Connaissez-vous Ratramne de Corbie ou Gottschalk d’Orbais ?

 

Cet article est extrait du livre du livre ABC de l’histoire de l’Eglise, de S. Ferguson, J. Beeke, et Michael G. Haykin, édité par  Publications Chrétiennes. Les figures de Ratramne et de Gootschalk seront abordées lors de la formation #Transmettre du 23 janvier 2021 (inscriptions ici)

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Une des plus grandes sources de tension au IXème siècle tenait à une clause du symbole de Nicée. Son inclusion dans le texte du symbole devait mener à une division majeure entre l’Église occidentale et l’Église orientale.

D’un côté, le conflit était de nature théologique, ayant trait à la relation du Saint-Esprit avec le Père et le Fils. D’un autre côté, il s’agissait d’une lutte de pouvoir entre les deux chefs principaux de l’Église visible mondiale : le pape Nicolas (évêque de Rome) doté d’un sens de l’organisation excep- tionnel, et le théologien et prédicateur Photius, patriarche de Constantinople. Cette controverse au sujet du symbole de Nicée a constitué l’une des grandes batailles dans la longue guerre menée par le pape pour établir sa suprématie sur toute la chrétienté.

Au cœur des hostilités, le pape Nicolas a fait appel à ce que les érudits appellent les Fausses décrétales. Ces écrits, attribués à Isidore de Séville, reconnaissaient à l’évêque de Rome l’autorité suprême sur l’Église œcuménique (c’est-à-dire l’Église à travers le monde). Toutefois, Isidore de Séville n’en était certainement pas l’auteur ; ces écrits ont été forgés de toutes pièces par une personne inconnue, et ce, beaucoup plus tard. Le patriarche Photius ainsi que tous les autres patriarches et évêques de l’Orient se sont opposés aux allégations de Rome.

Malgré ce conflit, certains hommes au sein de l’Église se démarquaient par leur zèle pour faire avancer le royaume de Christ. Ainsi, Cyrille et son frère Méthode ont quitté Salonique au milieu du ixe siècle pour aller annoncer l’Évangile dans la région qui deviendrait plus tard la Russie. Ces deux frères sont connus aujourd’hui comme les « apôtres des Slaves ». Ils ont d’abord conçu l’alphabet cyrillique afin de traduire en slavon les Écritures et la liturgie, outils essentiels pour annoncer Christ aux nations slaves de l’Europe de l’Est, et ont pu évangéliser toute la région entourant la mer Noire. Grâce à leur travail, on trouve encore aujourd’hui des églises chrétiennes à plusieurs de ces endroits.

 

 

Il convient également de mentionner Ratramne de Corbie, un moine et théologien d’envergure du IXème siècle qui, par ses écrits, s’est opposé à la doctrine de la transsubstantiation adoptée par le moine Paschase Radbert. Cette doctrine soutient que, lors du repas du Seigneur, le pain et le vin deviennent, par la consécration, la vraie chair et le vrai sang de Christ. Ratramne a également défendu la prédestination, quoique son zèle à cet égard n’égalait pas celui de Gottschalk.

Ce dernier, originaire de Saxe, a été offert par ses parents à un monastère pour le service de Dieu. Plus tard, il s’est découvert une fascination pour la pensée d’Augustin, qui insistait sur le fait que nous sommes, comme l’affirme Paul dans Éphésiens 2, « morts par nos offenses et par nos péchés », et non simplement malades sur le plan spirituel. Gottschalk a commencé à réfléchir sur la grâce de Dieu dans l’élection de certains pour le salut. Il a aussi remarqué que de nombreux dirigeants de l’Église prêchaient un salut qui s’obtient par de bonnes œuvres. Gottschalk soutenait que le salut, que nous recevons par la foi, est plutôt un don de Dieu, qui a choisi ceux à qui il le donnerait avant même leur naissance. Comme Augustin avant lui, il rejetait l’idée qu’un individu puisse, de quelque façon que ce soit, être considéré juste devant Dieu par ses propres efforts. La foi et les œuvres sont le résultat, et non la cause, du salut reçu.

Gottschalk prêchait effectivement le salut par la grâce seule. Toutefois, il présentait ses arguments de manière parfois inconsidérée. Il adhérait fermement à la double prédestination ; doctrine selon laquelle Dieu destine certains à la vie éternelle et les autres à la punition éternelle. À cause de sa prédication enflammée, on a fini par le déclarer hérétique. Son ministère lui a été retiré et il a été emprisonné pendant vingt ans. Il a toutefois contesté sa condamnation et exigé de subir l’ordalie afin de définir s’il était hérétique ou non. Il avait la certitude d’être innocenté en tant que prédicateur de la vérité biblique.

Gottschalk aurait dû faire preuve de plus de modération, néanmoins il avait vu juste : penser que nous contribuons de quelque manière que ce soit à l’obtention du salut revient à se détourner de la doctrine du salut par la grâce enseignée dans le Nouveau Testament. L’Église devrait honorer la mémoire de Gottschalk malgré ses imperfections. Puissions-nous continuer à en apprendre davantage au sujet de missionnaires comme Cyrille et Méthode. Rappelons-nous également que la quête de pouvoir et de gloire finit toujours par miner le témoignage de l’Église et faire obstacle à sa mission.

 

 

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