Jean Calvin : « La faculté d’avoir une pure et claire connaissance de Dieu nous fait défaut »
Peut-on réellement rencontrer Dieu au moyen de la « révélation générale », par exemple au travers de l’oeuvre de Dieu telle qu’elle se voit dans la création (cf. Romains 1) ? La tradition réformée répond non ; il faut quelque chose de plus, une révélation spéciale de Dieu lui-même, par sa Parole.
Voici un extrait de l’Institution Chrétienne (I.V.14) dans lequel Calvin traite de cette question :
« La faculté d’avoir une pure et claire connaissance de Dieu nous fait défaut par nature et cette lenteur est un de nos vices. Toute hésitation n’est cependant pas acceptable, car nous ne pouvons pas vraiment invoquer l’ignorance sans que notre conscience nous reproche d’être paresseux et ingrats.
L’homme n’a pas de défense recevable. Il est doué de bon sens et il ne peut pas prétendre qu’il n’a pas d’oreilles pour entendre la vérité que les créatures muettes disent d’une voix haute et claire. Il ne peut pas prétendre non plus qu’il n’a pas pu voir de ses yeux ce que les créatures dépourvues de vision lui ont montré, ou que son esprit est faible alors que les créatures qui n’ont ni sens ni raison lui servent de professeur.
Puisque nous sommes errants et vagabonds, nous sommes sans excuse, car toutes choses nous indiquent le droit chemin. Les hommes sont responsables de corrompre immédiatement la semence que Dieu, par l’art admirable de la nature, a plantée dans leurs cœurs pour se faire connaître; cette plante n’arrive jamais à maturité.
Néanmoins, ce que nous avons dit est toujours vrai : le simple et unique témoignage que les créatures rendent à la gloire de Dieu, même s’il est magnifique, est insuffisant pour nous instruire. En effet, aussitôt qu’en contemplant le monde nous avons perçu, bien faiblement et de façon superficielle, la présence d’une divinité, nous abandonnons le vrai Dieu. À sa place, nous dressons nos songes et nos fantômes. Nous dérobons à la source de toute sagesse, justice, bonté et force, la louange qui lui est due pour la disperser çà et là. Quant aux œuvres de Dieu, ou bien nous les minimisons, ou bien nous les détruisons par nos jugements pervers, de telle sorte qu’elles ne sont point prisées comme elles le méritent, et leur auteur est privé de la louange qui lui est due. »