour les arracher de la puissance du péché et de la contrefaçon de royaume dont ils sont prisonniers. Ces fiches encourageront toute Église participante à donner, en la faveur d’un ou plusieurs peuples, un peu de son temps de prière… et plus, qui sait ?
Nous avons choisi la date symbolique de Pentecôte, mais vous pouvez télécharger le pack et organiser ce culte particulier le jour qui vous convient.
AL : On parle souvent de peuples non atteints, mais Connect MISSIONS se réfère à des peuples sans accès à l’Évangile : y a-t-il une différence entre ces deux concepts ?
FM : Ce sont les mêmes peuples et les mêmes personnes, mais chaque concept peut façonner une vision différente du monde non évangélisé, de ses habitants et de notre façon d’y participer.
L’expression “non atteint” traduit l’anglais unreached qui ne véhicule pas forcément les mêmes connotations. En français, on parle souvent d’être atteint par une maladie ou de chercher à atteindre ses objectifs. Avoue que sur le terrain, ce ne serait pas du plus bel effet d’annoncer sa volonté d’inoculer le virus du christianisme ou encore de réduire l’évangélisation mondiale à une stratégie marketing (sans la bannir toutefois, loin de là). Le verbe atteindre connote aussi le chasseur en quête d’un trophée, mais voilà, les peuples ne sont pas des proies que le chrétien vise, mais des personnes que Dieu aime.
Si le missionnaire tend à privilégier le vocable “sans accès” dans sa pratique, le missiologue emploie encore l’expression “non atteint” dans sa réflexion (quoique unreached tende à se raréfier dans la littérature anglophone).
AL : Mais alors, qu’est-ce qu’un peuple sans accès à l’Évangile selon toi ? De quel accès parlons-nous ?
FM : Bonne question, Alex ! On croit souvent qu’il suffit d’avoir “accès” au message écrit (la Bible) ou proclamé (le missionnaire). Nous ne parlons pas de cet accès-là. Pas seulement, en tout cas.
En premier lieu, un peuple doit avoir accès non seulement aux Écritures – et dans sa langue maternelle –, mais il doit aussi avoir accès au témoignage vivant de l’Évangile (Mt 24.14). Autrement dit, il doit voir à quoi cela ressemble d’aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même (voir És 29.13 ; 1 Co 2.4 ; Jc 1.22s ; 1 Pi 3.1 ; 1 Jn 3.18 ; etc.).
En second lieu, il ne suffit pas, non plus, qu’ils voient l’Évangile de la part de chrétiens étrangers. Ils doivent voir ce qu’est une communauté du royaume parmi les leurs. Bref, il doit y avoir “un nombre suffisant” (Ac 14.21) de disciples de Christ capables d’adorer Dieu, d’aimer leur prochain et de transformer leur culture dans la maîtrise naturelle des codes culturels de leur peuple (Mc 5.19). C’est alors que chaque ethnie donnera à Dieu ce qu’elle a de mieux dans sa culture sanctifiée (Ap 21.26).
AL : Comment l’Église peut-elle s’impliquer de manière concrète ?
FM : Envoyez vos meilleurs éléments ! 🙂 Envoyez votre argent ! Envoyez vos prières aux frontières du royaume, là où le combat spirituel fait rage. Quelle que soit la façon d’aller, allez-y ! L’Église locale est le nerf de la guerre mondiale. Elle est au cœur de l’action missionnaire de Dieu. Les organisations missionnaires, au fond, ce sont des membres d’Églises locales détachés au service d’autres Églises locales, pour les aider à participer à la partie transculturelle du mandat que le Seigneur leur a fixé.
Un seul mot d’ordre, les amis : allez sur le site www.peuples-sans-acces.com et réservez le pack gratuit !
AL : Certaines Églises sont déjà tellement prises par les enjeux locaux, comment pourrait-elle trouver l’énergie de s’engager au loin ?
FM : De nos jours, certaines voix instaurent, souvent malgré elles, une concurrence dans les enjeux missionnaires, en privilégiant l’évangélisation locale à la mission « au loin ». Mais je vous promets qu’en obéissant à l’appel de Jésus pour que l’Évangile « saute » par-dessus toutes les cultures, l’Église peut renforcer (ou retrouver) une dynamique interne. Pour paraphraser Marc 8:35 : « L’Église qui veut sauver sa vie interne la perdra, mais celle qui la perdra à cause de l’évangélisation des sans-accès et de la passion de Jésus pour la gloire mondiale de Dieu la sauvera ».
AL : Merci !